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Non au parti politique

Louis Even le vendredi, 23 janvier 1970. Dans Economie

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Mes bien chers amis,

Louis EvenLe politicien bouffon Réal Caouette va lancer son parti appelé "Ralliement créditiste" dans les prochaines élections provinciales du Québec pour la première fois. C’est contraire à tout ce qu’il déclarait depuis la fondation de son parti; " Ce serait user ses forces inutilement, " disait-il. " car c’est à Ottawa seulement que le Crédit Social pourrait être instaurer légalement. "

Si Caouette change, ce n’est pas par principes mais par calculs de politiciens qu’il le fait. Les principes eux, ne tracasse guère ou point du tout Réal Caouette.

Son Ralliement créditiste vient de sortir tout un programme d’administration de la province pour le jour x, y où il accédera au pouvoir. Promesses de telles et telles choses dans l’agriculture, dans les forêts, les pêcheries, les mines, l’industrie, le commerce intérieur et extérieur, la voirie, l’enseignement, etc.etc.

Il présente tout cela comme une application du Crédit Social alors que le Crédit Social n’est pas du tout un système d’administration. Alors qu’une économie bénéficiant de l’adoption des données financières du maître-génie Douglas se passerait des quatre cinquième des administrations et interventions gouvernementales dans les corps tant publiques que privés, alors que les plans de ci et de ça sont du socialisme d’état, le contraire exact du Crédit Social.

Le Crédit Social ne peut pas servir d’étiquette à un parti politique sans prostituer le sens des mots. Crédit Social et parti sont deux termes contradictoires; le premier implique une association comprenant tous les membres de la société; le second implique une division, un groupe entrant en lutte contre un autre ou plusieurs autres groupes se disputant le pouvoir. Le parti veut être en possession du pouvoir pour gouverner le pays. Le Crédit Social veut distribuer le pouvoir à chaque individu. Un pouvoir qui le libérera de plus en plus des interventions du gouvernement.

Une vérité comme le Crédit Social ne peut pas non plus être soumise aux critères d’une majorité de votes. Mais est-ce qu’un parti politique nouveau ne pourrait pas mieux inaugurer un système financier de Crédit Social que les vieux partis ? Vieux, moins vieux ou flambants neufs la réponse c’est non. C’est humainement je souligne le mot, c’est humainement impossible. Le monstre financier, le super pouvoir des contrôleurs mondiaux de l’argent et du crédit est plus fort que tous les gouvernements du monde. Il les domine tous. Cette subordination des gouvernements aux seigneurs de la finance n’est pas un secret. Il y a plus d’un siècle déjà, en 1844, Disraeli, qui fut plusieurs fois ministre des finances et même Premier Ministre de la puissante Angleterre d’alors s’en est plaint publiquement sans pour cela pouvoir s’en défaire. D’autres chefs d’État aussi.

Il suffit d’ailleurs de constater les situations qui se succèdent de notre temps : crises d’argent de dix années, finances à déborder de six années de guerre, restrictions cycliques du crédit, dettes publiques perpétuelles et croissantes, décrets concertés de mesures d’austérités alors que rien n’a diminué dans la capacité de production des pays concernés. Ces faits qui crèvent les yeux démontrent à l’évidence que des contrôleurs de l’argent et du crédit tiennent nos vies entre leurs mains- selon la parole de Pie XI. Que par les banques à leur service ils dirigent les décisions des gouvernements et tiennent dans le creux de leurs mains les destinées des peuples, comme l’a bien exprimé Mckenna, ministre anglais des finances puis président de la plus grosse banque commerciale dans l’Angleterre. Il savait donc ce qu’il disait.

Les gouvernements, réduits à l’état de valets de ces super puissances sont incapables de se défaire de ce vasselage même s’ils en avaient le désir. Pas plus capables que des pays aspirant à la liberté comme la Hongrie, la Tchécoslovaquie et d’autres ne peuvent se libérer d’une dictature soviétique intransigeante et de beaucoup supérieurement armée pour écraser en quelques heures toute essai d’affranchissement. Devant des forces supérieures que peux-t-on faire ?

Est-ce à dire que tout espoir soit vain et inutile tout effort apporté à promouvoir la cause créditiste ? Oh non! Pas du tout. Mais cela veut dire qu’il ne faut pas compter sur des gouvernements, sur des changements de partis au pouvoir pour venir à bout d’une puissance supérieure à tous les gouvernements du monde. C’est gaspiller ses énergies en pure perte, c’est vouloir abattre une forteresse avec des boules de coton.

Oh il advint bien un jour qu’un jeune homme, simple berger, sans entraînement militaire, sans autre armure qu’un bâton, une fronde et cinq pierres dans sa gibetière affronta et abattit d’une seule pierre un colosse mesurant 9 pieds, homme de guerre depuis sa jeunesse, bardé des reins de la tête aux pieds, sa tunique d’airain atteignant aux chevilles et pesant 150 livres, armé d’un javelot et d’une lance terminée par une pointe de fer pesant 18 livres, mais c’est une toute une autre force quecelle de la fronde de David qui lui donna la victoire contre le géant Goliath. David n’était pas encore roi et il fallait qu’il affronte Goliath mais il avait déjà reçu l’onction du Seigneur.

Remarquez bien, la consécration du Seigneur, pas l’onction d’un parti ou d’un ralliement politique quelconque ni l’onction d’un appétit d’argent ou d’honneur. Non! Il était le consacré du Seigneur. David avait mis toute sa confiance en Dieu sachant bien que de la force de Son bras Dieu disperse les superbes.

Toute une leçon nous est donnée là; les créditistes de Vers Demain se font souvent rappeler cela et tâchent d’en tenir compte : Seule une puissance céleste peut triompher des plus puissantes forces terrestres. Le Ciel veut quand même que nous fassions notre part de notre mieux mais sans nous fier uniquement à notre action. Le jeune David ne dit pas : Je ne ferai rien, à quoi bon en face d’une force qui se rie de ma faiblesse ? Non, il fit sa petite part, il prit les armes à sa portée : bâton, fronde, pierres, sans doute ridiculisé et traité de fou et Dieu fit le reste, la grosse part.

Le créditiste de Vers Demain ne s’arrête ni devant sa propre faiblesse en face d’une force ennemie humainement invincible ni devant des années qui se succèdent sans succès apparents, ni devant des moqueries, des critiques ou des trahisons. Il sait que chaque pas fait pour une cause juste, chaque témoignage rendu à une vérité, chaque rayon d’espoir communiqué à des abattus, chaque élévation d’âmes ou chaque conversion suscitée par son exemple et par le message qu’il porte est un gain. Et seuls les anges savent ce que ce message, ces prières et ces exemples ont fait de bien. L’apôtre, s’il s’en rend compte s’en réjouit mais il en rend grâce au Seigneur. S’il l’ignore, s’il ne voit pas pousser le grain semé, il continue quand même de semer, de labourer, de peiner dans la joie intérieure du désintéressement personnel, de l’unique recherche de la gloire de Dieu et du bien pour ses frères.

Quant au Crédit Social, l’apôtre le propage par le journal Vers Demain qui en est le véhicule. Il est convaincu en effet qu’un organisme économique l’adoptant favoriserait la justice distributive pour le bien de toutes les personnes, de toutes les familles. Mais sans diminuer ses propres efforts, il compte surtout sur Dieu, comme David, son Rosaire quotidien, son Heure hebdomadaire d’adoration du Saint Sacrement, mentionne toujours dans les grandes intentions pour l’avènement d’une cité chrétienne et créditiste, chrétienne d’abord parce que sans cela elle ne peut être créditiste. De ce côté l’aspect actuel du monde n’est certainement pas propice à l’avènement d’une économie si conforme à l’esprit du christianisme. L’heure de la conversion devra précéder l’heure du Crédit Social tel que nous le concevons.

Cependant, si la dictature financière n’a encore rien perdu de son pouvoir de contrôle, le créditiste constate tout de même bien que la revendication constante du droit de tout homme à des moyens de vivre a gagné les esprits à tel point que, même dans le contexte du présent système financier les législateurs doivent en tenir compte et les contrôleurs de la finance consentent en partie pour une certaine sécurité sociale ce qu’ils ont consenti sur une grande échelle pour la guerre. Comme pour la guerre d’ailleurs, ils le font sans perdre rien de leur suprématie. La sécurité sociale comme la guerre est financée à coup d’augmentations de dettes et de taxes mais au moins c’est un soulagement pour les nécessiteux.

C’est un peu la philosophie sous-jacente au Crédit Social qui fait son chemin sans avoir encore la technique efficace et libératrice de Douglas à son service.

Douglas n’avait pas tardé à constater la réaction du monopole bancaire contre ses propositions si logiques, si géniales et si chargées d’efficacité et à mesure que la conspiration du silence ne pouvait plus tenir, le monopole fortifiait ses propres positions, utilisant les moyens puissants dont il dispose pour liguer contre l’idée créditiste les politiciens de carrière, les professeurs d’économie politique, les aviseurs financiers des gouvernements, les unions ouvrières, des clercs de tout niveau, les journaux influents et autres fabricants d’opinions publiques.

Il voyait clair; dès 1924, il déclarait que rien n’étant changé dans la dictature financière qui tient entre ses mains les destinées des peuples, une deuxième guerre mondiale allait éclater avant l’année 1940. Ce qui arriva. Dans les années qui suivirent cette deuxième guerre, Douglas ne comptait guère ou point du tout sur quelque action gouvernementale pour opérer la réforme nécessaire dans le système financier. Il prévoyait plutôt que le système finirait par devenir insoutenable et s’effondrerait de lui-même.

Que vienne cet écroulement du système sous le poids de ses propres énormités ou qu’adviennent des évènements maintes fois prédits par des hommes privilégiés et dont on ne peut guère douter à la vue de la décadence des mœurs, de l’apostasie, de la paganisation de peuples qui furent chrétiens et les mieux nantis de biens matériels, dans l’un ou l’autre cas, les vivants ou survivants d’alors ne seront pas sans lumières pour se donner un organisme économique et social digne du nom.

Nous venons d’entendre monsieur Louis Even le fondateur et directeur général du journal Vers Demain.

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