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Charles De Gaule

Gilberte Côté-Mercier le vendredi, 25 août 1967. Dans Conspiration

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Mes bien chers amis,

Gilberte Côté-Mercierla révolution gronde au Québec. On s’en rend compte de plus en plus. Des yeux, encore fermés sur ce point, se sont ouvert brusquement le soir du 24 juillet dernier quand le président de la France, à Montréal, devant la foule et la télévision a lancé le cri : Vive le Québec libre ! Depuis ce soir historique, dans les milieux d’affaires on a peur de la révolution au Québec. On s’organise en conséquence, les valeurs de bourse sont en baisse, des entreprises préparent leur déménagement, les capitaux étrangers se retirent prudemment. L’Expo qui avait déjà porté un dur coup à notre économie québécoise, particulièrement dans Montréal et les environs, aura achevé de nous ruiner en se servant de ce grand visiteur que des journaux de Paris ont appelé le roi du Québec, insolemment.

Mais ce n’est pas de Gaule, mes amis, qui a déclaré la révolution chez-nous ; son cri était un cri de guerre, sans doute. Mais la guerre était en marche depuis longtemps au Québec. La guerre contre les familles, la guerre contre nos institutions centenaires, la guerre contre Dieu même et Son église. Le Québec est en pleine révolution. On l’appelle la révolution tranquille laissant croire à un progrès et à un changement uniquement culturel et législatif. Tant que les changements sont limités aux domaines de l’esprit et de la religion les hommes d’affaires ne sont pas effarouchés. Ils continuent avec sérénité leur petit commerce. La culture, la civilisation ne les tracassent pas particulièrement. Seul l’argent compte pour eux mais quand la révolution devient violente, qu’elle menace de casser des gueules et des fortunes, les hommes d’affaires songent à plier bagages et à chercher leurs bénéfices sous d’autres cieux plus cléments.

Nous ne blâmons pas les hommes d’affaires de leur sens pratique mais plutôt de leur égoïsme qui les a empêché de voir la révolution dans les mœurs et qui leur a fermé le cœur sur leur responsabilité sociale envers le Québec. Depuis que nos familles, nos hôpitaux, nos écoles, nos maisons religieuses, notre église du Québec sont attaqués, les hommes d’affaires auraient dû bouger pour défendre la Patrie mais cela ne les regarde pas semble-t-il.

Au mois de juin dernier, quand le parlement de Québec a voté la déconfessionnalisation de notre système scolaire vieux de deux siècles et qui avaient coûté tant de sacrifices et de combats à nos ancêtres, les hommes d’affaires n’ont pas fait leurs valises. Pourtant la révolution dans nos écoles et dans nos lois est bien plus grave que la révolution de la rue, même si cette dernière est parrainée par un général Président de la République.

Depuis 1960, surtout depuis le bill 60 de 1964, et ce sera pire avec le bill 21, nos enfants sont en voie de devenir des révolutionnaires, c’est cela qui est alarmant et c’est cela qui appellerait au combat toutes les forces de la nation pour écraser la révolution au Québec. Il ne faut partir messieurs les hommes d’affaires ; il faut rester et vous battre, vous battre contre les révolutionnaires pour sauver vos enfants et vous battre pour sauver leur héritage culturel comme leur héritage matériel.

Quand les parents se plaignent qu’ils ne viennent plus à bout de leurs enfants, on leur répond : prenez vos responsabilités, parents. Ne savez-vous pas élever vos enfants ? Sans doute les parents doivent-ils prendre leurs responsabilités mais je trouve injuste qu’on les accable de tous les péchés et de tous les fardeaux. Les parents ne sont pas capables de tout faire : mettre des enfants au monde, leur donner à manger, les soigner, les loger, payer des taxes pour faire vivre les municipalités, les gouvernements, les hôpitaux et les écoles, subventionner par leurs aumônes toutes les institutions de charité, surveiller l’enseignement, suivre la législation scolaire, étudier la catéchèse, assister aux assemblées de parents, préparer des dossiers sur la maladie de leurs enfants, répondre aux contrôleurs des absences et aux présidents de la commission scolaire, aller voir les professeurs pour avoir des explications, surveiller leurs adolescents quand les cours, les loisirs et les danses collectives les sortent de la maison familiale, réparer les méfaits de l’école mixte, de l’autobus scolaire, engraisser les chefs de syndicats voraces et révolutionnaires, etc. etc..

À l’école, on détruit tant qu’on peut l’autorité des parents, on soustrait tant qu’on peut les enfants à la vue de leur parent ; après l’école ce sont les danses, les jeux qui s’emparent des enfants, tout cela organisé par des planificateurs d’éducation ou de loisirs. Le gouvernement s’en mêle avec la scolarité obligatoire, les régionales obligatoires, les cités de jeunes obligatoires, les autobus obligatoires, la mixité obligatoire, la culture physique obligatoire, les douches obligatoires dans des écoles mixtes, les syndicats obligatoires pour les professeurs et même pour les élèves, rien que la religion et la morale qui ne sont plus obligatoires.

On a tout ce qu’il faut pour faire des sauvages et des révolutionnaires et on en fait. Et c’est l’État et l’école qui sont les coupables. Et ce sont les parents qu’on accuse quand les jeunes révolutionnaires saccagent des maisons l’arme au poing, quand ils violent des filles et quand ils affrontent les policiers et se disposent à les assassiner. Dans une école, près de Montréal, les adolescents ont menacé de faire la grève si les policiers qui voulaient les mettre à l’ordre n’étaient pas démis de leur fonction. Et bien ce sont les enfants qui ont gagné et les policiers furent remerciés de leur service. Sans doute qu’on accusera encore les parents de cette anarchie.

Non vraiment, ce n’est pas le général de Gaule qui est responsable de la révolution au Québec. C’est le gouvernement Jean Lesage qui a institué la révolution tranquille pour saper nos institutions séculaires. C’est le gouvernement Daniel Johnson le responsable de la révolution, lui qui a trahi les électeurs et les parents en accentuant par le bill 21 la politique néfaste du bill 60. Qui sont les responsables, ce sont les professeurs sans foi ni morale qui infestent nos écoles. Ce sont nos enseignants à plat ventre, plus avides de piastres que d’éducation, ce sont nos autorités ecclésiastiques qui ont capitulé devant la franc-maçonnerie, ce sont nos prêtres, religieux et religieuses, plus friands de télévision et d’Expo que de prières devant le Saint Sacrement, ce sont les hommes d’argent qui sont prêts à vendre leurs enfants au diable pour garder leurs millions.

Nous sommes tous coupables de la révolution qui est en marche dans le Québec.. Et cette révolution culturelle, religieuse, très grave, aura ses heures de sang peut-être. La révolution se paie, mes amis, avec tous nos biens, valeurs spirituelles et temporelles. Tout y passe messieurs et personne n’est épargné. Même pas les chefs des révolutionnaires.

Le cri du général de Gaule Vive le Québec libre ! a résonné comme une bombe dans notre ciel. Sans doute le général se mêlait de ce qui ne le regardait pas et de cela il ne doit pas être félicité. Mais si le général nous a réveillé de notre sommeil nous le remercierons, même de son impertinence, il nous aura rendu grand service.

Mais qu’est-ce donc que nous devons faire pour éviter les malheurs de la révolution ? Il faut d’abord voir la révolution où elle est et puis il faut la combattre où elle est aussi. Premièrement, qu’est-ce que la révolution ; quelqu’un a dit que la révolution c’était la guerre à la Révélation du Christ. On ne peut mieux dire. Avec ce critère vous dépisterez la révolution partout où elle se niche.

Quand le premier ministre du Québec Daniel Johnson va à Paris pour conclure une entente culturelle qui nous amènera au Québec en septembre prochain deux à quatre cents professeurs athées, athées ! pour nos écoles ! cette démarche de Johnson est une guerre à la Révélation. C’est de la révolution. Quand ce même Johnson fait voter par ses députés de l’union nationale le bill 21 qui chasse la religion de nos écoles devenant officiellement des écoles neutres, c’est la guerre au Christ, la guerre à la Révélation. C’est la révolution. Quand on établit des écoles mixtes pour adolescents, qu’on met ainsi en danger la pureté de nos jeunes, c’est la guerre à la morale catholique, la guerre à la Révélation. C’est la révolution. Quand la culture physique avec costumes indécents devient programme de nos écoles, et obligatoire ! c’est la guerre à la pudeur chrétienne, c’est le chemin ouvert à l’impudicité, c’est le sacrifice de nos jeunes sur l’autel de la corruption, c’est la guerre à la Révélation, c’est la révolution.

Dans les écoles mixtes, ces alcôves pour la douche qui aux dires des gardiens qui le savent, ces alcôves qui ne sont souvent que des bordels où nos jeunes vont se souiller à jamais après les séances de gymnastique. Je dis que dans ces écoles ont fait la guerre à la civilisation, à la Révélation chrétienne, c’est la révolution. Ne soyez pas surpris que vos enfants sortent des écoles d’État échevelés, écervelés, drogués et même armés. Ils sont capables de voler leurs parents, d’assassiner des policiers, de monter des grèves, de trahir leurs pères et mères, capables de casser des vitres, de pénétrer dans des salles publiques pour y faire danser des gens qu’ils ont déshabillés. Ne soyez pas surpris ; c’est la révolution qui a pris naissance dans la guerre à la Révélation.

Mais quoi faire contre ça ? Nous sommes débordés ; la police elle-même n’y peut rien. Et nous donc ? Bien sûr que la police n’y peut rien, on ne remplace pas la morale par la police ; c’est inefficace. Quoi faire ? Mais il faut s’accrocher à la Révélation, mes amis, de toutes les forces de son âme, de son esprit et des ses membres. Nous n’éviterons pas les grands malheurs de la révolution si nous ne reprenons pas le chemin de Dieu. Allons à Dieu. Retournons au Christ, à la Révélation. D’abord prions, récitons notre chapelet chaque jour, en famille si possible. Essayons de gagner notre famille à réciter le chapelet ; la très sainte Vierge Marie nous protégera, elle veillera sur le Québec.

Dans la semaine qui a précédé la visite du général de Gaule au Québec, un religieux très distingué d’un autre pays est venu nous visiter à la Maison Saint-Michel et nous a dit, en autres, deux mots, qui la semaine suivante nous ont apparu comme deux prédictions ; il nous a dit : "c’est la France, malheureusement, qui fera la révolution au Québec. Mais nous croyons que la Divine Providence protégera le Québec contre la révolution, dit-il, à cause de la très grande charité de son peuple."

La semaine suivante, le 24 juillet, de Gaule lançait son cri de révolution. Au fond ce n’était rien à comparer à tout le travail que les franc-maçons de France ont fait pour laïciser le Québec, pour le déchristianiser, pour y réussir la révolution culturelle qui est la vraie révolution. Tous ces professeurs athées que la France nous envoie sur l’invitation de Jean Lesage puis de Daniel Johnson sont bien plus dangereux que les propos les plus osés d’un président de la République.

Il faut découvrir et combattre la révolution où elle est et elle est dans le refus de la Révélation chrétienne.

Le séparatisme n’est qu’une couverte pour les révolutionnaires qui sont des athées, des communistes. Les autonomistes sincères qui voudraient être débarrassés de la tutelle d’Ottawa ne doivent pas se laisser prendre par les soi-disant nationalistes d’aujourd’hui qui ne sont rien de moins que des internationalistes communistes par conséquent pas des nationalistes du tout. Les créditistes ne sont pas séparatistes. L’autonomie que les créditistes réclament c’est l’autonomie financière. Être libéré de la tutelle du système bancaire international. Nous demandons au gouvernement d’Ottawa d’accomplir cette libération et si Ottawa n’agit pas que nos gouvernements provinciaux qui ont le droit constitutionnel de se servir de leur crédit, pas besoin de changer la constitution. Que nos gouvernements provinciaux instituent leur propre maison de crédit provincial, aucune rupture politique avec Ottawa mais une finance autonome, un système financier indépendant pour les provinces si Ottawa ne se libère pas lui-même de la finance internationale. Voilà ce que demande les créditistes et les créditistes ne sont pas séparatistes. Il ne faut pas se séparer d’Ottawa ; il faut rester avec tout le Canada ; nous n’avons pas à renoncer à notre héritage qui est tout le Canada. Nous n’avons pas à donner aux autres, les autres provinces, nous devons rester chez-nous dans tout le Canada voyons. Ce serait ridicule, ce serait insensé.

Nous ne sommes pas séparatistes, nous voulons garder tous nos biens mais nous voulons devenir indépendants de la finance internationale.

Mes amis, vous trouverez d’autres explications dans le journal Vers Demain.

Gilberte Côté-Mercier

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