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Congrès de Trois-Rivières

Louis Even le dimanche, 01 septembre 1957. Dans Autres conférences et congrès

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Mme la Directrice, Mme la Présidente, mes bien chers créditistes,

Louis EvenSi nous voulons embarquer dans une année de réalisations, il faut embarquer dans une année de travail. Pour embarquer dans une année de travail avec ardeur, il ne faut pas perdre de vue l’importance de l’œuvre que nous poursuivons. Nous demandons constamment aux créditistes de faire des efforts, de faire du travail, de faire des sacrifices. Il faut qu’ils soient tous bien convaincus que le Crédit Social c’est une grande chose : on pourrait en parler pendant des journées, parler de différents aspects du Crédit Social.

Cet après-midi je vais surtout essayer de faire ressortir un point du Crédit Social en touchant légèrement les autres en passant.

Le Crédit Social c’est la réhabilitation des droits de la personne ; c’est restituer la personne dans ses droits ! Cela dit beaucoup ! Cela dit : il faut donner à chaque personne ce qui est son droit ; pas le donner à un groupe, pas à une nation, pas à une classe, pas à une union ouvrière (syndicat) ! Le donner à chaque personne ! Restituer chaque personne dans ses droits ! La personne, c’est beaucoup ! Parce que chaque personne, vous savez, a une destinée à accomplir ! Une destinée qui va jusqu’à l’éternité. Mais, pendant qu’elle est sur la terre, il faut qu’elle trouve un climat favorable à l’accomplissement de sa destinée et notre travail à nous, les créditistes, se situe justement dans ce domaine-là ! Établir un ordre qui favorise un climat, un ordre politique, économique, social, qui favorise l’épanouissement de la personne humaine et sa marche vers sa destinée propre.

Nous avons tous une destinée éternelle : nous sommes appelés à vivre de la vie divine, par grâce, dans le ciel, toute l’éternité, mais chacun de nous a une vocation, a un épanouissement à faire de sa propre personne. Il faut que le climat le permette ! C’est pour cela que, tantôt, nous nous occupons par conséquent du domaine temporel, mais, sans oublier que la personne qui va vivre dans ce domaine temporel est appelée à une destinée éternelle. C’est pour cela que nous ne pouvons pas être de l’école matérialiste, nous ne pouvons pas être de l’école communiste, nous ne pouvons pas être de l’école socialiste qui diminue la personne en faveur du groupe, en faveur de l’État !

Quels sont les droits de la personne ? Vous verrez, nous venons de faire éditer Le Syllabaire du Crédit Social ; ce n’est pas la première édition ! Dans Le Syllabaire du Crédit Social, page 46 et 47, nous reproduisons un extrait du discours radio-diffusé par Pie XII, le 1er juin 1941, le jour de la Pentecôte, où il trace, justement, les droits de la personne dans ce domaine-là : «Les biens que Dieu a créés l’ont été pour tous les hommes et doivent être à la disposition de tous, selon les principes de la justice et de la charité !» Quand on dit ‘tous’ cela n’excepte personne ! Et, s’il y a des gens qui ne veulent pas du Crédit Social, qui dit «à tous et à chacun», qu’ils nous donnent leur formule pour atteindre tout le monde !

Les partisans de l’embauchage intégral, en passant, qu’ils nous disent comment ce petit bébé-là va être embauché pour avoir ses droits ? Comment le vieillard va être embauché ? Comment la femme qui travaille dans la maison à élever ses enfants va être embauchée et faire un salaire ?

Vouloir régler le problème social rien que par les salaires, c’est faire une fausse route ! Le salaire ne peut pas donner des revenus à tout le monde. D’autant plus que le progrès moderne va justement diminuer le besoin de salariés ! Et l’autre jour, je lisais une phrase du docteur Monahan, qui est à la tête, aujourd’hui, du secrétariat du Crédit Social, deuxième successeur de Douglas, et il disait : «C’est le conflit entre le progrès et la recherche de l’embauchage intégral, c’est ce conflit-là qui est à la base de l’inflation, aujourd’hui !»

Dès qu’on fait un progrès, pour détacher du besoin de l’emploi, on cherche un autre emploi ! À faire des armes, à bâtir des usines, à extraire des minerais dont on n’a pas besoin afin de les occuper. Et tout cela ce n’est pas des choses pour les maisons, il faut qu’elles soient payées dans le prix que l’on paie pour les maisons ; c’est à la base de l’inflation. Au lieu de nous donner des loisirs pour nous occuper davantage de notre vie culturelle, et de la préparation de notre vie éternelle, on veut nous embaucher davantage, et vous entendez des gens qui se pensent catholiques, qui nous prêchent le catholicisme, et qui viennent nous dire : «Il faut que l’homme soit embauché tout le temps !» «Il faut qu’il travaille à la sueur de son front, sans cela il ne gagnera pas son pain !»

Je continue la citation du Pape ; elle est merveilleuse, vous savez : «Tout homme, en tant qu’être doué de raison» – c’est ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est la raison. Il ne dit même pas en tant que chrétien, il ne dit même pas en tant que catholique, il ne dit même pas en tant qu’appelé à la vie surnaturelle, il dit «en tant qu’être doué de raison» ; c’est de l’humanisme cela !

Tout homme, en tant qu’être humain, en tant qu’être doué de raison, pas en tant qu’embauché, en tant qu’être doué de raison ; en fait de sa nature même tient le droit fondamental d’user des biens matériels de la terre. Tout homme ! Tout homme qui a une âme a la raison, n’est-ce pas ? La raison c’est l’âme ; c’est ce qui nous distingue de l’animal. Tout homme a un droit fondamental aux biens de la terre, rien que parce qu’il est homme ; pas pour d’autres choses ! Parce qu’il est homme il a un droit fondamental aux biens de la terre.

Quel est mon droit à mon pain quotidien ? Mon premier droit c’est que je suis un homme, que je suis né !

Il ajoute, après ce qui n’est pas fait encore : «quoi qu’il soit laissé à la volonté humaine et aux formes juridiques des peuples» ; les formes juridiques ce sont les législations ; c’est laisser à la volonté humaine, à la communauté, c’est laisser aux législateurs, le soin de régler plus en détail la réalisation pratique de ce droit. Mais jamais il ne leur est laissé de nier ce droit, ni de l’empêcher de l’exercer.

Des législateurs qui ne reconnaissent pas le droit de chaque personne aux biens de la terre, qui mettent des entraves pour que chaque personne puisse les avoir, ces législateurs-là vont contre le droit fondamental de l’homme ; ils ne sont pas dignes de leur mission. Ce sont des usurpateurs ! Et je voudrais bien voir où est dans notre code de loi nationale, dans notre code de droit provincial, où est l’article de loi qui garantit à chaque être humain, dans notre pays, dans nos provinces catholiques, dans les provinces voisines, où est l’article de loi qui garantit à chaque personne qu’elle pourra exercer son droit fondamental d’user des biens de la terre ?

Le cardinal Léger a fondé à Montréal un hôpital pour les gens qui n’ont pas de place ailleurs, pour les déshérités. C’est une belle œuvre, et il y en a d’autres pour les déshérités. Pourquoi est-ce qu’il y a des déshérités ?

Qui est-ce qui s’est permis de les déshériter ? Pourquoi les appelle-t-on des «déshérités» ? Parce qu’ils ont perdu leur héritage ! Quel est leur héritage ? Leur héritage, c’est le droit aux biens de la terre que le bon Dieu a créés pour tous les hommes, c’est cela ! C’est le premier héritage ; et le deuxième héritage ce sont les progrès qui ont été faits dans toutes les générations passées, dont notre génération présente n’est pas la seule qui l’aie fait ; ce n’est pas elle qui a inventé tout un tas de choses du passé sur lesquelles on s’est basé pour inventer des choses nouvelles. C’est des choses des autres générations ! Et pourquoi y a-t-il un groupe d’hommes sur la terre qui s’empare des bienfaits de toutes les générations et qui ne nous les donne qu’au compte-goutte et avec leurs conditions ? Pourquoi ? De quel droit s’emparent-t-ils de cela ?

Le Pape dit «selon les principes de la justice et de la charité» ; il y a une injustice à voler le bien des autres ! Il y a une injustice à voler à chacun son droit aux biens de la terre. La charité doit venir après la justice pour combler les petits trous que la justice n’a pas pu combler. Quand tout le monde, par exemple, dans le Crédit Social aurait son revenu par un dividende qui lui donne droit à une part des biens de la terre, il y en aurait quand même quelques uns qui auraient des malchances, des maladies, ou bien leur maison brûle ou bien ils ont un accident, dans ce temps-là, eh bien, il y a besoin de secours pour eux-autres. Là la charité vient pour finir ce que la justice n’a pas pu faire.

Mais des gens qui nous prêchent la charité et qui supportent l’injustice, je ne comprends pas cela !

On nous dit, et c’est vrai, que la charité est une vertu théologale et que dans son ordre elle est plus élevée que la justice, c’est vrai, mais, dans l’ordre de la distribution des biens de la terre, la justice doit venir en premier lieu !

Le Pape dit de ce droit-là aux biens de la terre par tout le monde, que c’est un droit «imprescriptible». Qu’est-ce que cela veut dire «imprescriptible» ? Demandez aux avocats, ils savent bien ce que c’est que la «prescription». La ‘prescription’ ça veut dire qu’après un certain temps, après 5 ans pour certaines choses, après 1 an pour les accidents d’automobile, après trente ans pour les propriétés, etc., après un certain temps, le droit est prescrit ; on n’a plus le droit de le faire valoir.

Eh bien, le Pape dit : le droit de chacun aux biens de la terre, lui ne peut pas être prescrit, il ne peut pas être prescrit, c’est-à-dire : il ne peut pas être terminé par des années, il ne peut pas être aboli par des années, il ne peut pas être effacé par des siècles ; il ne peut pas être effacé par des lois humaines ! S’il y a des lois humaines qui nient ces droits ou nous empêchent de les exercer, elles ne peuvent pas empêcher ce droit d’exister ; ce droit existera quand même !

Et c’est cela que nous revendiquons dans le Crédit Social : le droit pour chaque personne de pouvoir s’épanouir. Elle ne le peut pas si, premièrement, elle est prise avec un cœur qui ne peut pas vivre. Saint Vincent de Paul le disait bien : avant de dire à quelqu’un de sauver son âme, de travailler pour son âme, il faut commencer par le mettre dans des conditions matérielles où il peut s’apercevoir qu’il en a une.

Des gens qui sont dans des conditions matérielles assimilables à celles des étables et même moins, ceux-là, comment peut-on bien leur parler de leur âme ? Je sais que dans n’importe quelle prison, dans n’importe quelle misère affreuse, dans n’importe quelle pauvreté, on peut sauver son âme ; le bon Dieu donne encore des grâces là aussi, mais c’est plus difficile ! C’est plus difficile et le Pape le dit bien : c’est plus difficile de faire leur salut dans ces conditions-là !

Eh bien, on n’a pas le droit de mettre des conditions difficiles aux gens ! On n’a pas le droit de les mettre dans ces conditions-là et de dire : «Faites des héros ! Sauvez-vous pareil ! Tirez-vous en pareil !» On n’a pas le droit de faire cela ! Si les conditions viennent, on est obligé de les subir, mais on n’a pas le droit de les accepter ! Un chrétien n’a pas le droit d’être résigné au désordre, même quand il le subit !

«Ce droit individuel de chaque personne, dit le Pape encore, ne saurait être supprimé même par l’exercice d’autres droits certains et reconnus sur des biens matériels.» Cela veut dire : Voici une personne qui a un droit certain sur sa maison, un autre sur sa ferme ; un autre a des droits certains sur son usine ; ce sont des droits certains et des droits reconnus. Ils sont certains, ils sont reconnus, ils peuvent subsister, mais, cela n’empêche pas l’autre droit fondamental, le droit de chaque personne à une part des biens de la terre ! Et d’abord, qu’est-ce que nous disons, nous, dans le Crédit Social ? Est-ce que nous demandons d’enlever la propriété à celui qui l’a ? Pas du tout ! Nous ne demandons d’enlever aucune ferme à aucun cultivateur, aucune usine à aucun patron ! Mais nous demandons de permettre à chacun, à chaque personne, de se procurer des biens qui sortent de cette usine, qui sortent de cette ferme, et le propriétaire de l’usine et le propriétaire de la ferme seront les premiers contents si leurs produits s’en vont dans les maisons de tout le monde, ils seront les premiers contents !

C’est une formule merveilleuse que le Crédit Social qui respecte la propriété des moyens de production à ceux qui les ont et qui donne quand même à tout le monde un ‘usufruit’ sur ce grand capital que le bon Dieu a créé et que les hommes ont développé. L»usufruit’ ça veut dire : «le droit aux produits». Ils ont le droit, mais pour avoir de l’ordre, on n’a pas le droit de les prendre comme l’on veut, ici et là, il faut présenter, dans notre monde moderne, présenter un droit imprimé ou un droit inscrit sur une feuille de papier qui s’appelle ‘argent’. C’est l’expression du droit. Le droit existe ; il est conféré par Dieu à notre nature. Le droit imprimé doit nous être donné en rapport avec ce droit réel qui existe et en rapport avec la capacité de production du pays d’y répondre !

Dans le Crédit Social justement, on fait cette grande distinction, c’est Douglas qui l’a faite pour la première fois, entre le crédit réel d’un pays, le crédit réel d’un pays, c’est tout ce que le pays peut fournir pour répondre aux besoins, et le crédit financier, c’est l’argent pour exprimer ces besoins. Et il dit : «Il faut un rapport d’égalité, un rapport de proportion, un rapport de permanence, de stabilité entre le crédit financier et le crédit réel.»

Le crédit réel est fait par qui ? Par qui est faite la capacité de production du pays ? Le premier grand facteur, le premier grand agent ou premier grand auteur du crédit réel, c’est le bon Dieu !

S’Il n’avait pas fait la terre avec tout ce qu’elle a dessus et dedans, avec les forêts et leur gibier et leurs arbres, avec les rivières et leur eau, avec la mer et avec le soleil qui la pompe et avec les montagnes qui font qu’il y a des chutes d’eau et qu’on peut avoir des forces, avec toutes les forces déjà connues par l’homme, avec toutes les forces inconnues et qu’il a mission de trouver. C’est sa mission : Dieu l’a dit à Adam, même après son péché : «Domine la terre, tu as péché, mais domine la terre, arrange-toi pour la dominer pareil (quand même) !»

On découvre aujourd’hui des forces nouvelles, des forces atomiques, des forces nucléaires. Et l’homme, qu’est-ce qu’il fait quand il découvre ces forces-là ? La première chose qu’il fait au lieu de rendre hommage à Dieu, et d’exercer le droit de tout le monde aux biens de la terre, qu’est-ce qu’il fait ? Il en fait des bombes pour jeter sur ses frères humains et il s’en glorifie à qui en ferait le plus !

C’est un grand blasphème contre la magnificence de Dieu et c’est en même temps un grand gaspillage du crédit réel : tout ce qui, dans notre pays, dans les autres pays, va à la fabrication de ces choses qui ne sont rien que pour la destruction, et d’autres choses qui ne sont rien que pour la perdition des âmes et d’autres choses qui sont du luxe inutile quand il y a deux tiers de l’humanité qui ne mange pas à sa faim, tous ceux qui fabriquent ces choses-là, qui travaillent à cela, gaspillent le crédit réel du pays et ils nous prêchent l’épargne, ils nous prêchent d’épargner alors qu’ils sont les plus grands gaspilleurs du monde ceux-là !

En passant, je lisais l’autre jour encore, un discours de monsieur Raoul Follereau ; Raoul Follereau c’est le grand missionnaire des lépreux, ce n’est pas un missionnaire avec une soutane, ce n’est pas un homme non plus qui travaille dans les léproseries, c’est un homme qui parcourt le monde pour intéresser les gens au sort des lépreux. Il nous dit qu’il y a 10 millions de lépreux dans l’univers. Aujourd’hui, grâce aux découvertes de certains sulfats, ça ne prend que l’équivalent de 3 piastres (dollars) de remède pour pouvoir arrêter la lèpre de l’individu qui en est frappé, rendre sa maladie non plus contagieuse, il peut vivre avec le reste de la société, il est réhabilité, avec la quantité de lèpre qu’il a, mais qui n’est pas contagieuse ; ça ne prend que 3 piastres par personne. À la dernière guerre, dit-il, on a calculé que d’après le nombre de morts, chaque cadavre a couté 50 000 dollars. Avec chaque cadavre qu’on a fait pendant la dernière guerre, on aurait pu sauver, changer la vie de 16 000 lépreux. Et on a fait des millions de cadavres. Il y aurait eu de quoi changer bien des fois la vie de tous les lépreux du monde. Et il disait, quand je pense à cela, et quand je me rappelle d’avoir vu des bras de lépreux tendus vers moi, avec plus de main, la main mangée par la lèpre, rien qu’un moignon dont on voyait encore la peau tendre, j’ai encore cela devant les yeux, et quand je pense à tout le gaspillage qui se fait dans l’univers pour la guerre, pour la destruction, et par des chrétiens contre des chrétiens. Les deux tueries abominables de notre génération ont été faites par des nations chrétiennes, pas par des nations arriérées de l’Asie ni de l’Afrique, mais par des nations chrétiennes de l’Europe et les nations chrétiennes d’Amérique se sont empressées d’embarquer là-dedans, pour tuer d’autres chrétiens. Et on disait que c’était pour sauver la civilisation, la chrétienté. On a fait un carnage épouvantable, pour venir à un désordre effrayant.

Comment se peut-il donc que Dieu ait la patience encore pour ne pas détruire le monde, Il est bien miséricordieux, je vous assure ! Mais Sa patience, parfois, est poussée à bout ! Et quand on vous parlait, tout de suite, de faire la volonté de Dieu en faisant du Crédit Social, en travaillant à réhabiliter la personne dans ses droits, c’est bien conforme au plan de Dieu, mais, les grandes choses que font les grands du monde aujourd’hui, ceux qui gouvernent les nations, ceux qui mènent les peuples, ceux qui font les traités, ceux qui font les alliances, ceux qui font les conscriptions, ceux qui font les programmes militaires, ceux qui font l’éducation militaire dans nos écoles, même s’ils portent des soutanes sur le dos, ils ne sont pas dans le plan de Dieu, ceux-là !

Les politiciens aiment à chanter la prospérité du pays en calculant des statistiques de production. Ils ne calculent pas les statistiques de souffrance qu’il y a dans les maisons ! Il n’y a pas de statisticien pour faire cela ! Mais, vous, créditistes, qui faites du porte en porte, vous avez pu voir dans combien de régions, même de notre province de Québec qui est pourtant dite une province riche, dans des districts de l’Ontario, qui est une province riche, dans d’autres districts de toutes les provinces, vous avez pu voir bien des misères, bien des souffrances.

L’humain là ? Non, la loi, le règlement ! L’humain ? Non, la loi n’a pas prévu cela ! Il y a des lois pour les droits de l’argent. Si vous ne remplissez pas vos obligations financières, votre créancier vous traduit en cour. Et la cour lui donnera raison ; elle saisira vos biens si vous en avez, elle saisira votre salaire si vous en gagnez pour rencontrer les droits de l’argent ! Je ne critique pas ces actes là ! Je dis qu’il y a des lois pour protéger les droits de l’argent, mais il n’y en a pas pour protéger les droits de la personne humaine aux biens de la terre, à son bien, il n’y en a pas ! Il est temps qu’il y en ait !

Le Pape, qui est le Vicaire de Notre-Seigneur sur la terre, qui est, par conséquent, le premier représentant du Christ, qui est là, à Rome, pour tout l’univers, à la place du Christ qui est rendu invisible sur la terre, mais qui est dans le ciel, le Pape, lui, ne dit pas qu’un pays est prospère quand il y a beaucoup de biens dans le pays. Qu’est-ce qu’il dit, à ce sujet-là ? Il dit : «La richesse économique d’un peuple ne consiste pas proprement dans l’abondance des biens mesurés selon un calcul matériel pur et simple de leur valeur» cela vaut tant, cela vaut tant, total tant, donc le pays est riche. Il dit ce n’est pas cela la vraie richesse, «mais bien dans ce qu’une telle abondance représente et fournit réellement et efficacement comme base matérielle pour le développement personnel convenable de ses membres.» La prospérité non distribuée n’est pas une prospérité ! C’est la prospérité distribuée qui l’est.

Et j’ai hâte d’entendre les politiciens chanter la prospérité distribuée à chaque personne, à chaque famille ! Ça n’est pas fait encore.

Il ajoute : «Si une telle distribution» remarquez bien, le problème de production est réglé, au moins dans nos pays et dans une bonne partie des pays de l’univers ! «Si une telle distribution des biens ne s’est pas réalisée, ou si elle n’était qu’imparfaitement assurée,» si elle n’est pas parfaitement assurée, il faut qu’elle soit parfaitement assurée ! Si elle n’est qu’imparfaitement assurée, «le vrai but de l’économie nationale ne serait pas atteint !» L’économie nationale doit assurer parfaitement, le mot est là, il faut que soit parfaitement assurée la distribution à chaque personne, ou bien l’économie nationale n’est pas bonne ! Le but n’est pas atteint ! «...étant donné, dit-il, que, quelle que fût l’opulence,» l’abondance, «des biens disponibles, le peuple n’étant pas appelé à y participer, ne serait pas riche mais pauvre.»

Peuple pauvre en face d’une abondance de richesses, on connaît ça ! Tant que ça n’est pas distribué le peuple est pauvre et on n’a pas le droit de dire que la prospérité règne ! Le pays est riche ? Oui ! Eh bien, c’est une accusation contre vous, parce que le peuple est pauvre et le pays est riche ! Vous êtes coupables !

Si le pays était pauvre et que le peuple était pauvre, eh bien on dirait : «C’est nécessaire de supporter cela en attendant qu’on ait mieux.» Mais, quand la prospérité règne, quand on a 640 millions de boisseaux de blé des récoltes précédentes, dans les entrepôts, dans les silos, et qu’on va rajouter la récolte de cette année qui va dépasser le milliard, en tout, quand on a cela et qu’on se pâme de détresse devant cela, quel problème ! Voilà le premier problème qui a occupé Diefenbaker ! Il faut aller à Londres, parce qu’on a trop de blé au Canada ! Il faut tacher de trouver une place pour mettre du blé. C’est un drôle de problème que celui-là, hein, le problème de la distribution !

Messieurs, où que vous soyez, à Ottawa, à Washington, à Londres ou ailleurs, où que vous soyez, cette richesse accumulée, ce blé accumulé, qu’il soit accumulé dans les silos canadiens, dans les silos américains, dans les silos français, n’importe où sur la surface de la planète, ce blé-là, c’est le pain de ceux qui ne mangent pas ! Il leur est dû à ceux-là ! Vous n’avez pas le droit de le garder !

«Mais, il faut le vendre ! Il faut conserver les prix ! Autrement, si on en donne, le marché va crouler ! Les producteurs ne seront pas récompensés !» Cela ce sont des problèmes strictement financiers ! Ce sont des problèmes de comptabilité, et vous n’avez pas le droit de laisser souffrir le tiers de l’humanité à cause de simples problèmes financiers !

Je me demande si, parfois, l’archange qui a gardé le Paradis terrestre avec son épée flamboyante pour qu’Adam n’y retourne pas, n’a pas envie de descendre sur la terre avec son épée flamboyante et puis d’envoyer avec leur maître des démons les gens qui mettent le monde en pénitence comme cela sur toute la surface de la terre ? S’il ne le fait pas, c’est parce que le bon Dieu est patient ! Il a son heure ! Il attend !

Et en attendant, des gens souffrent. En attendant, du monde est obligé de se priver sans nécessité. Mais, Dieu, merci ! Il y a, au milieu de cet univers, au milieu de ce monde-là qui oublie ses devoirs, il y a des gens qui voient clair et qui ont l’intention de faire leur part, et vous en êtes, vous les créditistes et je vous félicite !

Et quand je vous disais tout-à-l’heure, que, au lieu de distribuer les biens de la terre aux gens, on tourne le crédit réel, la capacité de production, vers des moyens de destruction et l’on dirait que nos plénipotentiaires, nos diplomates et puis tous ces gens-là n’ont rien qu’un but : montrer qu’il existe une difficulté ici et là ! Il faut s’armer ! Il faut s’armer ! Et de l’autre côté : il faut s’armer aussi ! Il y a du feu là-bas, il faut s’armer ici !

On fait tout ce qu’on peut pour provoquer des désordres quelque part ! des désordres au sujet du pétrole ou au sujet de n’importe quoi pour pousser après cela le monde à s’armer. Il y a des petits groupes qui ressemblent à cela dans notre pays, qui sont à pousser des grèves ici, des grèves là, et puis, alors, le monde ouvrier est en ébullition, alors, armons-nous pour la révolution !

Ce n’est pas dans l’ordre tout cela ! Ça n’est pas dans l’ordre ! Et bien le Pape nous dit que si, au contraire, on estime à sa valeur exacte le but de l’économie nationale, c’est à dire si on distribue à chacun sa part, alors, celui-ci, le but de l’économie nationale, deviendra une lumière pour les efforts des hommes d’État et des peuples. Elle les éclairera pour s’engager spontanément dans une voie qui n’exigera plus de continuels sacrifices de biens et de sang, mais qui portera des fruits de paix et de bien-être général.

Ça veut dire, cela, que si l’on veut éviter les boucheries, les tueries, les suppressions de biens, le communisme, les crises internationales, les guerres internationales, si on veut éviter cela : distribuez les biens de la terre et tout cela va se régler ! Ça portera des fruits de paix et de bien-être général !

Alors, quel est le remède à tout ce désordre, à toutes ces choses cataclysmiques que l’on voit poindre à l’horizon ? À toutes ces affaires entre les peuples qui nous promettent la destruction, la mort et autres choses qui nous effraient parfois ! On se demande qu’est-ce qui va arriver ! Quel est le remède à cela ? La distribution des biens de la terre de façon à ce que tout le monde en ait, sans égard à l’âge, sans égard au sexe, sans égard à l’intelligence ! Sans égard même à la vertu des hommes, les bons, les mauvais ! Est-ce que le soleil ne luit pas pour tout le monde ? Sans égard à la couleur de la peau ! Sans égard au peuple !

«Les biens de la terre ont été créés par Dieu pour tous les hommes.» Il n’a pas mis dans chaque petit coin tout ce qu’il faut pour ceux qui vivent dans ce petit coin-là ! Il en a mis d’autres dans d’autres coins pour d’autres. Et plus que ce qu’ils ont besoin. Et nous avons plus de choses que ce que nous avons besoin de certaines choses. Mais, il y a des moyens de communication de plus en plus perfectionnés. Aujourd’hui on peut connaître les besoins d’une région ou bien d’un endroit dans l’espace d’une fraction de seconde. On peut porter secours aussi rapidement que les moyens de transport le permettent, par les bateaux, par les chemins de fer, par l’automobile, par l’avion. Il y a moyen de distribuer les richesses de la terre, il y a moyen de rendre le monde meilleur.

Mais quand on ne sait même pas faire au-dedans des frontières d’un pays, quand on laisse des familles, même de notre Canada, dans la privation, dans la misère, en face de biens qui s’accumulent dans les magasins, dans les entrepôts, puis qu’on jette du monde en chômage en face de production désordonnée, déviée vers d’autres choses, quand on fait cela, comment peut-on penser, comment ces gens-là qui mènent cela peuvent-ils avoir des horizons assez grands pour distribuer les biens de la terre à l’univers ? Il faut commencer par mettre de l’ordre chez soi.

Ce qui n’empêche pas de commencer à distribuer partout, mais il faut commencer par mettre de l’ordre chez soi. Et s’il y avait le Crédit Social établi dans un pays, avec cette distribution automatique en donnant à toutes les personnes une part des biens de la terre en respectant la propriété, l’initiative de chacun. Chacun, quand même, pourrait faire valoir sa propre personnalité.

Si on avait cela, ce serait contagieux. Tous les autres pays le voudraient. Au lieu d’avoir une course aux armements, il y aurait une course au Crédit Social. Ce serait bien plus intéressant !

Cela viendra-t-il ? Et quand cela viendra-t-il ? Je pourrais répondre comme Notre-Seigneur avait répondu à ses apôtres : «Vous ne connaissez ni le jour ni l’heure. C’est le secret de mon Père céleste !» C’est sa volonté qui mène ! Mais vous, vous avez à me suivre, qu’Il disait. Vous avez à marcher dans mes pas. Vous avez à faire votre part. Vous avez à faire votre vocation.

Nous avons ici dans la salle de grands travailleurs, d’autres qui le sont un petit peu moins. Je ne voudrais pas dire qu’il y en a dans la salle qui sont à peu près nul ou qui ne font presque rien, mais il y en a beaucoup dehors, des créditistes qui ne font rien. Il y a un autre monde qui n’est même pas créditiste qui fait moins que rien, qui voudrait bloquer la grande croisade de la libération de la personne humaine. Qu’est-ce qu’on va faire en face de tout cela ?

Vous, au moins, qui êtes ici dans la salle, êtes-vous prêts à faire tout ce qui dépend de vous, au maximum de votre temps et de vos forces ? Je ne dis pas que vous pouvez être tous sur la route pour le Crédit Social, mais chacun de vous peut faire une chose en particulier, personne n’a le droit de ne rien faire ! C’est beau de condamner ceux qui, tenant les leviers de la législation ou bien des leviers de commande ailleurs, ne font rien. On doit les dénoncer ! Mais, ne peut-on pas se dénoncer soi-même surtout quand on est Créditiste et qu’on ne fait rien ou bien qu’on met tant d’autres choses en avant du Crédit Social.

Nous allons tout à l’heure couronner ou médailler sur l’estrade des Créditistes qui ont fait de bonnes choses, de grandes choses. Parmi eux, il y avait un groupe particulier, celui des missionnaires Plein-Temps, missionnaires actuels, missionnaires anciens, qui ont donné au moins une année de leur vie, pour la plupart plusieurs années, les uns 5 ans, 6 ans, 7 ans, 8 ans. Pourquoi est-ce que tous nos jeunes gens canadiens-français qui ont du sang canadien-français dans les veines, qui sont les fils des saints qui ont fait le Canada, qui sont des catholiques, qui ont le privilège de n’être pas enrôlés pendant deux ou trois ans de leur vie par la conscription obligatoire comme dans d’autres pays, pourquoi ces jeunes gens-là, avec toute cette richesse intérieure qu’ils ont de leur religion et celle qui leur vient, en plus, par dessus le marché, du Crédit Social et avec le privilège d’avoir toutes leurs années à eux, de ne pas avoir à porter les armes pendant deux ou trois ans dans le service militaire, pourquoi ne donnent-ils pas ce temps-là, ces deux ou trois ans-là, au moins, de leur jeunesse au Crédit Social ? Pourquoi ?

Ils vont dire : «Je prépare mon avenir !» Ceux qui sont appelés à l’armée pourraient dire pareil au gouvernement : «Je prépare mon avenir !» «Viens ! Tu ne viens pas en prison ! Tu ne le prépareras pas là, non plus !»

Vous êtes dispensés de cela dans ce pays, dans le Canada ! Ça vous impose un devoir, jeunes gens ! Vous n’avez pas le droit de prendre toute votre jeunesse pour vous-mêmes ! Vous n’avez pas le droit !

On ne vous demande pas d’être Plein-Temps toute votre vie. Vous aurez à vous marier un jour, certainement. Mais quand on prend quelqu’un à plein temps pour deux ou trois ans de service militaire, quand ce n’est pas pour 6 années de guerre, et quand vous avez ce temps-là à vous, vous êtes capables de donner du temps au Crédit Social !

Après tout, c’est surtout votre avenir à vous les jeunes qu’on bâtit dans le Crédit Social. Je ne veux pas dire que nous, les personnes plus âgées, nous regrettons de travailler et de ne pas avoir le Crédit Social pour nous-mêmes, ça ne nous fait rien ; quand même qu’on devrait travailler jusqu’au dernier jour de notre vie et ne pas voir le premier dividende, nous continuerons pareil jusqu’au dernier jour de notre vie !

Mais, tout de même, la jeunesse qui pousse, vous avez des réalisations à voir devant vous ; c’est surtout pour vous qu’on bâtit. Allez-vous pendant ce temps-là être indifférents et regarder à vos petites affaires, essayer de gagner plus d’argent, mettre un petit magot de côté, aller le dépenser avec votre blonde la fin de semaine et recommencer la semaine après, etc ? Votre blonde sera bien meilleure dans trois ou quatre ans d’ici, si vous donnez ce temps au Crédit Social !

L’abbé Pierre le dit : «Si la jeunesse n’est pas capable de donner deux ou trois de ses années aujourd’hui, pour une œuvre, par exemple : pour bâtir des logements, comme il fait ou pour d’autres œuvres, eh bien, le monde est triste...» Oui, le monde est triste...

Vous allez dire pourquoi est-ce que je fais cet appel-là. Mais, c’est une détresse de voir le peu de monde, le peu de jeunes gens qui se donnent tout entier à une œuvre pour un bout de temps de leur vie et d’autres qui, sans donner tout ce temps pendant quelques années de leur vie ne donnent même pas leurs fins de semaine !

Il y a de bons jeunes gens dans cette salle, qui devraient être avec l’armée des Plein-Temps, avec l’armée des missionnaires ! Il y a un champ d’action vaste comme l’univers pour vous. Il y a tout le Canada, il y a toute la France, il y a la Belgique, pour ne pas sortir des pays français ; il y a la Suisse, il y a bien d’autres pays où l’on parle français, dans les Antilles. Et vous êtes capables d’apprendre l’anglais quand vous êtes jeunes, et cela vous ouvre encore d’autres pays ; et vous êtes capables d’apprendre l’espagnol quand le temps sera venu et cela vous ouvre toute l’Amérique du Sud, sauf le Brésil et vous êtes capables d’apprendre le portugais, puis d’autres langues, et l’italien, etc. Les missionnaires font bien cela eux autres là !

Et si vous aimez votre Crédit Social vous, jeunes gens, venez donc grossir les rangs des Plein-Temps pour qu’on puisse couvrir d’un réseau de missionnaires tous les pays du monde à commencer par les pays de langue française au moins !

Ce sera en même temps le meilleur moyen de développer votre personnalité. Je vous assure qu’il y a une différence entre quelqu’un qui a donné plusieurs années de sa vie, tout entier au Crédit Social, parcourant son pays, quêtant ses repas, quêtant son coucher, travaillant, suivant des programmes, traînant son linge avec lui, gardant quand même son idéal, sa gaieté, allant aux portes, ne se laissant pas rebuter par la fatigue, par l’indifférence, par n’importe quoi, et d’autres jeunes gens qui ont fait leur petit mode de vie tranquillement, (et disant) : «Pourvu que je me tire d’affaire, moi, que les autres se tirent d’affaire !»

Il y a une grosse différence, je vous assure, entre les deux ! Une grosse différence ! Cela développerait votre personnalité. Ce serait en même temps, jeunes gens qui donnerez votre temps au Crédit Social, Plein-Temps si vous le pouvez, fins de semaine si vous ne pouvez pas, et les hommes aussi, ce serait en même temps, une expiation pour la foule, pour le désordre de la foule de jeunes gens qui tous les samedis soirs, dans nos grandes villes, s’en vont dépenser au moins le tiers de leur salaire de la semaine dans des grills, pour sortir le matin, pas pour adorer Dieu, ils ont le diable dans l’âme. Ils sont plus souillés en sortant de là qu’en y entrant comme de raison. Ce n’est pas une place pour faire de la vertu, ça le grill, ni les autres maisons de désordre !

Il y a des expiations qui sont nécessaires ; le bon Dieu les cherche ! S’il y avait eu dix justes à Sodome et Gomorrhe, les deux villes n’auraient pas été détruites ; il n’y en avait pas dix.

Prenons garde qu’il n’y ait pas assez de jeunes gens, pas assez d’hommes, pas assez de femmes, pour faire leur devoir au milieu de tout ce monde de désordre, d’impureté, de matérialisme qui nous environne ! Même dans nos pays catholiques, et encore plus dans les autres. Prenons garde qu’il n’y en ait pas assez et que les vengeances de Dieu tombent ! Ce n’est pas beau de penser à cela ! Il y a moyen de faire mieux, mais ça dépend de nous !

Il faut prier, oui ! Et vous l’avez fait ce matin ! Nous avons notre travail à faire ! Jeanne d’Arc priait, mais elle faisait son travail ! Elle ne se contentait pas de prier ! Ceux qui se réfugient rien que dans la prière, eh bien, ce n’est pas une bonne prière qu’ils font ! C’est l’évasion de leur devoir ; cela n’est pas pareil.

Vous créditistes, vous comprenez cela ! Vous allez dire que je parle dûrement. Je ne fais de reproche à personne ! Ce sont des appels, des invitations !

On voit, quand on regarde l’ensemble de l’ouvrage qu’il y a à faire, et les moyens, à part du personnel humain, que nous pourrions mettre entre les mains de ces personnes pour faire cet ouvrage-là. Nous ne sommes pas arrêtés par des petits moyens financiers, ni par des petits moyens humains, nous sommes arrêtés par le manque de personnel, par le manque de personnes ! Quand nous voyons tout ce grand champ d’action qu’il y a à faire et le peu d’ouvriers qu’il y a, on est tenté de dire : «La moisson est grande ! Où sont les ouvriers ?»

Cet appel-là va vous être répété aujourd’hui, pas rien qu’aux jeunes, les autres vont avoir d’autres appels aussi, tout le monde a quelque chose à faire dans la grande œuvre de la libération de la personne humaine. C’est une croisade ! La croisade s’adresse à tout le monde ! Même les malades qui sont couchés et qui ne peuvent pas bouger peuvent au moins prier et offrir leurs souffrances. Mais vous, qui avez des jambes, qui avez des bras, qui avez une langue, qui êtes capables de vous déplacer, capables de parler, qui avez de la santé, vous avez un travail devant vous à faire ! L’Institut d’Action Politique va mettre devant vous tout un échelon d’objectifs, de choses à entreprendre. Chacun les prend à la mesure de son cœur créditiste, à la mesure de ses capacités.

Et puis il faut avoir de l’humilité, s’incliner devant le bon Dieu, Lui demander de nous aider, Lui rendre hommage pour tout ce qu’Il fait de bien ! Il ne faut pas tomber dans la pusillanimité ! Ça n’est pas de l’humilité ça, c’est du respect humain ! C’est de l’orgueil ! C’est une forme d’orgueil que la pusillanimité, de dire : «Ah, moi, je ne suis pas capable !» C’est de l’orgueil, cela ; vous êtes capable ! Vous êtes capables ! Tout le monde n’est capable de rien quand il vient au monde. Après cela, ils se rendent capables en faisant quelque chose.

Vous êtes capables ! Tout le monde est capable de faire quelque chose, immensément plus que ce que l’on a fait dans le passé. Et si ça vient ça, si de ce congrès-ci sort ce travail-là, ce travail de personnes, on a parlé de la réhabilitation de la personne dans ses droits, mais pour réhabiliter la personne dans ses droits il faut mettre des personnes dans leur devoir aussi, des personnes, des individus personnellement.

C’est un travail personnel et quand j’ai écrit dans le dernier journal ou l’avant-dernier, l’article : «‘Je’ et ‘on’», je l’ai écrit justement en vue de ce que je vous dis aujourd’hui. «On» ne fait rien ! «Je» fais ! «Nous» c’est «je» plus «je». C’est chacun ! Tout le monde est un «je» ; tout le monde a un objectif. Il y a des objectifs qui vont s’accomplir avec des programmes bien définis, et alors ça sera vraiment le Congrès de l’explosion et une année immense de progrès pour le Crédit Social. Merci !

Louis Even

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