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Les allocations familiales à 15 $

Louis Even le mercredi, 23 janvier 1963. Dans Economie

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Mes chers amis,

Louis EvenLes Pèlerins d’un monde meilleur - les créditistes de Vers Demain - s’appellent pèlerins parce qu’ils visitent des sanctuaires. Quel sanctuaire ? Les sanctuaires des familles, sanctuaires créés par le Bon Dieu Lui-même. La famille est la seule société temporelle établie directement par Dieu, bien supérieure donc à toutes les sociétés établies par les hommes.

La famille est faite du père, de la mère et des enfants; tous ces êtres, chacun d’eux a des besoins : besoins matériels et besoins spirituels. Pour les besoins spirituels, l’Église est attentive à y voir pour chaque personne et elle est très généreuse. Et elle commence tout de suite après sa naissance par le sacrement de Baptême. Les parents chrétiens aussi sont attentifs aux soins spirituels de leurs enfants quand on ne leur enlève pas leurs enfants pour en confier l’éducation à l’État comme en Russie et comme on y tend de plus en plus dans des pays même chrétiens, même au Canada, même dans la province de Québec.

Pour les besoins matériels, le père et la mère, à moins d’être des êtres dégradés mettent tout leur cœur à essayer de procurer à leurs enfants la nourriture, le vêtement, l’abri, une atmosphère de vie familiale et les soins médicaux dont les enfants ont besoin. Mais que constatent les Pèlerins d’un monde meilleur  ? Que voient-ils dans bien des familles ? Ils trouvent des salaires insuffisants, du chômage total ou partiel, des soucis, dérivés de l’instabilité de l’emploi, des difficultés pour ceux qui en ont besoin à obtenir les secours du Bien-être. Et dans combien de cas les parents n’ont rien, aucun autre revenu que les allocations familiales pour faire vivre leurs enfants et pour vivre eux-mêmes

Or, que constate-t-on aussi ? Que les allocations familiales sont le secteur le plus sacrifié, le plus laissé en arrière de tous les secteurs de la sécurité sociale. Nous ne blâmerons certainement pas les gouvernements d’avoir haussé il y a quelques années les pensions aux vieillards, les allocations aux invalides, aux aveugles, tout cela c’est très bien. Mais pourquoi avoir laissé à leur niveau extrêmement bas les allocations familiales et rien que les allocations familiales ?

La loi passée en 1944 établissait les taux à $5, $6, $7, $8 par enfant, par mois selon l’âge de l’enfant. Et les bilans annuels ont démontré dans ce temps-là que la moyenne s’établissait à $6.25 par enfant par mois. Après douze années de hausses du coût de la vie et sous la pression constante et croissante des créditistes de Vers Demain, le gouvernement d’Ottawa, alors Libéral, consentit une hausse dérisoire de $1, établissant deux secteurs d’âge au lieu de quatre et de $6, et de $8 respectivement, une moyenne de $7 par enfant par mois soit seulement $0.23 par jour.

Depuis l’inauguration des allocations familiales le coût de la vie s’est de beaucoup accru, surtout pour les articles de premières nécessités; par exemple, le pain de 24 onces coûtait dans ce temps là $0.08, il coûte aujourd’hui $0.24 à Montréal, exactement trois fois le prix de ce temps-là. La pinte de lait qu’on payait alors $0.08 est aujourd’hui vendue à $0.23. La taxe d’eau a grimpé partout; les prix des chaussures et des vêtements aussi. Il faut aujourd’hui de $15 à $18 dollars pour payer ce que les parents obtenaient autrefois avec $6.

En toute justice pour les familles, les allocations familiales, déjà trop maigres à leur début devraient être portées actuellement à $18 par mois. Et ce n’est pas tout; la production du pays a augmenté pas seulement en prix mais aussi en volume, en quantité, et ce sont tous les citoyens, donc les enfants aussi, qui devraient profiter de cette augmentation de la productivité. C’est $20 par enfant par mois que devrait être l’allocation pour chaque enfant. Vingt piastres par mois, mais c’est que le pape Jean XXIII, dès les premiers mois de son pontificat décida d’accorder en allocations familiales pour chaque enfant aux familles des employés du Vatican. Pourtant, l’Italie est loin d’avoir une production aussi abondante que celle du Canada par têtes de population. Et le pape ajoutait aux allocations pour les enfants $16 pour la mère.

En France, la France n’est pas un pays riche comme le Canada par têtes de population non plus. On peut blâmer la France pour la législation pour les vieillards, elle est trop mesquine; mais pour les allocations familiales, la France est autrement plus généreuse que le Canada. En France, leurs barèmes, leurs taux ont une certaine relation avec les salaires; mais en moyenne et exprimé en dollars les chiffres suivants ont été publiés dans Le Nouvelliste de Trois-Rivières du 5 janvier 1955 pour les allocations familiales en France :

Pour le 1er enfant : $12.50 par mois
Pour le 2ème : $19 par mois,( pas pour les deux ensembles, pour le 2ème. Ce qui laisse quand même $12.50 au premier, $19 pour le 2ème )
Pour le 3ème : $29.10 par mois
Pour chacun des autres à partir du 5ème : $28 par mois.

Il arrive souvent que la famille de cinq enfants se trouve à recevoir plus en allocations familiales que le père ne reçoit en salaire et ça n’a point du tout comme résultat de rendre le père paresseux ni de l’éloigner du foyer., bien au contraire. D’ailleurs qu’est-ce qu’il y a donc de déplacé quand pour nourrir et faire vivre sept personnes, le père, la mère et les enfants, les allocations sont plus fortes que le salaire ? C’est même bien conforme au souci de la personne. Le salaire après tout n’est pas attaché à la personne mais à l’emploi. La preuve c’est que pour un emploi semblable dans le même atelier un célibataire qui n’a que lui-même à nourrir et le père de cinq enfants reçoivent exactement le même salaire. C’est donc bien la récompense à l’emploi. Mais la mère et les cinq enfants n’ont pas de salaire. Ils ont pourtant des besoins, les besoins sont attachés à la personne et non pas à l’emploi. Il faut donc que le moyen de satisfaire ces besoins soit attaché à la personne et non pas nécessairement à son emploi.

D’après les barèmes ci-dessus, la famille française de 5 enfants reçoit en allocations $117.60 par mois, moyenne de $23 par enfant. Ce n’est après tout rien que $0.75 par jour; est-ce que ça ne coûte pas cela pour nourrir un enfant, le tenir habillé, le chausser convenablement sans compter les autres dépenses de toutes sortes ?

Mais pourquoi donc est-on si mesquin au Canada, au Canada riche ? Pourquoi donc est-on si mesquin sur le chapitre des allocations familiales alors qu’on a su tenir compte de la hausse du coût de la vie pour tout le reste, même pour le salaire des députés et des ministres et pour tous les autres secteurs de la sécurité sociale. Pourquoi n’a-t-on fait exception que pour les allocations familiales, pourquoi elles seules ? Certains diront que les enfants n’intéressent pas les élus du peuple parce qu’ils n’ont pas le droit de vote comme l’ont les vieillards et autres bénéficiaires des lois sociales. Cela peut en effet entrer en ligne de compte chez les politiciens mais nous croyons qu’il y a autre chose; il semble bien qu’on veuille décourager la natalité, porter à la limitation des naissances selon le plan maçonnique qui prévalu si longtemps en France au point de la dépeupler graduellement dans les décennies d’avant-guerre avant l’institution des allocations familiales.

Nous le disions tout à l’heure : la famille est d’institution divine; la franc-maçonnerie, signe de Satan, voudrait la briser. Elle l’a disloque déjà par le régime qui force les garçons et les filles à peine leur école finie, à s’éloigner du foyer pour aller chercher de l’emploi dans les grandes industries centralisées. Même le père est parfois obligé de s’en aller loin pour des absences de quatre mois, six mois ou même davantage comme condition pour avoir un peu de pain pour les siens.

La franc-maçonnerie et son allié la dictature financière peuvent être fières de leur régime.

Il arrive que la mère elle-même est poussée vers l’embauchage pour combler l’insuffisance du revenu du père. Pauvre mère, plus encore que ses fatigues, l’angoisse de ne pouvoir soigner convenablement ses enfants faute d’argent, le souci constant du prochain repas, des vêtements, des chaussures qu’il est pressant de trouver. Le souci des dettes accumulées chez le marchand, tout cela accable cette mère de famille au point de la décourager, de la porter à la révolte ou au refus de respecter les lois divines du mariage.

Puis quel climat familial peut-il y avoir dans un foyer où règne une misère qui grandit avec la venue de chaque enfant ? Chaque nouvel enfant apporte une nouvelle charge financière bien au-delà du maigre $6 d’allocation consenti comme à contre-cœur par un gouvernement qui ne regarde pourtant ni aux millions ni aux milliards quand il s’agit d’œuvres de guerre.

Quand on presse les députés de mettre au premier point de leur programme la demande d’allocations familiales doublées alors qu’elles devraient même être triplées il arrive que certains d’entre eux nous répondent : Oui je suis bien pour cela si le budget le permet. Non pas si la famille en a besoin mais si le budget le permet. Les familles doivent donc dépendre du budget ? N’est-ce pas plutôt le budget qui devrait être ordonné selon les besoins des familles ? Puis ce n’est pas de budget que les parents se nourrissent, ni qu’ils nourrissent, habillent, chaussent leurs enfants, chauffe le logis; c’est de nourriture, de vêtements, de chaussures, de combustible, c’est de produit. Et les produits ne manquent pas.

La réponse du député devrait donc être : Oui, et tout de suite. Parce que la production, la production, pas le budget, la production le permet. La production du Canada permet certainement de faire avoir aux familles, par enfant et par mois, pour $10 de plus de produits qu’ils en obtiennent avec les allocations actuelles. Au lieu de $6 ou de $8 par mois, c’est donc au moins, à tout le moins $15 par mois par enfant comme le demande la circulaire que distribue de ce temps-ci les Pèlerins d’un monde meilleur.

Et tout de suite dès la prochaine session messieurs du gouvernement et du Parlement d’Ottawa!

Pour ceux qui se demandent comment ça peut être arrangé mais lisez donc le journal Vers Demain. Vous y apprendrez le sens des réalités, des réalités que sont les hommes, les personnes, les parents, les enfants, du sens des réalités que sont les produits et ensuite vous verrez comment il faut aligner le signe, la chose, l’argent avec les produits et avec les besoins des hommes, des femmes, des enfants.

Lisez le journal Vers Demain, abonnez-vous au journal Vers Demain aux Pèlerins d’un monde meilleur qui passent ou bien envoyez votre abonnement; c’est rien que $2 par année, à Vers Demain, Montréal. ( Louis Even)

Courte allocution de Madame Gilberte Côté-Mercier :

Mesdames et messieurs, il faudrait bien gagner des allocations familiales augmentées cette année au moins à $15 et à $20 si possible. Pour le gagner il faut que chacun de nous fasse sa part. Et je vous demande de faire tout de suite une lettre, d’ écrire une lettre tout de suite au Premier Ministre du Canada. Écrivez donc, prenez un papier immédiatement, je vous laisse le temps de prendre le papier, prenez un papier et écrivez :

Honorable John Diefenbaker, Premier Ministre,
Hôtel du Parlement, Ottawa.

Monsieur le Premier Ministre,

Nous vous demandons de monter les allocations familiales à $20 par enfant. Ce n’est que justice. Et cela permettra à nombre d’enfants de manger un peu plus alors qu’actuellement ils crèvent de faim dans un pays riche comme le Canada.

Mes chers amis je vous en supplie : Que tout le monde de la famille écrive une lettre à Monsieur Diefenbaker pour dire sa volonté. Quand le peuple se lèvera debout pour donner sa volonté aux gouvernants et bien alors les gouvernements céderont devant la force du peuple.

C’est le journal Vers Demain qui vous a parlé.

Louis Even

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