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Étudiants canadiens à Cuba

Louis Even le jeudi, 22 août 1968. Dans Conspiration

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Louis EvenMes bien chers amis,

Au mois de juin, les journaux annonçaient que 46 étudiants Canadiens-français allaient passer 6 à 8 semaines à Cuba. Ils s'y sont rendus en effet. Ils sont là les invités du gouvernement communiste de Fidel Castro. Il s'agit de jeunes de 15 à 28 ans de divers groupements politiques de gauche. Des étudiants. Que sont-ils allés faire là? Aux journaux ils ont déclaré qu'ils allaient acquérir des notions précises sur la révolution qui se déroule à Cuba.

Pour bien des gens, cette nouvelle a pu paraître insignifiante . Ils ont pu y voir un simple voyage de jeunes en quête d'aventures ou curieux de voir du nouveau. Ou encore ils ont trouvé leur nombre sans importance et loin de représenter la population Canadienne-française. Monsieur André Daigneault , journaliste au journal L'Action de Québec trouve au contraire que la nouvelle est bouleversante . Elle peut être de grande conséquence pour l'avenir du Canada Français . '' Ce n'est un secret pour personne , dit-il, que Cuba est devenu un centre d'entraînement révolutionnaire ''.

Monsieur Daigneault a raison. Et nos jeunes qui vont à Cuba aux frais du gouvernement communiste, n'en reviendront certainement pas pour enrayer l'avance du communisme chez-nous. Non seulement vanteront-ils ce qui se passe à Cuba mais il est plus que probable que plusieurs d'entre eux y retourneront avec d'autres pour prendre un entraînement plus prolongé aux tactiques de la propagande, de l'infiltration, de la subversion, de la révolution. Plusieurs de ces jeunes avaient déjà leur esprit acquis au communisme . La barbe à la Castro qu'ils se laissaient pousser disaient assez leur décision.

Les communistes militants ne se donnent aucun répit dans leurs efforts dans la conquête du monde. Conquête pas nécessairement par les armes; ils ont d'autres méthodes, méthodes éprouvées , sélectionnées, perfectionnées au cours de leurs 40 années de pouvoir à Moscou et de pratiques dans d'autres pays. Dans le choix de leur méthode les communistes n'ont aucun soucis de la moralité. Une seule chose compte pour eux : le degré d'efficacité. Si ça réussit, c'est bon.

Le pape Pie XI pouvait déjà dire dès avant la deuxième grande guerre : '' La diffusion des idées communistes s'explique par une propagande vraiment diabolique telle que le monde n'en a peut-être jamais vue. C'est ainsi que parlait Pie XI.

Parmi les méthodes dont les communistes ont tiré et tirent encore grand partie, il y a certainement la préparation intensive de propagandistes, de professionnels de la révolution pour les pays étrangers. Ce sont parfois des Russes qui s'en vont ainsi faire du travail à l'étranger surtout par les Ambassades soviétiques dans les capitales des divers pays. Ambassades toujours bondées d'un personnel hors de toutes proportions avec les fonctions normales de ces Corps diplomatiques.

Mais ce que les communistes préfèrent c'est d'attirer chez-eux des gens choisis des autres pays. Ils les forment puis il leur confient des missions dans leurs pays respectifs. Il y a longtemps entre autre que les communistes ont les yeux sur les pays de l'Amérique Centrale et de l'Amérique du Sud. Ils savent que dans ces pays quelques poignées de privilégiés possèdent toutes les richesses et que les masses sont réduites à la pauvreté , à la grande misère, même. Ils veulent profiter de ces injustices non pas pour travailler à les redresser mais pour fomenter des révoltes et prendre l'occasion de ces révoltes pour instaurer un gouvernement communiste au pouvoir.

Une fois le gouvernement communiste au pouvoir , ce sera la main de fer rendant impossible toute possibilité de changement.

Dès 1936, au temps de la guerre d'Espagne, Moscou commençait déjà son action en vue de la conquête communiste de l'Amérique du Sud. De tout jeunes enfants d'Espagne , choisis par des communistes espagnols, étaient envoyés à Moscou . Là, dans la section de langue espagnole, du grand appareil d'éducation communiste établi à cette fin, ces enfants recevaient une instruction scolaire poussée afin de leur permettre d'accéder à des postes d'influences plus tard dans les pays où ils seraient envoyés. En même temps, on leur donnait un fort endoctrinement communiste. À cet âge tendre, l'esprit de l'enfant est très perméable à n'importe quel enseignement.

On les faisait étudier plus spécialement tout ce qui concerne les pays de l'Amérique du Sud, leurs histoires, leurs caractères , leurs coutumes, leurs modes d'habillement . Dans tous ces pays là on parle espagnol d'ailleurs. Ces bébés de 1936 ont maintenant une trentaine d'années et grâce à leur instruction, ils occupent de très bonnes places dans les divers pays de l'Amérique Latine où ils ont été envoyés pour faire l'oeuvre de Moscou bien plus efficacement que ne le feraient des Russes. Ils reçoivent leurs communications de Moscou , d'abord par Mexico puis leur grand centre de propagande et distribution de littérature est à Bogota, capitale de la Colombie en Amérique du Sud. Pour leur voyage en Russie et retour , ils ont toutes les facilités voulues sans restrictions aucunes en passant par le Chili.

Ce sont ces agents de Moscou , ces anciens enfants d'Espagne , qui sélectionnent aujourd'hui dans les républiques d'Amérique du Sud les enfants qui seront envoyés à leur tour prendre une formation communiste et aujourd'hui, ils vont à Cuba depuis l'avènement d'un gouvernement communiste à Cuba , il n'y a plus besoin d'aller à une école jusqu'à Moscou.

Cuba possède ainsi huit écoles au moins, de formation communiste pour des enfants et des jeunes venus de l'étranger. L'une d'elles, à la Havane, se spécialise dans la formation à la guérilla, la guerre de partisans, la guerre du maquis, la guerre d'embuscades . Une autre aussi à la Havane prépare l'infiltration dans les unions ouvrières pour les pousser vers la révolution. Une troisième, encore à la Havane, se spécialise dans les communications et celle-là a des Russes pour professeurs. Une quatrième, toujours à la Havane, s'occupe surtout des adolescents . Une autre se trouve à Pinar del Rio et elle prépare surtout pour la propagande. Il y en a deux autres dans les faubourgs de la Havane et la huitième est dans la Sierra Maestra ,un pays de montagnes où l'on entraîne surtout à la guérilla de la jungle.

C'est donc bien vrai que Cuba est devenu concrètement et efficacement un centre d'entraînement révolutionnaire où viennent se former des jeunes d'autres pays. Ils s'y forment aux activités subversives en matière de propagande, de politique et de guérilla. Leurs professeurs sont, soit des Russes qui parlent espagnol, soit des communistes espagnols qui ont pris une fonction de première main dans la guerre civile d'Espagne, ou que l'on a développée depuis. Et les élèves leur viennent. C'est ainsi qu'un groupe de cent élèves y fut amenés de l'Amérique du Sud par la voie de Mexico en février dernier. Un autre groupe de cent en avril , un troisième en juillet et sans doute d'autres encore qui n'ont pas été notés.

Tous ces groupes là sont en train de se préparer à Cuba pour aller semer la révolution dans leurs pays.

Il y a aussi une Académie soviétique près de Palma Soriano exprès pour les jeunes de La Guyane anglaise . Là on parle anglais. Ils y viennent ouvertement par avion ou par bateau avec l'appui du Premier Ministre de la Guyane , le communiste Cheddi Jagan. Le directeur de l'école a été formé en Tchécoslovaquie communiste. Par ailleurs, les Soviets ont aussi installé à Cuba des postes de radio et télévision, pour déverser leur propagande sur les pays de l'Amérique Centrale et de l'Amérique du Sud. Un puissant poste de l'université de la Havane déverse un flot continu de propagande communiste qui atteint toute l'Amérique Latine. Le personnel technique de ce gros poste est Russe , le directeur, lui, en charge des programmes, est le directeur même de l'université, le communiste Juan Marinello qui a été formé en Russie.

Il y a aussi un autre poste de langue anglaise à Cuba dirigé par le communiste nègre Robert William, un fugitif des États-Unis avec la collaboration d'une Américaine communiste , Barbara Collins, venue du New Jersey. Leurs émissions à eux s'adressent aux Noirs du Sud et du Sud-Est des États-Unis . Elles prêchent le soulèvement des Noirs , la formation de Clubs armés, la haine de races et avec du succès. Tous les jours des Noirs vont à Cuba ou en reviennent. Et cette propagande communiste est pour beaucoup dans l'agitation actuelle des Noirs aux États-Unis alors que des innocents n'y veulent voir que de justes revendications de nègres opprimés.

Les communistes savent tout exploiter même des principes dont ils se fichent éperdument. Mais des chrétiens, naïfs ou mal renseignés, tombent dans le panneau.

Dès 1928, un communiste Russe , Joseph Pogany, écrivant en anglais sous le faux nom de John Pepper, agitait déjà la question noire pour pousser à la lutte raciale. Il y voyait une occasion de promouvoir la révolution communiste. Il l'écrivait en toutes lettres :

'' le soulèvement des masses Noires, disait-il, fait partie de la révolution prolétarienne en Amérique contre l'ordre capitaliste. Les communistes Noirs devraient insister dans leur propagande pour l'établissement d'une république nègre soviétique sur le sol des États-Unis.''

Mais cela fait partie d'une autre méthode des communistes celle qui consiste à souffler sur le racisme, sur le nationalisme, sur la décolonisation même quand il s'agit de colonies insuffisamment développées pour pouvoir se tirer d'affaire économiquement. Incapables d'un ordre politique n'ayant encore aucune unité nationale et qui une fois déclarées indépendantes retournent à leurs guerres tribales, à leur barbarie, au désordre, à l'anarchie , à la ruine.

C'est un autre chapitre sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Pour le moment, revenons à la question posée au commencement de cette émission :

Que vont faire ces 46 étudiants Canadiens-français à l'école cubaine de la révolution? Et que feront-ils à leur retour?

Ils ne seront certainement pas inactifs. On les aura formé à l'art de s'infiltrer dans les diverses associations même chrétiennes et ils en gangrèneront d'autres. C'est après un séjour à Cuba, on se rappelle, que le jeune Shutter est devenu chef d'une bande de dynamitares qui a déshonoré notre province de Québec, allant avec ses bombes jusqu'à tuer un homme et en paralyser un autre pour la vie.

C'est pourtant sous l'oeil bienveillant de notre gouvernement du Québec que ces 46 étudiants Canadiens-français, dont nous payons l'instruction par nos taxes de plus en plus lourdes , s'en vont acquérir la science du sabotage et de la révolution pour venir ensuite salir notre pays.

On peut se demander, si en haut lieu, ils ne trouvent pas plus que de la bienveillance, jusqu'à de l'approbation sinon même des encouragements.

Louis Even

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