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Action pour obtenir le Crédit Social

Louis Even le vendredi, 13 novembre 2015. Dans Economie

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Mesdames, messieurs,

Louis EvenJe m'adresse à une population qui a passablement entendu parler de Crédit Social depuis ma première tournée dans le Nord Ouest Québécois, il y a dix huit ans.

Vers Demain y a circulé. De nombreux conférenciers y sont venus. Je ne m'attarderai donc pas ce soir à exposer les propositions monétaires du Crédit Social formulées pour la première fois par un homme de génie, l'ingénieur écossais Douglas.

Je m'étendrai advantage sur l'action politique telle que recommandée par le même génie, Douglas, pour arriver à l'institution d'une économie créditiste.

Le but du Crédit Social dans l'ordre économique, c'est de permettre à tous et à chacun de se procurer une part suffisante des biens abondants du pays pour jouir d'une honnête subsistance sans aucun accroc à leur liberté personnelle, ce que ferait magnifiquement un dividende périodique à chaque citoyen joint à un mécanisme d'ajustement des prix tel que préconisé par Douglas.

La doctrine du Crédit Social, si conforme à la logique et à l'humain, trouve généralement bon accueil tant qu'elle ne se heurte pas à des préjugés ou à des intérêts politiques ou économiques malsains. Il y a eu d'ailleurs des progrès réalisés non seulement dans l'enseignement de la distribution créditiste mais aussi du côté de la législation. C'est en 1940 que cette région a reçu le message créditiste pour la première fois.

On n'admettait point en ce temps-là l'argent non gagné. Pour avoir de l'argent, il fallait être employé dans la production. Or, en 1944, le fédéral instituait les allocations familiales qui ne sont certainement pas liées à l'embauchage des enfants ni au genre d'occupation du père de famille. Ces allocations sont un dividende aux enfants. De même, aujourd'hui, on a un dividende aux vieillards, dans la pension de vieillesse à 70 ans, accordée à tous sans autre condition que l'âge, sans égard à l'occupation ou au degré de fortune de la personne.

Et le montant de dividende aux vieillards, après des hausses successives est aujourd'hui de $55 par mois. On peut mentionner pareillement l'argent distribué en pensions, allocations aux invalids, aux mères nécessiteuses, etc...

Dans tous ces cas, c'est de l'argent lié à la personne et non pas à l'emploi. Argent distribué dans un but qui se rapproche de l'objectif même du Crédit Social pour que tous et chacun aient une part suffisante des biens du pays. On objectera que ces pensions et allocations sont financées par des taxes. C'est vrai. Parce qu'on n'est pas encore sorti du régime de l'argent approprié par les banques à sa naissance et libéré seulement sous forme de dette chargée d'intérêt. Mais pour que l'on puisse ainsi extraire plus d'argent du public, il a bien fallu commencer par en mettre en circulation.

Il reste évidemment du chemin à parcourir sans arrêter ni ralentir notre lutte pour l'instauration d'un régime vraiment créditiste. Reconnaissons au moins que le travail fait par les créditistes, par Vers Demain depuis deux décades n'a pas été sans porter déjà certains fruits.

Une mentalité nouvelle se crée. On admet de plus en plus que même les gens qui ne gagnent rien ont le droit de vivre et que pour exercer ce droit de vivre, ils ont besoin d'argent. C'est un progrès sensible.

Quelle méthode d'action le movement créditiste formé autour du journal Vers Demain met-il en oeuvre pour obtenir des résultats ? Ce fut exprimé dès le début: renseigner les citoyens puis les unir pour réclamer de concert ce que tous s'entendent à trouver juste et urgent.

Vers Demain fut fondé par Mademoiselle Gilberte Côté=Mercier et moi-même, il y a 19 ans. Le premier numéro, le 1er novembre 1939 et pour répandre Vers Demain, pour réaliser l'Oeuvre entrevue d'éducation, de formation d'hommes, elle et moi, encore, nous lancions dès avril 1930 l'Institut d'Action politique. Il s'agissait bien d'action politique, le nom le dit. Mais PAS d'action électorale. Les appels succesifs dans Vers Demain le signalaient. Ainsi, le 15 juin 1940, Vers Demain écrivait: " L'Institut d'Action politique cherche et enrôle des apôtres dans l'ordre social temporel et ne frappe pas à la porte des riches comme les partis politiques. Il frappe à la porte des hommes de Coeur qu'afflige le désordre social de notre époque et de notre pays. "

C'était là signifier dès le début l'esprit de l'Institut d'Action politique: l'apostolat.

La première réponse vint de Gérard Mercier. Il est encore là, aujourd'hui, n'ayant jamais suspendu d'une seule journée le don total de lui-même à la Cause. D'autres, en grand nombre, ont joint les rangs. Quelques-uns donnent tout leur temps pendant un certain nombre d'années. D'autres, plus nombreux, consacrent leurs loisirs, surtout leurs fins de semaine à ce travail d'apôtre. Tous sans rénumération matérielle, sans chercher ni recevoir d'honneur politique et souvent au prix d'incompréhensions et de multiples sacrifices.

Je dois ici rendre un hommage special à ma grande collaboratrice de toujours, Madame Gilberte Côté-Mercier. C'est elle qui a le plus particulièrement contribué à insuffler ce bel idéal à notre Mouvement et à l'y maintenir dans toute sa pureté. Est-ce pour cela qu'elle est la cible principale des attaques virulentes de ceux qui voudraient voir le Mouvement s'abaisser à servir leur petites politiques électorales ?

Le 1er décembre 1942, le journal Vers Demain, à peine âgé de 2 ans, lançait le vocable - Union des Électeurs - pour mieux désigner le mode de politique que notre Mouvement grandissant comptait pratiquer: la politique de pression. Mais comme toute institution terrestre, l'Institut d'Action politique ne fut pas à l'abri d'éléments humains de diverses nuances au cours de son développement.

Sous des pressions internes, ils ont consenti momentanément à des aventures électorales dont le point culminant fut en 1948. Ce qui faillit coûter la vie de Vers Demain et la paralysie du Mouvement. Mais l'Institut su se resaissir, donner un coup de barre, au prix d'efforts énormes, guérir les blessures reçues, retrouver sa belle orientation première, ajoutant l'expérience acquise à la pureté d'intention des fondateurs et de leurs collaborateurs fidèles.

Ce redressement n'a pas plu aux électoralistes du Mouvement. À ceux-là, justement, qui avaient été les plus ardents à nous pousser dans la bagarre des élections et les plus empressés à se retirer sous leur tente après l'échec, laissant aux autres, aux vrais apôtres du Mouvement le soin des réparations.

Ces créditistes superficiels, mordus d'élection, ont fini par prendre le large et former, autour de Réal Caouette, le petit groupe qui pretend être un ralliement, quand il n'est qu'une secte sortie des rangs. Ils n'ont rallié, de fait, que les débris de l'insignifiante ligue accrochée au parti federal de Solon Low à la veille de son enterrement electoral.

Le Social Credit Secretariat, Organisme fondé par Majour Douglas lui-même a réédité cette année une conference donnée par le fondateur du Crédit Social, le 7 mai 1936. Ce jour là, Douglas ne parlait pas à un public quelconque mais à des créditistes. Il leur donnait son avis sur l'action à faire politiquement pour la Cause.

Nous n'avons connu ce texte que cette année mais nous sommes heureux de constater que Douglas recommande lui aussi la politique de pression et condamne les partis politiques, surtout celle d'un parti du Crédit Social. Il condamne cette méthode non seulement parce qu'elle est d'avance vouée à l'échec mais parce que c'est lier la belle cause qu'est le Crédit Social à une politique de boîte électorale.

Le fondateur du Crédit Social allait jusqu'à dire à ses créditistes: " Si vous élisez un parti du Crédit Social, en supposant que vous soyiez capables, je puis vous dire que je considérerais l'élection d'un parti créditiste au pouvoir en ce pays comme une des plus grandes catastrophes qui puissent arriver. "

" La fonction propre d'un député ", expliquait Douglas, " c'est de recevoir et transmettre au gouvernement l'expression de la volonté légitime de ses électeurs. La fonction propre d'un gouvernement, c'est d'accueillir cette demande et de donner aux experts l'ordre d'y faire suite. Aux experts, donc, aux financiers pour la finance. Non pas de dire à ces experts comment s'y prendre mais désigner le résultat à obtenir, exiger ce résultat. "

Et le rôle du peuple, lui, c'est de prendre conscience de l'objectif qu'il veut communément, c'est d'exprimer cette volonté aux représentants. C'est là que ça doit commencer. C'est de là que ça doit partir, de chez les électeurs.

Au lieu donc de dépenser du temps et de l'argent à monter une machine électorale contre une autre pour chercher à élire un candidat plutôt qu'un autre, apprendre aux électeurs à demander à l'élu, quel qu'il soit, ce que les individus et les familles désirent d'un commun accord.

Cela se mieux entre les élections, quand se passent les lois et les règlements qui affectent notre vie. Au lieu de placer l'importance sur l'élu, placer sur les électeurs. Au lieu d'aligner les électeurs derrière un candidat auquel on décerne tous les prix de vertu, faire prendre aux citoyens conscience de leur rôle.

Cela se fait-il dans votre propre region ? Dans le comté de Villeneuve par exemple, quand est-ce qu'une majorité ou même un nombre imposant de 30,000 électeurs ont demandé et redemandé de concert à leur député Dumas ce que certains prétendent obtenir en essayant d'élire Caouette au lieu de Dumas ? Le député Dumas, pas plus qu'aucun autre n'a besoin d'être créditiste ou n'importe quoi pour transmettre au gouvernement une demande qui émanerait de l'ensemble des électeurs.

Selon les mots de Douglas, si vous admettez le but en envoyant des représentants au Parlement, que c'est d'obtenir ce que vous voulez, pourquoi élire une catégorie spéciale, un parti spécial, plutôt qu'un autre ? Les hommes qui sont là sont capables de commander ce que vous demandez. Et c'est leur rôle. C'est pas leur rôle de dire comment ça doit être obtenu. Le comment doit être laissé aux experts. C'est le - quoi - qui doit être signifié aux experts. Et le - quoi - doit procéder d'abord de la population elle-même.

L'électoralisme a perverti le sens de la démocratie. Les partis politiques n'ont fait que diviser le peuple, affaiblir sa force, le conduire aux déceptions et ajouter un autre parti ne pourrait qu'ajouter une autre déception sous un nouveau nom. Déception d'autant plus funeste que l'aventure traîne avec elle le nom d'une Cause excellente en soi comme celle du Crédit Social.

Le périple du parti fédéral de Solon Low devrait avoir ouvert les yeux de tous. Après 23 ans d'électoralisme, qu'en reste-t-il ? Si au lieu de pousser Vers Demain avec sa vertu formatrice, nous avions poussé une aile de ce parti du Crédit Social, ou serait notre affaire depuis le 31 mars dernier ?

Si c'est le vote donné à un candidat créditiste pour exprimer la volonté créditiste de la population, comment se fait-il que Solon Low soit passé de 4000 voix en majorité en 1957 à 7000 voix en minorité en 1958, en moins d'un an de la part du même électorat dans son comté de Rivière à la paix ?

Nous qui travaillons sans relâche depuis plus de 20 ans à la Cause de tous et non pas à la cause de quelques hommes, nous voulons éviter au peuple la nouvelle déception ou le conduirait son attachement à un parti créditiste.

C'est pourquoi nous ne cesserons de dénoncer ceux qui ternissent ainsi la pensée de Douglas lui-même, faisant d'une cause sacrée l'escabeau de leurs petites ambitions politiques.

Ces idées sont forcément résumés dans une causerie d'un quart d'heure.

Pour vous renseigner tant sur la doctrine du Crédit Social que sur le Mouvement authentique qui le propage et sur la politique de l'Union des Électeurs, lisez régulièrement le journal Vers Demain.

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