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Simples questions - Simples réponses

Louis Even le mercredi, 01 janvier 1947. Dans Principes directeurs de l'économie distributive

1. Où la Commission nationale du Crédit prendrait-elle l'argent pour financer le dividende et l'escompte ?

Dans le compte de Crédit national, c'est-à-dire, dans le monnayage de l'actif du pays, à mesure que l'exploitation de cet actif crée une augmentation de richesse réelle.

2. Et si l'augmentation annuelle de richesse réelle ne suffit pas pour justifier une émission qui garantisse à chacun au moins le strict nécessaire?

Dans ce cas, une imposition sur les secteurs où s'accumule l'argent est dans l'ordre pour effectuer une meilleure répartition des biens. Il ne s'agit pas d'égaliser les fortunes, mais de garantir à chacun au moins le minimum pour une honnête subsistance.

3. Les émissions successives d'argent et de crédit ne vont-elles pas finir par provoquer l'inflation?

Non, si elles sont déterminées seulement par l'accroissement de la production. D'ailleurs, l'abaissement du prix par un escompte compensé produit exactement le contraire de l'inflation. Puis, si des accumulations d'argent menacent l'équilibre, le gouvernement dispose du pouvoir de taxation pour retirer les excédents là où ils existent.

4. Ces dividendes et ces escomptes ne créent-ils pas une ingérence de l’État dans l'économie ?

Non, puisqu'ils sont basés sur les faits mêmes de la production et de la consommation, et que ces faits résultent des actes librement posés par les producteurs et les consommateurs.

La Commission nationale du Crédit, soumise à l'objectif déterminé par une économie saine et sanctionnée par la loi, est soumise aussi aux réalités de la production et de la consommation. Exactement comme les juges ne peuvent agir que conformément à la loi et d'après les actes posés par les accusés eux-mêmes.

5. Les dividendes non liés au travail ne sont-ils pas de nature à encourager la paresse ?

Disons d'abord que la fonction de l'argent, c'est de distribuer les produits, non pas de régenter la vie des hommes ni de servir de moteur à la vertu.

Les dividendes vont à tout le monde, aux salariés comme aux non-employés. Il reste donc encore la même différence entre celui qui gagne et celui qui ne gagne rien, mais le point de départ est plus élevé pour les deux.

Si quelques-uns veulent se contenter du strict nécessaire, est-ce un mal au point de vue moral? Et serait-ce si désastreux au point de vue économique, dans un monde où il y a plus d'applicants que d'emplois? D'ailleurs si la production tombait faute de travailleurs, la possibilité physique des dividendes cesserait et le mal se corrigerait de lui-même.

Il peut certainement être sage de procéder graduellement dans le chiffre du dividende national, tout comme le médecin ne ramène que graduellement à une diète normale un malade qui est resté longtemps sans manger. L'important est de fixer l'objectif et d'éliminer les obstacles artificiels posés sur la voie.

6. Est-ce que l'introduction du système financier créditiste dans un pays, sans se faire simultanément dans tous les autres, ne nuirait pas à ce pays dans le commerce international ?

Au contraire. Si l'argent d'un pays augmente au rythme de sa production, l'unité monétaire de ce pays garde toujours sa valeur d'achat. Ce sont les fluctuations de valeur des devises qui créent les hésitations et les soubresauts dans le commerce international.

7. La prospérité temporelle ne peut-elle pas être nuisible au salut éternel ?

Le Crédit Social ne préconise pas l'opulence, l'attachement aux richesses, ni la vie de luxe. Il réclame et fournit le moyen de procurer le nécessaire, l'honnête subsistance à chaque membre de la société.

Le dividende donne même à ceux qui le désirent le moyen de s'en tenir là. Ceux qui veulent obtenir plus de biens matériels peuvent toujours y aspirer par leur initiative et leur travail.

Quant au détachement des biens de la terre, ou à la limite à s'imposer personnellement dans le niveau matériel de vie, c'est affaire de vertu. Ce n'est certainement pas aux exploiteurs d'hommes, aux contrôleurs intéressés de l'argent et du crédit, qu'il appartient de remplacer les sacrements ou l'œuvre de l’Église et de vouloir sauver les âmes en maintenant sans nécessité les masses dans la privation ou dans l'insécurité du lendemain.

Le souci perpétuel du lendemain hante et matérialise les esprits. La sécurité matérielle, l'honnête aisance, sont bien plus de nature à favoriser les âmes de bonne volonté, pourvu, comme dit le Pape, qu'elles en usent sagement.

Louis Even

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