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La vertu de justice



       selon saint Jean-Paul II


            Rendre à chacun



             ce qui lui est dû






            Qu’est-ce  la  justice?  Le  dictionnaire  la  définit
        comme étant ce qui est conforme au droit («jus»,
        en latin). Mais qui décide de ce qui est droit, de ce
        qui est bien ou mal? Les gouvernements votent des
        lois, pour veiller au bon ordre de la société. Mais bien
        souvent, ces lois sont plutôt imparfaites ou arbitrai-
        res, ou même contraires à la loi divine, aux Dix Com-
        mandements de Dieu. (On n’a qu’à penser aux lois
        légalisant l’avortement, le meurtre d’enfants inno-  chèse du mois de novembre. Ce mois, en effet nous
        cents dans le sein de leur mère.)                    invite à porter notre regard sur la vie de tout homme,
            Donc ultimement, ce qui est droit, ce qui est jus-  et  en même  temps  sur  la  vie  de  toute  l’humanité,
        te, c’est ce qui est conforme à la volonté de Dieu. Et   dans la perspective de la justice finale.
        la justice de Dieu est parfaite, dépassant infiniment    Nous avons tous, en quelque manière, conscien-
        la justice des hommes. «Cherchez d’abord le royau-   ce qu’en ce monde qui passe il n’est pas possible de
        me de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné   réaliser la justice en plénitude. «Il n’y a pas de justice
        par surcroît.» (Matthieu 6, 33.) La justice est une des   en ce monde», entend-on dire souvent. Peut-être y
        quatre vertus cardinales, tel que mentionné dans le   a-t-il là un simplisme trop facile, mais il y a aussi le
        Catéchisme de l’Église catholique (voir page 6). Voici   principe d’une profonde vérité. La justice est, d’une
        la méditation que saint Jean-Paul II a faite sur la vertu   certaine manière, plus grande que l’homme, que les
        de justice lors de l’audience générale du mercredi 8   dimensions de sa vie terrestre, que ses possibilités
        novembre 1978, au tout début de son pontificat:
                                                             d’établir en cette vie des rapports pleinement justes
                     par saint Jean-Paul II                  entre les hommes, les milieux, les sociétés, les grou-
                                                             pes sociaux, les nations, etc.
            Très chers frères et sœurs, comme je l’ai déjà dit
        le 25 octobre, en ces premières audiences — où j’ai la   Chaque  homme  vit  et  meurt  avec  un  certain
        joie d’être avec vous qui venez à Rome depuis l’Italie   sentiment d’insatisfaction en matière de justice par-
        et tant d’autres pays —, je veux continuer à dévelop-  ce que le monde n’est pas en mesure de satisfaire
        per les thèmes que s’était fixés mon prédécesseur,   fondamentalement un être créé à l’image de Dieu,
        Jean-Paul Ier. Il voulait parler non seulement des trois   ni au plus profond de son être ni dans les différents
        vertus théologales — la foi, l’espérance et la charité   aspects de sa vie humaine. C’est ainsi que, par cette
        —, mais aussi des quatre vertus cardinales : la pru-  faim de justice, l’homme s’ouvre à Dieu qui est «la
        dence, la justice, la force et la tempérance. Il voyait   justice même». Jésus l’a dit d’une façon bien claire
        en ces sept vertus comme les sept lampes de la vie   et concise dans le sermon sur la montagne: «Bien-
        chrétienne. Dieu l’ayant appelé à l’éternité, il ne put   heureux ceux qui ont faim et soif de justice, ils seront
        parler que des trois principales: la foi, l’espérance et   rassasiés.» (Mt 5, 6.)
        la charité, qui illuminent toute la vie du chrétien. Me   Ayant devant les yeux ce sens évangélique de la
        rencontrant avec vous pour réfléchir sur les vertus   justice, nous devons la considérer en même temps
        cardinales dans l’esprit de mon regretté prédéces-   comme une dimension fondamentale de la vie humai-
        seur, moi qui suis son indigne successeur, je vou-   ne sur la terre, qu’il s’agisse de la vie de l’homme, de
        drais en quelque sorte allumer les autres lampes sur   la société ou de l’humanité. C’est la dimension morale.
        sa tombe.                                            La justice est le principe fondamental de l’existence
            Aujourd’hui, je parlerai donc de la justice. Peut-  et de la coexistence des hommes et des communau-
        être ce thème convient-il bien pour la première caté-  tés humaines, des sociétés et des peuples.

        4      VERS DEMAIN  août-septembre 2019                                            www.versdemain.org
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