EnglishEspañolPolskie

Les créditistes sondent les politiciens

le samedi, 01 mai 1943. Dans La vie créditiste

Godbout et le Crédit Social

Les orateurs du Bloc Populaire s'entendent demander, presque partout où ils passent, quelle attitude ils vont prendre au sujet de la demande des créditistes. C'est que les créditistes veulent  sonder les nouveaux politiciens ou les vieux politiciens qui se disent convertis.

Quant aux politiciens qui restent soudés aux groupes traditionnels, ils ont l'habitude de n'être que des embranchements du chef du parti. Qu'attendre, par exemple, de nos députés libéraux de Québec ? Ce qu'il plaira à M. Godbout de leur dire d'exprimer.

Or, quelle attitude les créditistes peuvent-ils espérer de la part,de M. Godbout ? Voilà  ce qu'a voulu savoir M. Réal Caouette, au nom de tous les créditistes de Rouyn. Et voici la réponse du premier-ministre :

Québec, le 2 avril 1943

Cher Monsieur Caouette,

J'ai bien reçu votre lettre du 23 mars au sujet du mouvement du Crédit Social.

Comme vous le dites, il n'existe pas de théorie qui  ramènera le paradis terrestre, et celle préconisée par le Crédit Social, moins que toute autre, n'est en mesure d'atteindre ce but tant et aussi longtemps que cette théorie ne sera qu'une formule.

Puis-je avouer, toutefois, que je ne sache pas que Son Éminence le Cardinal Villeneuve ait levé l'interdit sur les procédés du mouvement politique du Crédit Social.

Veuillez bien me croire,

Votre tout dévoué,

Adélard Godbout.

Si nous voulions répliquer aux arguments du premier-ministre, il suffirait de citer la réponse, un peu longue, de M. Caouette.

Personne ne réclame le paradis terrestre sur la terre, mais seulement quelque chose de plus sensé pour la distribution de richesses accumulées.

Assurément, le Crédit Social ne changera rien tant qu'il ne sera qu'une formule ; mais à qui est-ce de le faire passer de l'état de formule à la pratique ?

C'est ce que M. Caouette demande au premier-ministre :

" Que faites-vous, vous et votre gouvernement pour aider cette formule à devenir une réalisation ? Rien, n'est-ce pas ? Et pourquoi ? Est-ce que votre gouvernement ne serait pas, par hasard, lié à la haute finance et aux banques qui contrôlent l'argent et le crédit et sans la permission desquelles nul ne peut plus respirer ?

"Que fait votre gouvernement pour bâtir un système d'argent libre de dettes, un système monétaire basé sur la production existante et sur la capacité de production ? Que fait votre gouvernement pour assurer à tous un minimum vital, à même notre production gigantesque ? Quelle législation avez-vous pour protéger la famille nombreuse ? Quelle législation avez-vous pour protéger les cultivateurs et les colons ?"

L'honorable Adélard Godbout réfère à un "interdit" de Son Éminence le Cardinal Villeneuve. Quand donc le Cardinal Villeneuve a-t-il condamné, au nom de la religion ou de la morale, les doctrines du Crédit Social ? Mais c'est le mouvement qui n'est pas bon, semble préciser le premier-ministre. Rien n'empêche l'honorable Godbout d'accepter les propositions du Crédit Social sans apprécier le mouvement créditiste.

Puis, comme le remarque M. Caouette, "les créditistes n'ont-ils pas retrancher de leurs activités ce que prisait pas Son Éminence ?

On a reproché aux créditistes d'accompagner leurs activités de pratiques religieuses - ce qu'on n'a pas l'habitude, en effet, de reprocher aux clubs libéraux - et les créditistes sont devenus aussi profanes que les libéraux, sans toutefois donner dans les banquets, les parties de sucre et autres ornementations, sèches ou mouillées, qui n'ont d'ailleurs point encore attiré les foudres des autorités religieuses.

Mais le premier-ministre s'est-il donc, comme cela, préoccupé des déclarations de Son Éminence

lorsqu'il a fait passer la loi du vote des femmes ? Il est vrai que le vote des femmes n'effleure pas la dic­tature financière, et entre M.,Godbout et le Crédit Social il y a sans doute autre chose que des objec­tions d'ordre ecclésiastique.

Il reste que le premier-ministre actuel de Québec, chef du parti libéral provincial, s'occupe autant des désirs des créditistes que du contenu de son panier à papier. À quoi la seule rancune de M. Caouette s'exprime ainsi :

"Dieu merci, Monsieur le Premier-Ministre, les Créditistes ne sont pas liés. Ils sont libres, ils répandent la vérité et bientôt, très bientôt, je l'espère, vous aurez votre dividende natio­nal basé sur la production invendue de la pro­vince et du pays, que le système actuel veut exporter ailleurs !"

Évidemment, pour en arriver là, il faudra poser certains actes préalables. L'Union des Électeurs s'en chargera.

Félix Allard, dépaysé

Le 19 avril, Mlle Gilberte Côté remet à M. Fé­lix Allard, député d'Abitibi à Québec, les deman­des de graines de semence signées par 2585 colons. M. Allard demande quelle organisation présente cela.

—L'Union des Électeurs.

    • Qu'est-ce que c'est que cela, l'Union des Électeurs ?

Puis, lorsqu'il apprend que ce sont des créditis­tes qui bâtissent l'Union des Électeurs :

    • Vous ne ferez jamais de moi un créditiste.

—Nous autorisez-vous, monsieur le député, à dire que le Crédit Social ne vous intéresse pas ?

—Vous pouvez le dire et le publier.

Et c'est fait. Tous les lecteurs de Vers Demain d'Abitibi — et ils sont nombreux — sont rensei­gnés sur le cas que leur député fait de leurs aspi­rations.

Mais M. Félix Allard est dépaysé. L'Union des Électeurs couvre son comté : il ne sait pas ce que c'est. Il est plus habitué à la division des électeurs. Le Crédit Social est connu dans toutes les paroisses de sa circonscription électorale : On n'entend jamais parler de Crédit Social, dit-il.

Il n'entend jamais parler de Crédit Social. Sans doute qu'il ne fréquente pas ses électeurs, en dehors de quelques clubs libéraux où rien ne manque.

Si M. Félix Allard, représentant de l'Abitibi, ne sait pas ce que veulent ses électeurs, ou ne s'inté­resse pas à ce que demandent ses électeurs, il reste à ceux-ci une chose bien simple à faire. On a un représentant ou on n'en a pas. Si l'on n'en a pas, il faut se dépêcher de prendre les moyens d'en avoir un.

Il est des gens qu'on peut faire marcher en les poussant dans le dos. Il en est d'autres qui ne mé­ritent qu'un geste de la part des créditistes : un coup de botte dans le derrière.

Dr Pierre Gauthier, classé

Le docteur Pierre Gauthier, député fédéral du comté de Portneuf, ex-libéral, devenu organisa­teur-en-chef du Bloc Populaire Canadien pour le district de Québec, a déjà parlé contre le Crédit Social. Au Parlement fédéral, il vote contre les amendements créditistes demandant une réforme monétaire.

Les créditistes peuvent oublier tout cela ; encore faut-il qu'ils apprennent que l'ancien anti-crédi­tiste est maintenant prêt à soutenir les demandes des créditistes de Nouvelle-France.

L'occasion en fut fournie au docteur Pierre Gauthier, à Québec, le 11 avril, où les créditistes, membres de l'Union des Électeurs, prièrent cha­que orateur de définir son attitude personnelle vis-à-vis de la demande des créditistes. Le Doc­teur Gauthier brilla par son silence absolu sur cet­te question.

Pour les créditistes. le docteur Pierre Gauthier ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?

Édouard Lacroix, classé

Édouard Lacroix, député fédéral de Beauce, ex-Libéral, ex-Action Libérale Nationale, ex-Libéral une fois de plus, peut être bloquiste tant qu'il voudra, pour les créditistes c'est un homme classé.

Édouard Lacroix juge une chose ; puis, après l'avoir jugée, il déclare qu'il ne l'a jamais com­prise.

À Limoilou, le 11 avril, Édouard Lacroix avait à répondre à la demande des créditistes, membres de l'Union des Électeurs. Ce fut très court. Dit M. Lacroix :

"On étudie le Crédit Social dans la Beauce, mais moi, je ne l'ai jamais compris".

Donc, Édouard Lacroix ne sait pas encore ce que c'est que le Crédit Social, ce qui ne l'empêcha pas, le 30 juillet 1939, à Saint-Prosper, de dénon­cer publiquement le Crédit Social. S'il ne le con­naît pas encore en 1943, comment pouvait-il le dénoncer en 1939 ?

Des farceurs de ce genre-là ne seront jamais une force pour le Bloc Populaire Canadien ; à moins que le Bloc Populaire Canadien apprécie vertueusement les piastres plus que les hommes.

Pour les créditistes, qui savent ce qu'ils veu­lent, Édouard Lacroix est à mettre à la vieille fer­raille.

L'attitude de Paul Gouin ?

Quelle est l'attitude de Paul Gouin, un des pre­miers lieutenants de Maxime Raymond, vis-à-vis du Crédit Social ?

À l'assemblée de Québec, le 11 avril, M. Paul Gouin a mentionné que le Bloc Populaire Cana­dien, c'est à la fois l'Action Libérale Nationale, l'Union Nationale, le parti nationaliste de Paul Bouchard, et un peu le Crédit Social.

Comment — un peu le Crédit Social ? Qu'est-ce que cela veut dire ?

Une chose que nous savons, c'est que — pas ré­cemment, il est vrai — M. Paul Gouin a carré­ment refusé de s'abonner ou de se réabonner au journal Vers Demain.

Cependant, nous attendons une déclaration plus catégorique de M. Paul Gouin au sujet des de­mandes des créditistes, et nous nous ferons un de­voir de l'enregistrer pour tous les créditistes du Canada français.

Et pourquoi pas chacun ?

Répondant à la demande des créditistes, mem­bres de l'Union des Électeurs, à Limoilou, le 11 avril, M. René Chaloult dit qu'il n'était pas né­cessaire que chaque orateur se prononce sur ce point, qu'il l'avait déjà fait lui-même au nom du Bloc.

Si l'Union des Électeurs demande à chaque ora­teur de se prononcer, croit-on qu'elle n'a pas de raison pour formuler cette demande ?

M. Chaloult prétend avoir parlé au nom du Bloc. Est-ce que les membres du Bloc ont fait l'union sur ce point ? Comment, alors, expliquer l'attitude de membres du Bloc qui, déjà députés et siégeant à Ottawa, votent contre les proposi­tions monétaires du Crédit Social ? Faudra-t-il at­tendre pareille action de la part de tout le Bloc Populaire Canadien ?

La remarque de M. Chaloult est de nature à mettre les créditistes en défiance.

On pourra s'étonner, peut-être s'irriter, de l'obs­tination des créditistes. Mais les créditistes savent ce qu'ils veulent, et ils le veulent. Les politiciens, de tout groupe, devront s'en rendre compte.

Pas chez nous, cela !

Dépêche de Londres, du 12 avril :

Après une enquête poussée dans 1000 usines employant un million et quart d'ouvriers, l'Amal­gamated Engineering Union a rédigé un rapport dans lequel elle déclare qu'on retarde la produc­tion de guerre anglaise afin de protéger des capi­taux investis.

 ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com