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Perles de la politique

le dimanche, 01 décembre 1940. Dans Politique

Les paroles — Les actes

Au cours de la brève campagne pour les élections partielles de Terrebonne et de Mégantic, l'honorable Adélard Godbout a donné beaucoup de conseils. Il en a eu pour tout le monde, pour les agriculteurs comme pour les ouvriers. Il presse nos jeunes gens de s'instruire et de se préparer à prendre leur place dans un monde qui a besoin d'eux.

Ainsi à Thetford, le 10 novembre :

"L'Europe transporte ses industries au Canada. Dès demain, il nous faudra dans la province de Québec 50,000 ouvriers experts pour mettre en marche les industries créées à cause de la guerre européenne. Où va-t-on les prendre ?

"Ce que je réclame, ce sont des ouvriers de plus en plus instruits, de plus en plus compétents dans tous les domaines."

Nous sommes bien de cet avis. Mais quel encouragement le jeune homme a-t-il à s'instruire lorsqu'il se voit fermer la porte au nez partout, parce qu'on ne peut l'engager, parce qu'on ne peut le payer, parce que les produits ne se vendent pas, parce que l'argent est rare. La "bénédiction" de la guerre vient après que, pendant dix ans, on a rejeté des vagues de jeunes gens l'une après l'autre sur le pavé. Et si demain, les prières pour la paix sont exaucées, que vont devenir tous ces bras employés aux usines de guerre ?

Ni la guerre ni la politique ne prisent la vie des hommes ou leur prospérité. Le même gouvernement dont le chef prêche l'instruction sait bien guillotiner quelqu'un, même instruit, si l'intérêt du parti réclame le placement d'une créature, même ignorante.

Les deux lettres suivantes, toutes deux signées par le même sous-ministre du même département provincial, à onze jours l'une de l'autre, en disent long sur la sincérité des politiciens qui exhortent la jeunesse à s'instruire. C'est le sous-ministre de la Santé qui écrit.

Première lettre

Québec, le 13 novembre 1939, Monsieur G. Lacombe,

Unité Sanitaire du Comté Laviolette, Grand'Mère.

Monsieur,

Il me fait plaisir de vous informer que vous avez passé votre examen de septembre dernier, en vue de l'obtention du certificat d'inspecteur sanitaire (C. S. I.) de la Canadian Health Association.

Je vous en fais mes sincères félicitations. Veuillez me croire,

Votre tout dévoué,

Le sous-ministre,

(Signé) JEAN GREGOIRE.

Deuxième lettre

Québec, le 24 novembre 1939, Monsieur G. Lacombe,

Unité Sanitaire du Comté Laviolette, Grand'Mère.

Monsieur,

L'Honorable Ministre de la Santé me charge de vous informer que vos services ne seront plus requis comme inspecteur de l'Unité Sanitaire du comté Laviolette, à compter du 30 novembre 1939 au soir.

Veuillez me croire,

Votre tout dévoué,

Le sous-ministre, (Signé) JEAN GREGOIRE.

*    *    *

Le poste n'a pas été supprimé, mais passé à un autre, sans égard pour le diplôme. Moins du quart des inspecteurs d'unités sanitaires sont diplômés.

Paroles de miel, main froide, mœurs de reptiles. Aimable politique !

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