Le directeur de VERS DEMAIN accepte la candidature dans le comté de Lac St-Jean-Roberval.
En août dernier, les créditistes de notre comté de Lac St-Jean-Roberval, prévoyant une élection générale pour l’automne, avaient choisi M. Wilbrod Tremblay pour briguer les suffrages de l’électorat. Or M. Wilbrod Tremblay lui-même, approuvé par les principaux représentants des groupes du comté, offrait récemment à monsieur Louis Even, le chef reconnu de la propagande créditiste dans le Canada français, de bien vouloir accepter la candidature à sa place.
Après une tournée rapide dans notre comté, monsieur Even, constatant la détermination des amis de la cause, acceptait, aux applaudissements d’une salle archicomble à Saint-Joseph d’Alma, dimanche le 18 février.
Monsieur Louis Even sera notre candidat, le candidat du comté Lac St-Jean-Roberval.
Il ne sera pas le candidat d’un parti, mais le nôtre, bien à nous. Il n’ira pas à Ottawa pour défendre les intérêts d’un parti rouge ou bleu, ou C.C.F., ou communiste, ou d’un parti de Herridge ou de Blackmore. Il ira à Ottawa défendre nos intérêts, à nous du Lac St-Jean.
Pas nos intérêts à nous contre ceux du reste du Canada. Non, nos intérêts à nous avec ceux du Canada tout entier, car nous savons que le bien des autres est aussi notre bien à nous, pourvu qu’ils soient mis en ordre. Nous avons appris ce que c’est que le bien commun, c’est le bien de tout le monde mis ensemble. Et nous avons appris que la souffrance de l’un ne peut faire le bonheur de l’autre dans une société bien faite.
Qu’est-ce que monsieur Louis Even va demander pour nous à Ottawa ?
Monsieur Even va demander pour nous de l’argent.
Oui, de l’argent. Pas des octrois qu’il faudrait payer ensuite en taxes plus grosses que les octrois eux-mêmes.
Mais, de l’argent pur et simple. De l’argent nouveau, fait parce qu’on en a besoin pour acheter les produits qu’on a à vendre dans le pays. Il y a, dans le Canada, beaucoup de choses qui ne se vendent pas parce que l’argent manque. Ça veut dire qu’il faut faire l’argent nouveau pour acheter ces choses qui ne se vendent pas. Le Canada ne devrait-il pas être capable d’acheter ce que le Canada est capable de produire ? C’est cet argent nouveau pour acheter ce qui ne se vend pas que monsieur Even va réclamer au parlement d’Ottawa.
Monsieur Even va demander de l’argent au parlement d’Ottawa.
À qui cet argent ira-t-il ?
Pas aux amis du parti libéral ou conservateur, puisque monsieur Even ne représente pas un parti.
Pas à ceux qui travailleront au patronage, puisque le patronage, on n’en veut plus.
Mais, de l’argent pour qui ? De l’argent pour tout le monde dans le Canada. De l’argent pour tous les membres de nos nombreuses familles, parce que nous sommes tous héritiers des surplus de richesse de notre beau pays.
Cet argent à tout le monde sera le dividende qui revient à chaque actionnaire qu’est chaque Canadien dans la grande coopérative qu’est le Canada.
Notre coopérative, le Canada, réalise des surplus. Et la preuve que notre coopérative réalise des surplus, c’est que nous invitons les étrangers à acheter les produits qui nous restent (exportation) ou à venir les manger ici (tourisme).
Monsieur Even demandera que ce soit les Canadiens qui achètent les surplus de nos produits avec l’argent que le gouvernement leur donnera.
Et cet argent que monsieur Even demandera au gouvernement pour tous les Canadiens, le gouvernement ne le prendra dans la poche de personne par les taxes. Pas de nouvelles taxes pour cet argent nouveau.
Cet argent nouveau sera tout simplement fait par le gouvernement. De l’argent nouveau, qui n’existait pas avant, fabriqué de toutes pièces par le gouvernement.
Le gouvernement doit être aussi capable que les banquiers de faire de l’argent !
Monsieur Even demandera que le gouvernement remplisse au plus vite son premier et plus grand devoir, celui de faire lui-même l’argent du pays, et d’en faire assez pour que se vendent tous les produits qu’on est capable de fabriquer. Il ne s’agit pas d’en faire trop, mais d’en faire assez.
Cet argent sera aussi bon que celui que les banques font aujourd’hui, car le nom du gouvernement est aussi bon que celui des banques.
Est-on, oui ou non, dans un pays libre ? Oui.
Un pays libre, est-ce que ça veut dire un pays où les habitants décident eux-mêmes ce qu’ils veulent ? Oui.
Eh ! bien, nous tous de Lac St-Jean-Roberval, nous ne voulons pas être forcés, par la conscription, d’aller nous battre en Europe.
C’est pour cela que monsieur Even sera notre député. Lui aussi veut la liberté, et il la prêche depuis longtemps. Il veut la liberté parce qu’il l’aime, et il veut la liberté parce que nous la voulons et que c’est nous qu’il représente.
Quand bien même un chef de parti ou tous les chefs de partis changeraient d’idée et voudraient la conscription, monsieur Even se déclarera contre la conscription, parce qu’il n’est pas soudé à aucun parti et qu’il ne connaît que nous, le Canada et sa conscience.
Notre misère dure depuis longtemps. Elle menace de ne pas finir de sitôt.
Notre vie, celle de nos enfants, notre bonheur, notre sécurité nous sont volés par une organisation très puissante dans le monde entier, et qui se cache derrière nos politiciens de partis fainéants et vendus.
Pour lutter contre cet Antéchrist, il faut une force et un courage de géant.
Qui mieux que monsieur Even peut entreprendre cette guerre à la Finance ?
Cette guerre, monsieur Even l’a préparée en instruisant le peuple sur les exploiteurs et leur système.
C’est monsieur Even qui, le premier, a écrit en français sur le Crédit Social.
D’abord, en rédigeant Le Moniteur, imprimé à Garden City Press, sous la direction de M. J.-J. Harpell.
Puis, avec les humbles petits Cahiers du Crédit Social, nés en octobre 1936, monsieur Even commençait l’édification de sa propagande chez les Canadiens français du Canada. On a dit de ces modestes petits livres que “dans un corps de gueux, ils cachaient une âme de lumière”. En effet, leur logique et leur clarté a fait d’eux le compagnon inséparable et choyé de ceux, parmi nos compatriotes, qui ont une tête pleine de bon sens et un cœur généreux dans un corps libre.
Nous, du Lac St-Jean, nous les connaissons ces petits Cahiers, nous les lisons depuis trois ans. Nous nous les sommes passés les uns aux autres. Et ainsi, nous avons appris tant, tant de choses intéressantes et indispensables à savoir pour qui veut être au courant de ses propres affaires ! Nous n’aurons de repos que lorsque tout le monde saura ce que nous savons maintenant, lorsque nous aurons transmis à nos frères cette lumière qui nous a été donnée.
Pour continuer la guerre commencée avec les Cahiers qu’il expédiait un peu partout, monsieur Even se mit ensuite lui-même sur la route. En septembre 1938, il quittait un emploi très rémunérateur à Garden City Press, pour se donner tout entier à l’organisation, à la tenue d’assemblées et à la formation de comités d’étude et de propagande
Il visitait continuellement, sans relâche, plusieurs régions de notre province. Il se rendit au Nouveau-Brunswick, en Ontario et jusqu’au Manitoba. Il faisait ses courses comme les apôtres, prêchant, stimulant, encourageant, initiant, consolant les créditistes et les pauvres. Pour les mieux comprendre, il vivait avec eux. Pour racheter leur pauvreté, il s’y jetait, mendiant son pain et son lit, en butte aux moqueries, aux insultes et aux démolitions des politiciens hypocrites et des bourgeois gavés.
C’est cet apôtre-là qui, au parlement d’Ottawa, remplira le mandat que lui auront confié les électeurs de Lac St-Jean-Roberval.
Ce sera notre gloire à nous, d’avoir donné ce défenseur à tout notre pays. Et peut-être qu’on parlera longtemps du député de Lac St- Jean-Roberval élu en 1940...
Si nous voulons que l’avenir matériel de nos enfants soit assuré, il faut que nos députés fassent autre chose qu’accumuler une dette publique impayable.
Si nous voulons que nos familles continuent à se bâtir et à se multiplier, il faut que nos députés finissent de punir le capital humain et de réserver leurs encouragements pour le capital bétail et le capital argent.
Si nous voulons préparer à nos descendants une société où il soit possible de vivre en homme et non en esclave, il faut que nos députés apprennent ce que c’est que la vraie politique pour la conduite du bien commun.
Nous, de Lac St-Jean-Roberval, nous avons étudié ces problèmes, nous les connaissons et connaissons leur remède.
Dans le journal VERS DEMAIN, que monsieur Even dirige depuis l’automne dernier, passent toutes les aspirations du peuple que nous sommes. Nous l’avons compris. C’est avec ces idées-là qu’aujourd’hui on prépare demain. Ce journal exprime ce que nous pensons. Il est à nous, et le sera toujours, car c’est nous, les créditistes d’ici avec les créditistes d’ailleurs, qui faisons vivre VERS DEMAIN.
Ensemble, avec le directeur de VERS DEMAIN, qui sera notre député, nous bâtirons l’avenir de notre pays. (Suite de la page 4) V.D. 1 mars 1940 p5 1940_03_No9_P_005.doc :
M. Louis Even naquit à Montfort-sur-Meu, en Bretagne (France), à 33 milles de Saint- Malo, port de mer d’où partit Jacques Cartier pour la découverte du Canada.
Après des études primaires et complémentaires couronnées par l’obtention de son brevet français d’enseignement, M. Even, âgé de moins de dix-huit ans, quittait définitivement la France, qu’il n’a pas revue depuis.
Un séjour de trois ans et demi dans les missions jésuites des Montagnes Rocheuses, du côté américain, lui permit, tout en enseignant les petits sauvages, de se familiariser avec la langue anglaise — ce qui devait si bien servir la cause créditiste plus tard.
C’est en 1906 que M. Even entra dans la province de Québec, où il a toujours vécu depuis. Après cinq ans d’enseignement à l’école Saint-François-Xavier de Montréal, les circonstances l’obligèrent à renoncer à l’enseignement. Il devint typographe.
Ce fut providentiel, car, après neuf années à Laprairie, dans une solitude favorable à la méditation et au développement des facultés pensantes, M. Even entrait à Garden City Press, au service de M. J.-J. Harpell. Au contact de ce grand lutteur, de ce dénonciateur des escroqueries impunies, tramées dans les officines de la haute finance, M. Even eut l’occasion d’analyser les conditions sociales, économiques et politiques du Canada. Puis, vinrent les Cahiers et VERS DEMAIN.
M. Louis Even est marié avec une Canadienne, dont il a eu quatre enfants. Sa famille est établie à Saint-Hyacinthe ; mais M. Even est de tous les comtés et, depuis qu’il a entrepris sa grande campagne créditiste, c’est chez lui qu’il réside le moins.
Les créditistes du Lac Saint-Jean s’estiment privilégiés et sont fiers d’avoir comme candidat le grand apôtre du Crédit Social. C’est un triomphe sans pareil qu’ils veulent donner à la cause en élisant M. Even par une majorité sans précédent dans les annales de leur comté.
Les créditistes de Lac St-Jean-Roberval
1 mars 1940 p4 et p5; 1940_03_No9_P_004-5.doc