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La motion Chaloult

Louis Even le lundi, 01 juillet 1940. Dans Politique

Félicitons M. Chaloult, député de Lotbinière, d'avoir eu le courage de présenter à l'Assemblée Législative sa motion, malgré que le chef du parti qui avait soutenu M. Chaloult dans son élection déclarât la motion inopportune. Il a fourni à la population non seulement l'occasion de juger sa propre indépendance, mais aussi celle de juger la complète dépendance de tous les libéraux pur-sang. Quiconque parle un peu avec le peuple conviendra que, dans l'occasion, c'est M. Chaloult et son secondeur, M. Houde, qui reflétaient l'opinion publique. Mais le parti passe avant le public.

M. René Chaloult :

Je tiens à rappeler que le patriotisme est un devoir impérieux qui force tout citoyen à défendre son sol contre l'agresseur réel, et que personne ne doit hésiter à verser son sang pour la protection de sa patrie. Pour la défense du sol canadien nous devons tous n'avoir qu'une seule volonté, et qu'un seul cœur.

Ce principe posé, on me permettra de rappeler que nos hommes publics, réflétant en cela la volonté expresse du peuple de notre province, se sont engagés à ne jamais imposer la conscription au Canada. Ils n'ont pas distingué entre la défense du pays à l'intérieur ou à l'extérieur, mais ils se sont prononcés de façon catégorique contre la conscription au Canada. Ils doivent maintenant tenir parole, s'ils veulent, comme ils l'ont prétendu, sauvegarder l'unité nationale.

On nous dit, et on ne se fera pas faute de le répéter, que la loi de mobilisation que soumet présentement le gouvernement fédéral au Parlement n'a pour but unique que la défense du Canada au Canada. S'il devait en être ainsi la présente mesure pourrait être acceptée. Mais personne ne doute, et les événements antérieurs en ont donné la preuve, que si la guerre se prolonge, nos conscrits seront expédiés en Angleterre ou vers n'importe quel point du monde où les intérêts de l'Empire l'exigeront.

Et M. Houde :

La province de Québec ne manque pas de patriotisme, mais elle ne veut pas que son patriotisme la mène elle et le reste du pays à la ruine. La province de Québec a le sens des proportions, qui semble manquer ailleurs. On ne semble pas soupçonner que cette loi peut mener plus loin qu'on ne semble le vouloir comme déjà d'autres lois ont mené plus loin qu'on ne voulait.

Quand il s'est agi d'augmenter nos armements hors de toute proportion, on disait : il n'y a pas de danger, nous n'enverrons jamais un Canadien se battre à l'extérieur du pays. On en a envoyé. Je prétends que cette motion peut empêcher que les mêmes gens ne nous mènent à la guerre n'importe où et dans n'importe quelle partie du globe.

La loi qu'on passe à Ottawa, cela veut dire l'annexion aux États-Unis à brève échéance, pas autre chose. Connaissant la mentalité de ma ville et de ma province, je dis que cette motion représente l'opinion presque unanime de la province de Québec.

On n'a pas manqué de rappeler à l'Honorable Adélard Godbout (le poulain d'Ottawa) sa solennelle déclaration électorale d'octobre dernier :

Je m'engage sur mon honneur, en pesant chacun de mes mots, à quitter mon parti et même à le combattre, si un seul Canadien français, d'ici la fin des hostilités en Europe, est mobilisé contre son gré, sous un régime libéral ou même un régime provisoire auquel participeraient nos ministres actuels dans le cabinet, de M. King.

Louis Even

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