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Dans les sillons du grand Louis Even

Thérèse Tardif le dimanche, 01 août 2004. Dans Louis Even

30e anniversaire de son envolée au Ciel

Louis EvenAu congrès (de septembre 2004) nous fêterons le 30e anniversaire de l’envolée au Ciel de ce grand homme que fut Louis Even. Notre rencontre avec lui a fait changer le cours de notre vie. Que Dieu en soit loué!

Louis Even est né, le 23 mars 1885, à Montfort-sur-Meu, en Bretagne, France, dans une famille de saints, qui comptait seize enfants. Il en était le quatorzième. La maman veillait à ce que le péché n’entre pas dans son foyer.

Dès l’âge de onze ans, il quitta définitivement sa «poulanière» pour entrer au juvénat des Frères de l’Instruction Chrétienne, à Vitre. Il ne retourna chez lui qu’une seule fois, pour assister sa maman mourante. Il a hérité de la grande dévotion à la sainte Vierge de son saint Patron, saint Louis-Marie de Montfort.

En 1903, la loi Combes, en France, interdisait aux religieux le droit d’association, elle les faisait chasser de leurs maisons et leur interdisait de porter l’habit religieux et d’enseigner. Ceux qui ne voulaient pas se plier à cette «Gestapo» française, n’avaient qu’à s’expatrier. Louis Even avait dix-sept ans. Il s’embarqua avec des confrères, sur le bateau qui les conduisit au Canada. Son obédience l’envoya enseigner aux petits sauvages du Montana, aux Etats-Unis pendant deux ans. Ce qui lui permit d’apprendre parfaitement l’anglais.

Puis, il fut ramené au Canada, à la Maison des Frères à Laprairie. Il dut quitter l’enseignement à cause de sa surdité. Il fut assigné à l’imprimerie. La petite imprimerie était bien rudimentaire. Louis Even fit acquérir une linotype qu’il s’appliqua à mettre en fonction. Il était un bourreau de travail. Ce qui donna un essor considérable à l’imprimerie des frères.

La dévotion à la sainte Vierge de Louis Even s’accentuait. Depuis l’âge de 17 ans, il s’était consacré «esclave de Marie», selon la spiritualité de saint Louis-Marie de Montfort. Aux jours des grandes Fêtes de Notre-Dame, il édifiait ses confrères en leur déclamant des poèmes à la Vierge, qu’il avait composés lui-même, ou qu’il avait cueillis dans les écrits de son patron. Avec un confrère, il bâtit sur le terrain des Frères, une grotte à Notre-Dame représentant celle de Lourdes. Il couchait par terre par esprit de sacrifice. En plein hiver, il se déchaussait et, pieds nus, s’enfonçant dans la neige jusqu’aux genoux, il allait rendre hommage à sa Souveraine rayonnante dans sa grotte bénie.

La vocation définitive

En lisant les épisodes de la vie de Louis Even, nous voyons que depuis son entrée au juvénat, là n’était pas sa vocation définitive. Le Bon Dieu le formait à la mission qu’Il devait lui confier plus tard. Il reçut chez les Frères une solide formation religieuse, une parfaite connaissance de l’anglais, une grande expérience en enseignement et en imprimerie. Il quitta les Frères en 1920.

Il offrit ses services à Garden City Press, imprimerie de Ste-Anne de Bellevue. J. J. Harpell, le propriétaire de l’entreprise, était un Irlandais catholique qui donnait beaucoup d’importance à la formation de ses ouvriers. Il affirmait que le capital humain était encore plus important dans une entreprise que le capital argent. Les syndicats voulaient s’ingérer dans son entreprise, il fit maison nette, congédia tous les ouvriers rébarbatifs et, sur le perron de l’église le dimanche suivant, il fit appel à la jeunesse qui désirait prendre une formation en imprimerie. En Louis Even, il avait trouvé l’homme compétent et dévoué qui mit tout son cœur à la formation de cette jeunesse. Le successeur de M. Harpell, à la direction de l’entreprise, Laurent Legault, nous a déclaré dans une entrevue: «Je dois tout à Louis Even.»

«Une lumière sur mon chemin»

Le Ministre des Finances du Canada, l’honorable Fielding dit un jour à son ami, M. Harpell: «Si vous voulez savoir où réside la puissance financière au Canada, regardez du côté des banques et des compagnies d’assurance.»

On décida donc, dès cet hiver 1934-35 que les cours porteraient sur l’étude de l’argent et du crédit. On fit appel à des manuels dans la revue «le Moniteur» éditée à Garden City Press. Un jour, le courrier apporta une simple brochure de 96 pages «From Debt to Prosperity». Un résumé de la doctrine monétaire de l’ingénieur C.H. Douglas. M. Even en fit la lecture. Il a été tout de suite conquis. «Une lumière sur mon chemin», dit-il.

Il reconnut là un ensemble de principes dont l’application ferait un système monétaire «parfait» et qui réglerait le problème de la pauvreté au sein de l’abondance. Tout de suite, il comprit que la misère, causée par la crise économique, dépendait du système bancaire d’argent-dette. L’intelligence illuminée par la vérité, enthousiasmé par un cœur plein de charité, il ne songea plus qu’à prendre les moyens de faire connaître l’énorme tricherie du système bancaire, qui tient tous les peuples en esclavage et les empêche de se nourrir des produits qu’ils fabriquent.

Conquêtes et persécutions

Les contacts établis par le «Moniteur» avaient fait surgir des cercles d’étude affiliés à celui de Gardenvale. M. Even partit en tournée de conférences: Sherbrooke, Trois-Rivières, Shawinigan, etc. Les gens étaient ravis et conquis. M. Even savait si bien expliqué les choses.

Il fut invité par la Chambre de Commerce junior de Shawinigan. Cinq minutes avant la conférence, le président pria le conférencier de ne rien dire contre les banques. M. Even répondit qu’il parlerait certainement des banques en disant qu’il n’engagerait que sa personne. M. Even ne parlait pas contre les gérants de banque, mais contre le système bancaire et ses propriétaires voraces. Sa conférence fut très bien comprise et très appréciée de l’auditoire.

Comme toujours, les banquiers ne voulaient pas perdre leur fromage; le lendemain, le rédacteur en chef, un nommé Dallaire, écrivait dans le journal local que M. Even enseignait une doctrine subversive, qu’il était envoyé par Harpell qui recevait de l’argent de New York pour répandre le communisme. Plus tard, Dallaire avoua à M. Even que le mauvais rapport lui avait été fourni par un avocat aviseur de la banque. Cependant, rien de tout cela ne pouvait arrêter l’ardeur du propagandiste.

Une autre voix prestigieuse, dont nous tairons le nom pour le moment, mais que nous avons en archives, se leva pour tenter d’assommer, dès sa naissance, l’œuvre si éblouissante de Louis Even qui prenait rapidement de l’envergure. Il s‘agissait d’un prêtre économiste, professeur à l’université. Il écrivit une brochure en falsifiant le Crédit Social. Louis Even n’avait pas assez de se donner tout entier presque jour et nuit pour passer son message d’espérance aux pauvres, il lui fallait répondre à ces éléments trompeurs qui mettaient des enfarges sur sa route. Il y a eu bien d’autres coups de massues par d’autres personnages en autorité. Quel mal ils ont fait, ils ont réussi à ralentir énormément la marche vers la libération des pauvres, mais ils ne l’ont pas arrêtée.

En 1937, Louis Even a fondé «les Cahiers du Crédit Social» qui furent remplacés en 1939, par le journal Vers Demain, aujourd’hui traduit en anglais, polonais et espagnol.

D’éminents collaborateurs

Louis Even s’est acquis des collaborateurs plus grands encore par le cœur et par l’esprit que les adversaires de taille qui tentaient d’arrêter cet apôtre invincible. Ces premiers précieux collaborateurs furent Gilberte Côté, sa mère, madame Rosario Côté, et son frère Rosaire. Mlle Côté, une demoiselle cultivée, mit en entier, sa personne, son temps et sa fortune, au service de l’œuvre. Elle en assura l’administration, sa mère fournit les locaux et elle en fut la gardienne pendant vingt-cinq années.

Puis Louis Even reçut l’appui d’un éminent personnage: Maître J. Ernest Grégoire, brillant avocat de Québec, professeur à l’université Laval, diplômé de plusieurs universités d’Europe. Il fut le grand défenseur juridique de l’œuvre. Puis vint s’allier Gérard Mercier, le propagandiste né, le «boulet de feu» qui soulevait tout sur son passage.

Du côté du clergé, nos fondateurs reçurent l’appui de S. E. Monseigneur Alfred Langlois, évêque de Valleyfield, qui fut leur précieux défenseur au milieu de l’épiscopat si approché par l’adversaire qui voulait obtenir une dénonciation contre l’œuvre de Louis Even.

Une étude importante

L’œuvre prenant beaucoup d’importance et suscitant bien des questions, nosseigneurs les évêques du Québec nommèrent une Commission d’étude du Crédit Social. La conclusion du rapport fut très favorable au Crédit Social et démontrait qu’il n’était nullement entaché de communisme ni de socialisme et qu’il s’accordait avec la Doctrine Sociale de l’Eglise.

Evidemment nos journaux à la solde des financiers n’ont fait aucun écho à ce document si important, alors qu’ils publiaient en première page les calomnies lancées contre l’œuvre par les agents des financiers.

Politiciens à la solde des financiers

Louis Even continuait ses tournées de conférences, il se voyait retirer les salles par les influences perverses des politiciens. Mais rien ne l’arrêtait. Il parlait sur le perron des églises ou sur une galerie de forgeron. Un soir après sa conférence, il distribua sa littérature. Les gens aiguillonnés par les politiciens s’emparèrent de toute la littérature, la mirent en tas dans la rue et y mirent le feu, en criant comme des sauvages.

A un autre moment, après une conférence au Lac St-Jean, Louis Even s’est fait entourer et amener dans un garage par des adversaires qui lui ont versé de l’huile sale sur la tête et sur ses vêtements. Il dut traverser tout le village dans cet état lamentable, afin de pouvoir obtenir de l’aide d’une famille amie.

Louis Even a fondé l’œuvre des circulaires. Pendant la guerre, parce qu’il avait omis d’indiquer le nom de l’imprimeur, sur l’une de ces circulaires, ce que personne ne faisait, il s’est vu traîner en cour de justice, dans un procès, qui a duré neuf longs mois. Il fut finalement condamné à une faible amende. Mais pour défendre le principe de la liberté d’expression, Louis Even refusa de payer cette amende, et on l’amena en prison au milieu des criminels, des ivrognes, des bandits, ect. Il sortit de là en pleurant tellement il avait été indigné. Mais cela n’a ralenti en rien son combat contre les usuriers et en faveur de la libération des pauvres. Il continua avec plus d’enthousiasme que jamais.

Dirigé par le Ciel

Louis Even était gratifié de faveurs mystiques. Nous en parlerons dans un des prochains numéros de Vers Demain. Il assistait à la messe tous les matins, même à un âge avancé, et même aux jours de tempête. Il récitait le Rosaire chaque jour, à la maison, sur la route, en automobile, dans le train, sur les autobus. Marie fut l’étoile qui a orienté ses pas tout au long de sa vie.

Aujourd’hui son œuvre se répand dans le monde entier par son journal Vers Demain et par les circulaires, œuvre qu’il a enfantée dans les douleurs de la prison.

Il est décédé, à 89 ans, le 27 septembre 1974, pour aller fêter la saint Michel au Ciel.

Nous fêterons au congrès ce grand homme que nous avons connu, aimé et suivi. Il fut notre maître. Nous continuerons à marcher dans les sillons qu’il nous a tracés et nous entraînerons une multitude d’hommes et de femmes de cœur à suivre son exemple, afin d’en arriver finalement à accomplir l’idéal de sa vie: celui de libérer les pauvres de la misère. C’est le miracle que nous demandons à Louis Even publiquement. Que Dieu entende notre prière, par l’intercession de la Vierge Immaculée.

Thérèse Tardif

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