Gérard Lefebvre, sergent-major, 3961 rue Berri, Montréal, a fait plus de quatre ans outre-mer, dont 14 mois sur la ligne de feu en Italie. Il en est revenu avec une blessure au genou qui lui interdit son travail d'avant-guerre.
Avant de s'enrôler, il gagnait $200 par mois. Il n'en peut plus faire que $100, et la rareté des logements l'oblige à payer un loyer de $55 par mois. Or, Ottawa l'informe qu'il est jugé inapte 10 pour cent seulement, ce qui peut tout au plus lui laisser espérer une indemnité de $8 par mois.
Il écrit amèrement :
"Si j'avais su l'étendue des problèmes d'après-guerre, je vous assure que j'aurais réfléchi à deux fois avant de me porter volontaire pour service outre-mer."
C'était à prévoir après l'expérience de l'autre guerre. Et ce n'est pas à deux fois, mais à cent fois qu'il faut y regarder avant de marcher au son de la propagande.
D'ailleurs, en toute logique, c'est à ceux qui possèdent le Canada qu'il appartient de le défendre — surtout d'aller le défendre à 3,000 milles de ses frontières. Et qui est-ce qui possède le Canada ? Les banquiers, les trustards, les exploiteurs de Canadiens. Voilà donc ceux qui doivent les premiers aller au front. Puis, avec eux, les imbéciles — ministres et députés — qui déclarent la guerre sans être attaqués.