On célèbre en 2014 le centenaire du début de la première guerre mondiale, « la guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres ». Malheureusement, d’autres guerres ont suivi par la suite, et l’avenir semble plutôt sombre pour l’humanité.
Le 18 août 2014, sur le vol le ramenant à Rome à la fin de son voyage apostolique en Corée, le Pape François déclarait aux journalistes : « Aujourd’hui, nous sommes dans un monde en guerre, partout ! Quelqu’un me disait : « Savez-vous, Père, que nous sommes dans la troisième guerre mondiale, mais ‘disséminée’ ?” »
Le samedi 13 septembre, lors d'une messe célébrée au cimetière militaire de Redipuglia dans le nord de l'Italie, en mémoire des victimes de la Première guerre mondiale, le Pape François précisait sa pensée sur cette « troisième guerre mondiale », dénonçant la folie et l'inutilité de toutes les guerres. Voici des extraits de son homélie :
« La guerre est une folie. Alors que Dieu dirige sa création, et que nous les hommes, nous sommes appelés à collaborer à son œuvre, la guerre détruit. Elle détruit aussi ce que Dieu a créé de plus beau : l’être humain. La guerre défigure tout, même le lien entre frères. La guerre est folle, son plan de développement est la destruction : vouloir se développer au moyen de la destruction !
« La cupidité, l’intolérance, l’ambition du pouvoir… sont des motifs qui poussent à décider de faire la guerre, et ces motifs sont souvent justifiés par une idéologie ; mais d’abord il y a la passion, il y a une impulsion déformée. L’idéologie est une justification ; et quand il n’y a pas d’idéologie, il y a la réponse de Caïn : “Que m’importe ?”, “Suis-je le gardien de mon frère ?” (Gn 4,9). La guerre ne regarde personne en face : personnes âgées, enfants, mamans, papas… “Que m’importe ?”.
« Au-dessus de l’entrée de ce cimetière, flotte la devise narquoise de la guerre : “Que m’importe ?”. Toutes ces personnes, dont les restes reposent ici, avaient leurs projets, leurs rêves… mais leurs vies ont été brisées. L’humanité a dit : “Que m’importe ?”
« Aujourd’hui encore, après le deuxième échec d’une autre guerre mondiale, on peut, peut- être, parler d’une troisième guerre combattue “par morceaux”, avec des crimes, des massacres, des destructions…
« Aujourd’hui encore les victimes sont nombreuses… Comment cela est-il possible ? C’est possible parce que, aujourd’hui encore, dans les coulisses, il y a des intérêts, des plans géopolitiques, l’avidité de l’argent et du pouvoir, et il y a l’industrie des armes, qui semble être tellement importante !
« Et ces planificateurs de la terreur, ces organisateurs de l’affrontement, comme également les marchands d’armes, ont écrit dans leurs cœurs : “Que m’importe ?”. C’est le propre des sages, que de reconnaître leurs erreurs, d’en éprouver de la douleur, de les regretter, de demander pardon et de pleurer.
« Avec ce “Que m’importe ?” qu’ont dans le cœur les affairistes de la guerre, peut être gagnent-ils beaucoup, mais leur cœur corrompu a perdu la capacité de pleurer. Caïn n’a pas pleuré. L’ombre de Caïn nous recouvre aujourd’hui, dans ce cimetière. On le voit ici. On le voit dans l’histoire qui va de 1914 jusqu’à nos jours. Et on le voit aussi de nos jours.
« Avec un cœur de fils, de frère, de père, je vous demande à vous tous, et pour nous tous, la conversion du cœur : passer de ce “Que m’importe ?”, aux larmes. Pour tous ceux qui sont tombés dans l'hécatombe inutile, pour toutes les victimes de la folie de la guerre, en tout temps. L’humanité a besoin de pleurer, et c’est maintenant l’heure des larmes. »
Quatre jours plus tard, le 17 septembre, le Pape François recevait au Vatican une délégation de 40 représentants du Congrès juif mondial à l’occasion du Roch Hachana (fête juive célébrant la nouvelle année civile du calendrier hébreu). Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial, dit au Pape : « Ce sont d’abord les juifs qui ont souffert des attaques sauvages commises à leur encontre, et le monde est resté silencieux. Aujourd’hui, ce sont les chrétiens qui sont anéantis et les réactions sont peu nombreuses : pourquoi personne ne réagit ? »
En retour le pape François lui confia : « Vous avez souffert, maintenant c’est notre tour », et a réitéré son analyse selon laquelle le monde était engagé dans « une troisième guerre mondiale ». A la sortie de cette audience avec le Saint-Père. M. Lauder déclara aux journalistes : « Le Pape François nous a dit en privé qu’il pensait que nous étions entrés dans la Troisième Guerre mondiale. Mais contrairement aux deux premières, au lieu de se déclencher tout d’un coup, cette guerre arrive par étapes. »
Finalement, le 28 octobre 2014, le Pape François déclarait ce qui suit aux participants à la rencontre mondiale des mouvements populaires, réunis au Vatican :
« J’ai dit il n’y a pas longtemps, et je le répète, que nous vivons la troisième guerre mondiale, mais fragmentée. Il existe des systèmes économiques qui doivent faire la guerre pour survivre. Alors on fabrique et on vend des armes et ainsi les bilans des économies qui sacrifient l’homme sur l’autel de l’idole de l’argent réussissent évidemment à se rétablir. Et l’on ne pense pas aux enfants affamés dans les camps de réfugiés, on ne pense pas aux séparations forcées, on ne pense pas aux maisons détruites, on ne pense même pas aux nombreuses vies détruites. Que de souffrance, que de destruction, que de douleur ! Aujourd’hui, chères sœurs et chers frères, s’élève de tous les lieux de la terre, de chaque peuple, de chaque cœur et des mouvements populaires, le cri de la paix : Jamais plus la guerre ! »
Wesley Clark, général américain 4 étoiles maintenant à la retraite, ancien commandant en chef des armées américaines en Europe, Afrique et Moyen-Orient, de 1997 à 2001, déclarait le 2 mars 2007 à la journaliste Amy Goodman sur DemocracyNow, et aussi lors d’une conférence à San Francisco le 3 octobre 2007, que le plan du Département de la Défense américaine était d'envahir sept pays du Moyen-Orient :
« Lors d'une visite au Pentagone en 2001, un officier de l’État-major m’appelle dans son bureau et me dit : “Je veux que vous sachiez que nous allons attaquer l’Irak.” J’ai demandé : “Pourquoi ?” Il a répondu : “Nous ne savons pas.” J’ai dit : “Avons-nous établi un lien entre Saddam Hussein et le 11/9 ?” Et il m’a répondu que non.
« De retour au Pentagone, six semaines plus tard, j’ai revu le même officier et lui ai demandé : “Est-il toujours prévu que nous attaquions l’Irak ?” Il a répondu : “Monsieur, vous savez, c’est bien pire que ça.” Il a pris un document sur son bureau et me dit : “J’ai reçu ce mémo du Secrétaire à la Défense (Donald Rumsfeld)… qui dit que nous allons attaquer et détruire les gouvernements dans 7 pays en 5 ans. Nous allons commencer par l’Irak, et puis nous irons en Syrie, au Liban, en Libye, Somalie, au Soudan et en Iran.” J’ai dit : “7 pays en 5 ans !” Je lui ai demandé : “Est-ce un mémo top secret ?” Il me répondit : “Oui, Monsieur !”... Je ne pouvais pas croire que c’était vrai, mais c’est bien ce qui s’est passé... L’armée servirait à déclencher des guerres et à faire tomber des gouvernements et non pas à empêcher les conflits. »
Après dix années de crise économique, de 1929 à 1939, les pays occidentaux n'avaient pas trouvé d'autre solution de mettre fin à cette crise financière que de déclencher une guerre mondiale, pour faire circuler l'argent et redémarrer l'économie. Quelle folie, comme dit le Pape, de « vouloir se développer au moyen de la destruction » !
Et quelle tristesse de voir que, cent ans après le début de la première guerre mondiale, l'histoire semble vouloir se répéter, avec la poudrière du Moyen-Orient et les extrémistes de l'État islamique, qui n'hésitent pas à décapiter tous ceux qui ne veulent pas se convertir à leur vision de l'islam, en éliminant en tout premier lieu les chrétiens.
Lors d'une rencontre avec les nonces des pays du Moyen-Orient au début d'octobre 2014, le Pape François leur avait dit que pour trouver la cause des guerres, il suffisait de trouver qui finançait les armes. Ce qui laisse songeur, c'est que ce nouveau groupe armé djihadiste appelé État islamique (EI) faisait à l'origine partie des groupes financés par d'autres pays pour renverser le gouvernement syrien de Bachar el-Assad, tout comme Al Qaeda avait été financé par la CIA au début des années 1980 pour combattre les Russes en Afghanistan.
Quelle folie de sacrifier des milliers, et même des millions de vies humaines, pour la soif du pouvoir, pour maintenir un système financier qui est sur le point de s'écrouler ! Supplions le Dieu de la paix de mettre fin à ces guerres ; l'intercession de la Vierge Marie, par la récitation du chapelet, est l'arme la plus puissante pour mettre fin à toutes les guerres.