La vigoureuse contre-offensive allemande, en faisant crouler la perspective d'une paix très prochaine, réussit au moins à reculer le spectre du chômage qui commençait à faire son apparition.
Sous le système actuel, il faut être employé pour avoir le droit de vivre. Et l'on n'est bien employé qu'en temps de guerre, lorsque la destruction marche aussi vite que la production.
Les munitions s'étaient accumulées et des ouvriers, par centaines, étaient congédiés. Voici maintenant, qu'à cause du tournant sur le front ouest, on annonce que le programme de fabrication des industries de guerre pour 1945 ne le cédera pas beaucoup au programme de 1944. Les journaux nous disent que, au moins pour les premiers mois de l'année, il n'y aura pas de ralentissement. L'industrie canadienne des munitions reçoit même de nouveaux contrats du gouvernement américain.
N'est-ce pas pitoyable que la prospérité du travailleur soit liée à l'intensité de la tuerie ?
On se scandalise d'entendre parler de dividendes aux consommateurs pour activer l'industrie. On préfère sans doute l'impulsion due aux massacres de vies humaines : au moins les règlements du système sont respectés !