Vendredi matin, 9 avril, M. Louis Even était à sa chambre à Giffard, à préparer ce numéro-ci du journal.
Dix heures du matin. On sonne.
Un inspecteur de l'impôt sur le revenu se présente.
Ottawa serait donc inquiet des surplus de Vers Demain, d'un journal qui ne bénéficie d'aucune annonce payée ! Ottawa flairerait aussi en M. Even un nouveau riche !
Surtout depuis qu'il'y a l'Association Créditiste, dont les membres donnent à l'œuvre $5.00 par année, M. Even doit faire fortune ! Voilà l'opinion du notaire Gustave Jobidon, et voilà les inquiétudes actuelles du gouvernement d'Ottawa. Curieuse coïncidence !
Et admettons que, pour Ottawa, en effet, il y a matière à inquiétude ! Pensez donc, administrer une organisation provinciale en demandant $5.00 par famille à ceux seulement qui veulent bien payer. Ce que ça doit en procurer des bénéfices aux administrateurs !
Le gouvernement d'Ottawa ne s'y connaît-il pas en fait d'administration ? Il administre tout un pays de 11 millions, en demandant à chaque famille une faible contribution... disons $500.00 par année au minimum (l'équivalent du cadeau à l'Angleterre) ! Et chaque famille est obligée de fournir son quota, contrairement à l'Association Créditiste qui ne force personne.
C'est curieux tout de même que personne ne soit inquiet des surplus que doivent réaliser les administrateurs d'Ottawa ! Il est vrai qu'on nous a tellement habitués aux déficits des budgets publics, qu'il serait anormal de soupçonner même l'existence d'un surplus possible.
Mais ne nous décourageons pas. La litanie du notaire Jobidon n'est pas terminée. Après la poursuite de la Gendarmerie pour les circulaires, cette enquête du Département de l'Impôt peut n'être que le deuxième acte d'une très longue comédie.