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«Viens, Enfant Jésus !»... «Il est venu !»

le mercredi, 01 août 2001. Dans Apparitions et miracles

Ce qui suit est un fait véridique, qui montre combien est puissante la prière des enfants. Malheur à ceux qui veulent détruire la foi chez les tout-petits ! Le récit, écrit par Maria Winowska, a paru dans la revue dirigée par Daniel-Rops, « Ecclesia » de mars 1958. L'auteur tenait le fait du R. Père Norbert, l'un des derniers rescapés de Hongrie après l'insurrection écrasée par les chars d'assaut russes, en 1956. Ce Père Norbert avait été, dans une petite bourgade hongroise d'environ 1500 âmes, l'aumônier de l'école où se passa l'événement.

L'institutrice de cette école communale, Mlle Gertrude, athée militante, profitait de toutes les occasions pour ridiculiser la croyance en Dieu. Son objectif constant : former des petits sans-Dieu avec ses élèves, qui pourtant appartenaient à des familles profondément chrétiennes. Les petits ne se laissaient pas trop impressionner par les propos antireligieux de l'institutrice, et le Père Norbert faisait de son mieux pour les équiper ; il leur recommandait la fréquentation des sacrements pour trouver force et protection. Par une sorte de flair diabolique, Mlle Gertrude discernait tout de suite, d'un coup d'œil, quels élèves avaient communié le matin et elle s'acharnait à les rudoyer plus particulièrement.

Or, parmi ses élèves, une fillette de 10 ans, Angèle, était la plus brillante, toujours première de sa classe, et en même temps aimée de toutes ses compagnes. Or, un jour, elle demanda au Père Norbert la permission de communier tous les jours. Le Père, qui connaissait les manières de l'institutrice, fit remarquer à Angèle à quelles persécutions elle s'exposait. Mais la fillette insista : elle avait confiance dans la force qu'elle recevrait de Jésus qui, Lui, avait souffert le premier. « Il souffrait quand on crachait sur Lui, et cela ne m'est pas encore arrivé à moi. » Le Père, émerveillé, accorda la permission demandée, non sans inquiétude pour Angèle.

Dès lors, dit-il, la classe de Quatrième A devint un petit enfer. Angèle avait beau savoir très bien ses leçons, faire ses devoirs à perfection, elle fut l'objet constant des brimades de la maîtresse. Et, à partir de novembre, ce fut un véritable duel entre l'institutrice et l'enfant de dix ans. Mlle Gertrude avait évidemment le dernier mot ; mais Angèle gardait sa foi inébranlable, et son silence même opposait un refus visible aux arguments de l'institutrice. Celle-ci n'en devenait que plus féroce.

Dans le bourg et les environs, tout le monde fut bientôt au courant, mais personne ne blâma le Père d'avoir permis à Angèle de communier tous les jours. Les familles se rendaient bien compte que l'institutrice visait non pas seulement Angèle, mais la foi chrétienne, leur trésor à toutes. Les parents d'Angèle encourageaient leur enfant.

Puis vint le fait extraordinaire relaté par le Père Norbert. Le voici, dans ses propres termes, tels que reproduits dans « Ecclesia », No. 108, pages 92 et suivantes :

Peu de jours avant Noël, le 17 décembre exactement, Mlle Gertrude inventa un jeu cruel qui devait, à son sens, porter un coup de grâce à ce qu'elle appelait des superstitions ancestrales. Naturellement, Angèle fut mise sur la sellette. D'une voix douce, l'institutrice l'interroge :

- Voyons, mon enfant, lorsque tes parents t'appellent, que fais-tu ?

- Je viens, répond l'enfant d'une petite voix timide.

- Parfaitement ! Tu les entends appeler et tu viens aussitôt, comme une petite fille bien sage. Et que se passe-t-il lorsque tes parents appellent le ramoneur ?

- Il vient, dit Angèle.

Son pauvre petit cœur bat bien fort ; elle devine un piège, mais ne le perçoit pas.

Mlle Gertrude continue. (Elle avait les yeux d'un chat qui joue avec une souris, me dit plus tard une des élèves. Un air méchant, méchant).

- Très bien, mon enfant ! Le ramoneur vient parce qu'il existe. Tu viens, parce que tu existes. Mais supposons que tes parents appellent ta grand-mère qui est morte, viendra-t-elle ?

- Non, je ne le crois pas !

- Bravo ! Et s'ils appellent Barbe-Bleue ? Ou le Chaperon Rouge ? Ou Peau-d'Âne ? Tu aimes bien les contes. Voyons, que se passera-t-il ?

- Personne ne viendra, car ce sont des contes.

- Parfait, parfait, triomphe l'institutrice, on dirait qu'aujourd'hui ton intelligence se délie. Vous voyez donc, mes enfants, que les vivants, ceux qui existent, répondent à l'appel. Par contre, ceux qui ne répondent pas ne vivent pas ou ont cessé d'exister. C'est clair, n'est-ce pas ?

- Oui, répond la classe en cœur.

- Nous ferons tout de suite une petite expérience.

Se tournant vers Angèle : - Sors, mon enfant.

La fillette hésite, puis quitte le banc. La porte se referme sur sa chétive silhouette.

- Et maintenant, mes enfants, appelez-la !

- Angèle ! Angèle ! crient à tue-tête trente petits gosiers.

On finit par croire que ce n'est qu'un jeu. Angèle rentre, de plus en plus interdite. L'institutrice savoure ses effets :

- Nous sommes tous d'accord, dit-elle. Lorsque vous appelez quelqu'un qui existe, il vient. Lorsque vous appelez quelqu'un qui n'existe pas, il ne vient pas et ne peut venir. Angèle est en chair et en os, elle vit, elle entend ; lorsque vous l'appelez, elle vient. Supposons maintenant que vous appelez l'Enfant Jésus. Y en a-t-il parmi vous qui croient encore à l'Enfant Jésus ?

Un instant de silence. Puis quelques voix timides répondent :

- Oui, oui.... - Et toi, mon enfant, crois-tu encore que l'Enfant Jésus entend lorsque tu l'appelles ?

Voici donc le piège dont Angèle n'était pas arrivée à saisir le sens ni les dimensions. Elle répond avec une soudaine ferveur :

- Oui, je crois qu'il m'entend !

- Très bien, nous en ferons l'expérience. Vous avez vu tout à l'heure Angèle qui entrait lorsque vous l'avez appelée ? Si l'Enfant Jésus existe, il entendra votre appel. Criez donc, toutes ensemble, bien fort : « Viens, Enfant Jésus ! » Allons, un, deux, trois, ensemble !

Les fillettes se taisent et baissent la tête. Et dans ce silence, le rire sardonique de l'institutrice :

- Voilà où je voulais en venir ! Voilà ma preuve ! Vous n'osez pas l'appeler, car vous savez bien qu'il ne viendra pas, votre Enfant Jésus ! Il ne viendra pas plus que Peau-d'Âne ou Barbe-Bleue parce qu'il n'existe pas plus qu'eux. Il n'est qu'un mythe, une histoire pour bonnes femmes ronronnantes au coin du feu, que personne ne prend au sérieux, car ce n'est pas vrai !

Interdites, les petites filles continuent à se taire. L'une ou l'autre m'ont dit plus tard que, devant cet argument, le doute commençait à frôler leur esprit.

Angèle demeurait debout, pâle comme une morte. L'institutrice, elle, jouissait de son triomphe : « Écrasé, l'infâme ! »

Tout à coup, se produisit une chose imprévue. D'un bond, Angèle s'élança au milieu de la classe. Les yeux pleins d'éclairs, elle s'écria :

- Eh bien, nous l'appellerons. Vous m'entendez ? Toutes ensemble : « Viens, Enfant Jésus ! »

En un clin d'œil, toutes les petites filles furent debout. Les mains jointes, le regard ardent, le cœur gonflé d'un immense espoir, elles s'écrièrent :

- Viens, Enfant Jésus !

L'institutrice ne s'y attendait pas. Instinctivement, elle recula, les yeux fixés sur Angèle. Un instant de silence, lourd comme une angoisse. Puis, de nouveau, cette petite voix de cristal :

- Encore !

Ce fut un cri « à renverser les murs », m'a dit une des fillettes. Toutes criaient l'appel ensemble, sous l'impulsion d'Angèle, bien que me l'avoua plus tard l'une d'elles, Gisèle, « je ne m'attendais à rien d'extraordinaire. »

Mais l'extraordinaire arriva. Les fillettes ne regardaient pas la porte, m'ont-elles dit ; elles regardaient le mur en face, et sur ce fond blanc la figure d'Angèle. Mais c'est la porte qui s'ouvrit. Elle s'ouvrit silencieusement, et cependant, toutes s'en aperçurent, parce que, selon leurs expressions :

« Toute la lumière du jour s'enfuit vers la porte. Cette lumière grandissait, grandissait, puis devint un globe de feu. Alors on eut peur. Mais on n'eut même pas le temps de crier, que le globe s'entrouvrit et dans ce globe, parut un enfant, un enfant ravissant, comme on n'en avait encore jamais vu. »

Cet enfant leur souriait sans proférer une parole. Sa présence « était d'une immense douceur. On n'avait plus peur. Il n'y avait que de la joie. L'enfant était revêtu de blanc et ressemblait à un petit soleil. C'est lui qui produisait la lumière. Le jour semblait noir à côté. Puis, il disparut dans le globe de lumière qui se fondit. La porte se referma toute seule. »

Ravies, le cœur inondé de joie, les fillettes ne pouvaient proférer un mot.

Soudain, un cri strident déchira le silence. Hagarde, « les yeux sortis des orbites », disent les enfants, l'institutrice hurlait : « Il est venu ! Il est venu ! » Puis elle « s'enfuit », en claquant la porte.

La vision avait duré... un instant, un quart d'heure, une heure ? Sur ce point particulier, les enfants ne s'accordent pas ; mais elle ne dépassa certainement pas la durée de la leçon.

Angèle « semblait sortir d'un rêve ». Elle dit simplement :

- Vous voyez, Il existe. Et, maintenant, disons merci.

Sagement, toutes s'agenouillèrent et dirent un Pater, un Ave et un Gloria. Puis, elles quittèrent la classe, car c'était l'heure de la sortie.

Naturellement, l'affaire s'ébruita. Des parents vinrent me voir. Je questionnai les fillettes une à une. Eh bien, je puis déclarer, sur la foi du serment, que je n'ai pas découvert la moindre contradiction dans leur récit. Ce qui m'a surtout frappé, c'est que, après coup, l'événement ne leur paraissait nullement extraordinaire. « Puisqu'on était en panne, m'a dit l'une d'elles, il fallait bien que l'Enfant Jésus vienne nous dépanner. »

Quant à Mlle Gertrude, elle a dû être conduite dans un asile. Le corps enseignant étouffa l'affaire. Il paraît qu'elle ne cessait de hurler : « Il est venu ! Il est venu ! »... J'ai essayé d'aller la voir : en vain. Refus catégorique de laisser-passer pour les prêtres dans cet établissement pour aliénés.

Et Angèle ? Elle a fini ses classes et aide sa maman, car c'était l'aînée d'une famille nombreuse. Je crois qu'elle couve une vocation ; mais depuis mon départ précipité de la Hongrie, je l'ai perdue de vue.

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