En attendant que l'Union des Électeurs soit organisée dans assez de comtés pour s'élire un président provincial, M. Roland Corbeil en assume les fonctions, parce qu'il a beaucoup d'expérience dans le travail de pressions, travail propre à l'Union des Électeurs, et parce qu'il peut mettre tout son temps au service de la cause.
Il a commencé son travail le 3 juin. Il passe une grande partie de son temps à Ottawa. Il a actuellement comme objectif de rencontrer les députés fédéraux de la province de Québec, pour connaître officiellement leur attitude sur les questions suivantes :
1) L'abolition de l'impôt sur les revenus inférieurs à $3,000 par année ;
2) L'amnistie, la démobilisation, le retrait de la loi de conscription, l'opposition à l'entraînement militaire obligatoire en temps de paix ;
3) Une enquête royale sur les traitements infligés aux détenus dans l'armée ;
4) L'abolition des contrôles de guerre.
M. Corbeil se présente dans les milieux d'Ottawa comme représentant des électeurs de toute la province. Pour que son travail soit efficace, il faut que les députés s'aperçoivent qu'en effet, les électeurs sont derrière M. Corbeil.
Continuons donc à envoyer le plus possible de lettres, de résolutions et de cartes de pression.
Outre ce qui paraîtra dans Vers Demain, à commencer dans le prochain numéro, le bureau envoie des lettres fréquentes aux membres officiels de l'Union des Électeurs pour les tenir au courant des entrevues de M. Corbeil avec les députés. Ce sont sûrement des nouvelles intéressantes. Que ceux qui veulent recevoir ces lettres se hâtent donc d'entrer dans l'Union des Électeurs à titre de membres officiels : $3.00 par année (abonnement y compris), $2.00 pour ceux qui sont déjà abonnés.
Le 5 mai, M. Rosaire Fortier était de passage à Thetford. Il fit sortir l'équipe de M. Jos. Gagné, ce dernier allant à Pontbriand et lui-même à Leeds.
Leeds fournit 26 membres officiels ; Pontbriand, 11 membres officiels et 2 abonnements. Aux deux places, il y eut aussi de simples adhérents.
Thetford pourrait devenir un gros centre d'action.
M. Charles-Eugène Boucher, de Plessisville, est fidèle à sortir chaque dimanche. Le 12 mai, il rentra de Saint-Pierre-Baptiste avec 12 membres officiels et 5 abonnements. Nous lui souhaitons des compagnons pour couvrir ce coin intéressant du comté de Mégantic.
Rappelons que Plessisville fut la première paroisse de la province à recruter dix membres officiels de l'Union des Électeurs et à élire son Conseil de paroisse.
Bien que les adversaires n'en parlent que pour annoncer son décès imminent, le journal Vers Demain se porte mieux que jamais.
Depuis Pâques, c'est-à-dire du 21 avril au 1er juin, les abonnements reçus chaque semaine se présentent ainsi : 705, 837, 901, 1074, 881 ce qui fait une moyenne de 892 par semaine ; si ce régime se maintenait, cela voudrait dire 46,384 pour l'année. Durant les huit semaines précédant Pâques, la moyenne fut de 718 par semaine, chiffre qui suffirait à transporter bien des hebdomadaires d'idées au septième ciel.
Vers Demain est la propriété de l'Institut d'Action Politique, et ce sont les membres de l'Institut qui bâtissent sa circulation. Mais tous ses lecteurs en profitent, et par eux, la population entière, car la doctrine prêchée par Vers Demain est dynamique et rayonnante.
Le mouvement semblait dormir dans le comté de Gatineau depuis déjà quelques années. Paul-Eugène Drolet vient d'y faire une brève tournée, visitant Wakefield et Maniwaki. Résultat : Wakefield, 17 membres officiels ; à Maniwaki, 23 membres officiels.
Dans les deux places, ce fut le travail d'une seule journée. Le peuple attend le message... et les messagers.
M. Jean Grenier est maintenant connu, par sa plume au moins, de tous nos correspondants du Canada français. Mais il devient aussi une figure familière dans le comté de Terrebonne où, par son travail tenace et systématique, dimanche après dimanche, avec des collaborateurs de Montréal, de St-Janvier, de St-Jérôme et quelques autres, il est en train de monter un comté modèle pour l'Union des Électeurs. Ce n'était pourtant pas un champ plus facile qu'ailleurs, bien au contraire. Terrebonne sera le premier comté de la région de Montréal à former son conseil de comté, après que chacune de ses paroisses aura formé son propre conseil local.
La Convention Nationale de Régina semble avoir déclenché un regain d'activités créditistes en Saskatchewan. De Maple Creek, on rapporte une assemblée réussie, en plein temps des semailles, avec le Dr. Haldeman et M. Miller comme conférenciers. De Radcliffe, le lancement d'une campagne créditiste dans tout le comté, par MM. Lukes et Underbakke. D'Ettington, le projet d'une série d'assemblées pour M. Fletcher, commençant le 29 mai, et suivie d'une autre série un mois plus tard. De Meadow Lake, la préparation par M. Evanishen d'une tournée pour M. Fletcher dans tout le comté.
Ce rapport ne mentionne que des noms anglais. Mais, nous attendons ces jours-ci des rapports de notre M. Bouchard, qui passe le mois de juin dans les paroisses canadiennes-françaises de la Saskatchewan.
N'oublions pas que cette province est le château-fort des C.C.F., et il est plaisant d'y voir les créditistes lever la tête.
M. L.-P. Bouchard projette de consacrer les mois de juillet et août aux paroisses canadiennes-françaises du Manitoba. Nous espérons qu'il y aura le même succès qu'en Alberta.
Nous encourageons fortement nos lecteurs à joindre l'organisation créditiste de leur province, la Ligue du Crédit Social du Manitoba (adresse postale : P. O. Box 225, Winnipeg). Notre désir est de les voir prendre une bonne place dans la conduite du mouvement dans leur province.
La culture française fait une grosse part aux principes et au sens de l'idéal. La culture anglaise fait plus de part au pragmatisme et au réalisme. Une harmonieuse conjugaison des deux au service d'un objectif commun nous semble de nature à donner d'excellents résultats.
Dans notre numéro du 15 mai, nous parlions de la publicité accordée à M. Bouchard dans l'Ouest par les bons offices de M. Arcouette. Par erreur, nous mentionnions M. Arcouette comme secrétaire de La Survivance et nous attribuions à ce journal de bonnes paroles à l'égard de notre missionnaire. M. Arcouette est seulement secrétaire de l'Association Canadienne-Française de l'Alberta. La Survivance est bien l'organe officiel de cette association, mais déclare ne se mêler aucunement de politique de groupe. Elle n'a point du tout fait l'éloge de M. Bouchard ni de son travail. D'ailleurs, c'est en son nom personnel et à titre de compatriote que M. Arcouette souhaitait bienvenue et succès "au digne visiteur de l'Est".
Les extraits suivants du Canadian. Social Crediter du 2 mai, sous la signature de N. B. James, au sujet de la conférence intergouvernementale d'Ottawa, prouvent que dans l'Alberta on entretient les mêmes idées que nous à ce sujet :
M. King a enfin mis de côté le manteau de démocratie derrière lequel il s'est caché pendant bien des années et s'affiche, ouvertement et sans rougir, comme champion de la dictature centralisée à Ottawa.
Que les provinces gagnent ou perdent quelques millions par cet arrangement forcé, cela n'a aucune importance. Si M. King obtient son point en cette affaire, cela signifie que lui et sa clique auront tout pouvoir entre les mains. Le pouvoir des cordons de la bourse est, et a toujours été, le pouvoir régnant dans la vie sociale et économique de tout pays ; et c'est ce pouvoir que M. King essaie, depuis des années, de prendre en ses propres mains pour le bénéfice de la Finance...
Dans son ultimatum éhonté, M. King s'est dépouillé des derniers vestiges de son camouflage de démocratie et joint ouvertement les rangs des dictateurs totalitaires. S'il réussit dans son complot, le peuple canadien aura perdu les restes de liberté pour la sauvegarde desquels nos braves ont combattu si noblement pendant les sept dernières années.
M. King dépasse Rothschild. Rothschild disait : "Qu'on m'abandonne le contrôle du crédit et de l'argent d'une nation, et je ne me soucie aucunement de qui fait ses lois". M. King lui, veut contrôler le crédit et l'argent de notre pays et retenir en plus le pouvoir de faire ses lois...
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M. King trouve qu'il n'y a pas d'argent pour permettre une vie convenable à nos vieux. Or M. King et sa clique n'hésitent point à donner ou prêter (ce qui est pratiquement la même chose) des milliards à d'autres pays, avec l'idée nébuleuse que ces milliards vont nous revenir en "commerce étranger". Quelle fascination le mot "étranger" a pour eux !
Donner à NOTRE peuple un pouvoir d'achat suffisant pour qu'il puisse jouir des bienfaits de NOTRE production ne semble pas être entré dans leur drôle de petite tête. C'est trop simple et trop direct. Pour qu'un plan soit acceptable à leurs étranges esprits, il faut d'abord qu'il soit désespérément compliqué. À moins qu'environ six départements différents, quatorze succursales et vingt bureaux n'y soient bien mêlés, le plan est condamné...
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Il devient de plus en plus évident que toute l'idée de la conférence est de rendre les provinces tellement dépourvues de pouvoir, si désarmées et si futiles, que le peuple finira par décider de les effacer et de centraliser tout le pouvoir dans la bureaucratie d'Ottawa. Ce n'est qu'un pas de plus vers le socialisme national si cher aux cœurs des Kings, des Ilsleys et des Coldwells du Canada.
Une fois tout pouvoir concentré à Ottawa, il sera relativement facile de transférer la souveraineté et la liberté des Canadiens à un pouvoir encore plus sinistre qui, par sa police mondiale (à laquelle nous contribuerons généreusement), saura nous maintenir dans la sujétion et la docilité...
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Personnellement, je pense qu'il est à peu près temps pour les neuf premiers-ministres des provinces de tenir une conférence à eux, d'y rédiger une véritable constitution et une véritable Charte de droits, puis d'informer le prétendu gouvernement fédéral que c'est là la volonté du peuple et que cette volonté doit être obéie.
Après tout, le gouvernement fédéral n'existe que grâce au bon vouloir des neuf provinces ; il ne doit être que le serviteur des provinces et n'est là que pour obéir à la volonté du peuple des neuf provinces.
En réalité, à part quelques détails de relations extérieures (dont jusqu'ici Ottawa a fait un gâchis complet), je ne vois pas que le gouvernement fédéral serve à grand'chose. Sûrement, les neuf premiers-ministres pourraient se réunir une fois ou deux par année, décider ensemble des grandes lignes de conduite, et s'en retourner dans leurs provinces respectives, où chacun d'eux, par les méthodes les mieux appropriées à sa propre province, poursuivrait l'objectif commun pour le bien des citoyens du Canada...
N. B. JAMES.