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Notre-Dame de l'Assomption dans l'histoire du Canada

le samedi, 01 août 1998. Dans Église canadienne

Nous aimons vous citer des extraits tirés de deux formidables articles traitant du culte de Notre-Dame de l'Assomption au Canada français ; articles tirés de la revue "Marie", publiée par le Centre Marial Canadien, de Nicolet. Voici premièrement des citations de l'article "L'Assomption au cours de notre histoire" dans l'édition de mai-juin 1947 :

Ne convient-il pas de rappeler ici que nos origines nationales, nous Canadiens français, révèlent de bien touchantes manifestations de la foi de nos pères envers Marie régnant au Ciel en corps et en âme ? Le premier nom marial qui fleurit la carte de la province de Québec est précisément celui de l'Assomption. Alors qu'il remonte le Saint-Laurent dans son deuxième voyage en la Nouvelle-France, Jacques Cartier jette l'ancre, le 15 août 1535, à la pointe occidentale d'une île longue de 135 milles, large de 30, et recouverte d'excellentes forêts... Le célèbre malouin, grand serviteur de Marie, nomme cette île L'Assomption.. NDLR : Puisse, un jour, la province de Québec, retrouver la foi de ses ancêtres et redonner à l'île d'Anticosti le magnifique nom que lui décernait le découvreur du Canada.

La France consacrée à l'Immaculée

Cent ans plus tard. Le Cap Diamant étend son ombre sur les modestes habitations de la cité de Champlain (la ville de Québec). En France, règne Louis XIII, sur- nommé le Juste. La protection de la Sainte Vierge lui a été fort tutélaire depuis qu'il est monté sur le trône fleurdelisé. Le 10 février 1638, en présence de l'archevêque de Paris et des grands de la cour, le roi déclare qu'il consacre à Marie sa personne, celle de la reine, ses richesses et son royaume. En mémoire de cette consécration et en l'honneur de la Reine des Anges, le monarque établit que des processions solennelles se feront chaque année par toute la France, le jour de l'Assomption.

Les bateaux apportent l'heureuse nouvelle aux habitants de Québec, à l'été de 1639. Grande jubilation. On fait voler des feux au ciel, tomber des pluies d'or, briller des étoiles ; le canon fait un grand tonnerre dans les échos des épaisses forêts... "Et poursuit le R.P. Lejeune, S.J., dans sa pittoresque Relation, notre joie ne se contint pas dans l'éclat de nos feux ; nous fîmes quelque temps après une procession qui aurait ravi toute la France si elle avait paru dans Paris." C'est au Canada français, et probablement sur tout le continent américain, la première grande solennité publique de l'Assomption. Suivons le pittoresque récit du célèbre historien jésuite.

Dès le grand matin, les néophytes chrétiens viennent entendre la sainte messe. Les autres Indiens qui sont dans les environs de Québec se rassemblent devant l'église, on les place dans l'ordre qu'ils doivent tenir. La procession commençant à marcher, la Croix et la bannière passent devant. Monsieur Gand (procureur général de la Compagnie des Cents Associés) vient après, marchant en tête des Indiens. Les six premiers portent les habits royaux (dont Louis XIII leur a fait cadeau l'année précédente : toile, or, velours, satin, panne de soie écarlate, et le reste à l'avenant). Ils vont deux à deux, fort posément, avec une belle modestie.

Marie de l'Incarnation

Après les hommes, marche la sainte Marie de l'Incarnation, tenant à ses côtés quatre filles indiennes vêtues à la française. Viennent ensuite toutes les filles et les femmes des Indiens en leur propre habit, gardant parfaitement leur rang. Suit le Clergé, après lequel marche Monsieur le Gouverneur Charles Huault de Montmoren- cy ; les Français et les Françaises ferment la procession sans autre ordre que celui de l'humilité.

Sitôt la procession commence à marcher, les canons font un tonnerre qui donne une sainte frayeur aux pauvres Indiens. Arrivés à l'Hôtel-Dieu, les Indiens se mettent à genoux d'un côté, les Français de l'autre et le Clergé au milieu. Tous prient pour le Roi, la Reine, pour le Dauphin qui vient de naître, pour la France et pour la nation des Indiens. On chante les principaux articles de notre foi en langue huronne et en langue française. Puis la procession tire droit aux Ursulines. Passant devant le château Saint-Louis, les Mousquetaires font une salve fort gentille, et le canon redouble ses tonnerres. Les religieuses chantent l'Exaudiat à deux chœurs, ravissant les Indiens et réjouissant fort les Français. Au sortir des Ursulines, la procession se rend à la chapelle de la cité. À la porte, on prie et on chante en langue indienne. À l'intérieur, la cérémonie se termine par des chants français et la bénédiction du Saint Sacrement. Monsieur le Gouverneur donne ensuite le festin à une centaine d'Indiens ou environ.

Fondation de Montréal

Trois années s'écoulent. Le 17 mai 1642, M. de Maisonneuve entre en possession de l'île de Montréal. Le lendemain, le Père Vimont, qui accompagne les fondateurs de Ville-Marie, fait chanter le Veni Creator, dit la sainte messe et expose le Saint Sacrement pour attirer les bénédictions du ciel sur la cité naissante.

Il est à remarquer que la première fête solennisée en l'île de Montréal est précisé- ment celle de la glorieuse et triomphante Assomption de la Sainte Vierge...

Tous les assistants, Français et Algonquins convertis, communient à la messe que célèbre le R. Père Vimont... Après l'instruction faite aux Algonquins par le R. Père Vimont, qui entend leur langue, il se fait une belle procession à laquelle prennent part les Français et les Indiens, ces derniers bien étonnés de voir une si sainte cérémonie se dérouler dans les grands bois qui couvrent leur île...

15 août, fête nationale des Indiens

Ces manifestations publiques de la piété mariale des fondateurs de nos premières cités sont à la base même de la tradition qui veut que le 15 août soit fête nationale et religieuse chez les Indiens catholiques, non seulement du Canada, mais aussi de toute l'Amérique du Nord. Les missionnaires français n'ont-ils pas, les premiers, porté l'Évangile chez eux tous ? Aussi, à quelque mission qu'ils appartiennent, c'est en la fête de l'Assomption de la Sainte Vierge qu'éclate avec le plus de solennité la piété franche et naïve de nos aborigènes...

"Tant que le monde dure, disait le Curé d'Ars, on tire Marie de tous côtés." Tirons-La du nôtre, chers auditeurs. Tirons-La aussi et surtout du côté de tous ceux, - Ils sont léglon, qui nuisent au Christ, en nuisant à son Église et aux âmes. Elle les vaincra, car Elle est terrible comme une armée rangée en bataille.

Nous relevons de la revue Marie, de mars-avril 1951, des extraits d'une conférence sur le culte de l'Assomption au Canada français, magnifique panégyrique donné par Roger Brien à Rome lors du Congrès Marial International, en octobre 1950 :

L'Acadie mariale

Sainte Marguerite Bourgeoys a droit à une place à part dans l'histoire du culte de l'Assomption, à Montréal. Si son cher Sanctuaire de Notre-Dame du Bon-Secours est dédié à Notre-Dame Auxiliatrice, il a pour titulaire l'Assomption. La pierre angulaire du 29 juin 1675 l'indique clairement. Mais ce n'est qu'une Chapelle, et c'est l'Acadie mariale qui a donné au Canada français sa première paroisse assomptionniste, à Port-Royal, Nouvelle-Écosse, en 1678.

Depuis lors, les paroisses sous titulaire de l'Assomption se multiplient... Le R.P. Conrad M. Morin, O.F.M., dans sa belle étude L'Assomption dans l'histoire canadienne, présentée lors du congrès marial sur l'Assomption tenu à Montréal, en 1948, compte une cinquantaine d'églises et de chapelles qui ont l'Assomption pour titulaire, et il admet que bon nombre de diocèses et de Vicariats Apostoliques ne figurent pas dans cette statistique.

Dans le culte de l'Assomption au Canada français, il faut réserver une place de choix à l'Acadie mariale. Les Acadiens proclamaient Notre-Dame de l'Assomption leur Patronne céleste, le 15 août 1881, et Pie XI ratifiait cette décision, le 19 janvier 1938. "La cathédrale de Moncton dédiée à l'Assomption et inaugurée le 21 novembre 1940, écrit le R.P. Conrad M. Morin, O.F.M., constitue le beau et solide «monument de la reconnaissance» du peuple d'Acadie à sa suzeraine et bienfaitrice. C'était l'aboutissement de toute une action concertée, depuis 1881, en vue de se rallier sous l'égide de Notre-Dame de l'Assomption : en 1884, choix de l'Ave Maris Stella pour hymne national et du drapeau à l'étoile mariale pour emblème acadien ; le 1er mai 1932, création à Campbellton, N.B., d'une communauté religieuse destinée à assurer l'éducation et l'instruction de ses enfants, et aussi, à pourvoir à l'en- seignement du catéchisme dans les paroisses qui ne peuvent soutenir une école catholique, c'est-à-dire, les filles de Marie de l'Assomption.

Mais il est une congrégation que nous devons faire briller particulièrement à votre esprit, en ce jour, c'est le célèbre Institut des Sœurs de l'Assomption de la Vierge, fondé le 8 septembre 1853, à Saint-Grégoire le Grand, dans le beau Diocèse de Nicolet.

Le dogme de l'Assomption

... Le culte de l'Assomption au Canada français a fourni sa large part lors des pétitions d'évêques, de prêtres, de religieux, de fidèles priant le Saint-Père de promulguer le Dogme de l'Assomption.

N'est-ce pas le 15 août, en la fête de l'Assomption, que tous les Canadiens se rendent en pèlerinage national à Notre-Dame du Cap, notre Madone ? Nous pour- rions continuer la longue énumération des fastes religieux du Canada français autour de l'Assomption.

Roger Brien

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