Les récentes élections municipales en France, première occasion accordée aux Français de s'exprimer aux polls depuis avant la guerre, ont manifesté un fort mouvement vers le communisme.
En face de cette triste constatation, il est réconfortant pour quiconque croit à la puissance du surnaturel, d'apprendre le renouveau religieux opéré chez nombre de Français par le "Grand Retour".
Le "Grand Retour", c'est la série de pèlerinages organisés autour de la Vierge de Boulogne.
* *
C'est le 28 mai 1943, en plein sous l'occupation allemande, que des missionnaires commencèrent, avec la statue célèbre de Notre-Dame de Boulogne, une randonnée à travers les villes et villages de France. Les pèlerinages partirent de Lourdes.
Les missionnaires font au moins trois villages par jour. Ils commencent de grand matin et finissent tard dans la nuit. Les catholiques se réunissent à l'Église paroissiale : prières, chants, sermon, puis sortie en procession prolongée, les bras en croix et pieds nus. Oui, pieds nus sur tous les chemins, qu'ils soient d'asphalte ou de cailloux, et les bras en croix, en répétant des invocations à la Vierge : "Notre-Dame, rendez-nous nos prisonniers."
Les deux millions de prisonniers militaires et industriels détenus en Allemagne après 1940 faisaient la grande douleur de la France.
Le pèlerinage s'accompagne de confessions, de communions si c'est le matin, et d'une consécration personnellement signée à la Très Sainte Vierge. Les missionnaires entendent que cet acte de consécration soit libre et sérieux : mieux vaut ne le pas faire que de le mal faire. Les missionnaires font déposer les noms des signataires dans une barque. Il y en a déjà des millions, et tous ces noms seront déposés dans la Basilique de Notre-Dame de Boulogne.
Le pèlerinage du soir, généralement le troisième de la journée, se prolonge par une veillée mariale, tard dans la nuit. À minuit, messe. À quatre heures du matin, clôture.
Comme la demande est grande, par les catholiques de tout le pays, les missionnaires ont fait faire deux autres statues semblables et se sont divisés en trois équipes.
* * *
Voici, tel que reproduit dans le DROIT du 14 avril, un passage d'une lettre des Rédemptoristes de Paris :
"Marie passe, elle console et elle convertit. C'est son rôle éternel et elle le remplit bien dans ce "grand retour". Ce qu'il y a d'extraordinaire, de prodigieux même, c'est que Notre-Dame, partout où elle a passé, sans exception aucune, a remué la vieille âme française.
"Même dans des régions déchristianisées, comme les départements du centre, les résultats ont été merveilleux. Des populations entières abandonnaient leurs travaux pour suivre la Vierge. Quelquefois, elles ne savaient même plus ce que c'était qu'un chapelet ou un cantique ; mais, sans honte ni respect humain, elles suivaient Marie, pieds nus et bras en croix, enlevées par une force surnaturelle à laquelle elles ne pouvaient résister. Et tous chantaient, priaient et pleuraient d'avoir retrouvé des routes qu'ils ne connaissaient plus. Des pauvres "diables", venus uniquement pour rire de leurs camarades qui osaient prier, étaient saisis et tombaient à genoux, dès qu'ils avaient regardé la Vierge.
"Ce qu'elle en a entendu, la Vierge, de ces acclamations : Notre-Dame de Boulogne, merci d'être venue chez nous ; donnez-nous la paix ; convertissez nos cœurs ; ramenez nos prisonniers ; convertissez les pécheurs qui sont ici. Et les pauvres pécheurs faisaient la queue près des confessionnaux. C'étaient de vrais cris jetés à Marie....
"Et cela sans propagande dans les journaux. Les curés eux-mêmes s'y opposaient. Marie vainquit les résistances ; même celles des Allemands. On se demande pourquoi ceux-ci n'ont jamais entravé ce mouvement chrétien et français aussi. On ne leur avait pas demandé la permission de faire crier à la foule d'Angers : Vive la France !
"Des grâces si nombreuses et si choisies prouvent que Marie veut autre chose chez nous qu'un moment de recueillement. C'est une conversion complète qu'il faut."
* * *
On pourra se demander pourquoi nos grands journaux n'ont point fait écho à ces événements. C'est que l'intervention du surnaturel n'intéresse pas beaucoup les agences de presse mondiale. Un discours de Churchill ou une proclamation de Staline comptent beaucoup plus pour elles que les œuvres de la Reine du Ciel.
Marie aime encore la France, et il y a encore des cœurs français qui aiment Marie. Nous nous refusons à croire que le communisme et l'enfer puissent avoir le dernier mot.