Dans tous les budgets de nos corps publics, au fédéral, au provincial, au municipal, au scolaire, etc., il y a un item – et pas des moindres – qui n'est point du tout destiné à payer un service public. C'est celui qui porte la dénomination "Service de la dette".
Le dette n'est certainement pas un service public. Bien plutôt le tribut à un asservissement public. L'argent attribué chaque année à cette fin ne construit ni n'entretient un seul pont, pas même un pouce carré de pavage.
C'est pourtant le point le plus sacré du budget. Le moins discuté, ou plutôt, pas discuté du tout. Dépense incompressible, dit-on. Incompressible, mais extensible car elle va généralement en grossissant avec les années.
Tout ce qui a été construit au pays, en fait de routes, de ponts, d'écoles, d'églises, d'établissements publics, l'a été par la population du pays : les uns y travaillant directement, d'autres produisant ce qu'il faut en toutes sortes de choses pour répondre aux besoins de ceux qu'emploie le secteur public. Fruit, donc, du travail collectif de la population. Et pourtant, c'est la population du pays qu'on taxe ainsi chaque année, pour servir des intérêts à des gens qui n'ont nullement mis la main à l'ouvrage, qui souvent même sont de parfaits étrangers.
En cela, le mécanisme de la taxation est un mécanisme de vol. Légalisé, mais vol quand même.
Toutes les cités, toutes les villes, tous les villages, ont dans leur budget cet item qui prend de force l'argent des citoyens sans rien leur donner en contrepartie.
Les voleurs font exactement comme cela. Avec cette différence que les voleurs, ceux que tout le monde appelle voleurs, agissent sans autorisation. Ils courent des risques : ils risquent la prison, le pénitencier. Tandis que les voleurs auxquels vont les taxes des citoyens ne risquent rien. Ils n'ont même pas à se déranger pour avoir le magot. Nos conseils municipaux, nos commissions scolaires se chargent d'exécuter le vol pour eux et de leur en passer dévotement le fruit. La police, les autorités, la loi, n'entrent en scène que contre ceux qui négligent ou qui refusent de céder ainsi leur argent. Le puni sera celui qui ose dire non aux agents des voleurs, aux percepteurs de taxes. Sa maison y passera. On ne lui dit pas tout à fait : "La bourse ou la vie !", mais : "Ta bourse, ou le chemin pour ta famille !"
Il en va de même au gouvernement provincial. De même au gouvernement fédéral, ou c'est la prison pour celui qui ne veut pas se plier aux exigences des agents de ce vol légalisé.
Même quand l'argent des taxes et des impôts sert réellement à payer des services publics, pourquoi taxer les individus pour payer les travaux, quand la capacité de production du pays peut fournir à la fois les développements publics et les produits à mettre sur le marché ?
Si la population du pays peut fournir les deux, il n'y a aucune raison de lui enlever le droit à des biens privés comme conditions pour lui permettre d'avoir des biens publics. Or, elle est capable de fournir les deux, quand il y a des centaines de mille bras qui s'offrent et dont la production dit n'avoir pas besoin. Une grande capacité de production n'est donc pas utilisée.
Face à une capacité de production non utilisée, les taxes qui diminuent le droit des individus à des produits répondant à leurs besoins sont un vol.
Il y a aussi les impôts prélevés pour financer ce qu'on appelle la sécurité sociale : allocations familiales, pensions de vieillesse, pensions aux invalides, allocations aux mères nécessiteuses, etc.
Il est certainement juste que, de quelque manière, chaque personne, employée ou non, bien portante ou malade, ait accès aux choses nécessaires à la vie. Mais dans un monde où la production abonde sans même employer tous les bras disponibles, pourquoi enlever aux uns pour permettre aux autres d'avoir quelque chose ? Pourquoi prendre dans l'assiette de Pierre pour mettre dans l'assiette vide de Paul, quand le garde-manger est plein à déborder ?
C'est pourtant cela qu'on fait financièrement, par les taxes, parce que le système financier est faux : il rationne devant l'abondance. Le maintenir et taxer devant l'abondance, c'est voler ceux que l'on taxe.
Voilà donc encore une tranche des taxes modernes qui constitue un vol légalisé. Et il y en a d'autres.
Les gouvernements aujourd'hui, et de plus en plus, entrent dans des fonctions qui ne sont pas les leurs propres.
Ce n'est pas le rôle d'un gouvernement de faire ce que les personnes, les familles, les groupements libres, les corps intermédiaires, les administrations locales sont capables d'accomplir aussi bien et même mieux que le gouvernement.
Si une entrave quelconque empêche les individus, les familles, les corps intermédiaires de bien remplir leur fonction propre, le gouvernement doit intervenir, non pas pour la faire à leur place, mais bien plutôt pour enlever l'obstacle que lui seul peut bien enlever. C'est le cas de l'obstacle purement financier. L'absence de moyens de paiement devant des moyens physiques puissants constitue un vice de finance.
Si, au lieu de corriger ce vice du système financier, correction qui ne peut bien être faite que par lui, le gouvernement taxe les citoyens pour se substituer aux familles ou aux corps intermédiaires, il commet plusieurs fautes. Il néglige son rôle propre. Il laisse le monopole financier se perpétuer et se fortifier. Il vole ceux qu'il taxe. Il s'immisce dans ce qui n'est pas de son ressort.
Le gouvernement se fait ainsi voleur en même temps qu'envahisseur. Il donne comme excuse. l'impuissance financière des groupements inférieurs, alors qu'il devrait supprimer la source de cette impuissance engendrée par un système financier mal ordonné.
C'est ainsi que le budget de la province de Québec a triplé ou presque en trois ans d'administration libérale (années 60). Et la dette publique a également triplé ou presque. Tout cela servi par les taxes, ou par des emprunts qui signifient des taxes à suivre.
Tous les gouvernements font de même. Les contribuables se font pomper de plus en plus. Ce n'est pas seulement leur pouvoir d'achat qui en souffre. Leur liberté personnelle se fait gruger par les empiètements croissants de l'État et de ses bureaucrates.
Dans les conférences entre le Fédéral et les gouvernements provinciaux, il est surtout question de répartition des sources de fiscalité. C'est-à-dire décider quelle sera la part du fédéral et quelle sera la part des provinces dans l'argent à tirer des contribuables. Droits de taxer fédéraux et droits de taxer provinciaux. Les droits des citoyens n'entrent pas en considération. C'est pourtant pour eux qu'existent les gouvernements : pour les protéger, et non pas pour les dévaliser.
À quand une réunion des taxeurs et des taxés pour protéger les droits des seconds en limitant les pouvoirs des premiers ?
Le vol légalisé que nous dénonçons comprend donc, au moins :
Ce que le gouvernement soustrait de la population pour payer tribut au système qui endette la population à
mesure qu'elle développe le pays ;
Ce que le gouvernement enlève du pouvoir d'achat des individus, alors que la production offerte attend des
acheteurs ;
Ce que le gouvernement prend en taxes pour s'occuper de fonctions qu'il devrait laisser aux personnes, aux
familles, aux corps intermédiaires ;
Tout ce qu'il prélève sur les fruits de la production actuelle, alors qu'une production potentielle demeure dans le néant par suite d'un système financier vicié que le gouvernement refuse de corriger ;
Tout ce que ce système de taxation comporte de frais onéreux qui seraient inutiles sous un système de finance saine, conforme aux réalités de la capacité moderne de production dans le secteur public en même temps que dans le secteur privé.
Le mécanisme actuel des taxes et des impôts, qui occupe tant les gouvernements, est donc bien un mécanisme de vol légalisé. Le voleur est surtout le monopole de l'argent et du crédit. Les agents du voleur sont les gouvernements. Les victimes sont les contribuables, c'est-à-dire, directement ou indirectement, toute la population.