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La Passion de l’Église

Alain Pilote le vendredi, 01 mars 2019. Dans Infiltration

« Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants »

(Catéchisme de l’Église catholique, n. 675).

Passion de l'Église

Le dimanche 24 février 2019 se clôturait au Vatican le Sommet sur la protection des mineurs, déclenché à la suite de scandales récents d’abus sexuels d’enfants, d’adolescents et d’adultes par des prêtres, et même des évêques, et dont se sont délectés les médias d’information, en profitant pour discréditer l’Église davantage.

Le cas le plus scandaleux est celui du cardinal américain Theodore McCarrick, archevêque émérite de Washington, qui aurait abusé pendant plusieurs décennies des adolescents, des étudiants séminaristes et des prêtres. Des rumeurs circulaient depuis plusieurs années à son sujet, des montants avaient été versés en compensation aux victimes (pour acheter leur silence), mais une accusation contre McCarrick fut rendue publique en août 2018 par l’ancien nonce apostolique aux États-Unis, Mgr Carlo Maria Viganò, dans une lettre adressée au pape François. Une enquête fut faite par le Vatican, avec la conclusion que les accusations de Mgr Vigano étaient fondées: en février 2019, le Vatican retira à Mgr McCarrick son titre de cardinal, et il fut même réduit à l’état laïc. Depuis, d’autres évêques et cardinaux à travers le monde ont été accusés, et même condamnés par les tribunaux civils (parfois injustement, il faut le dire).

De telles choses choquent, font mal à l’Église et aux fidèles. C’est ce qui a amené le pape François à convoquer les présidents des conférences épiscopales de tous les pays à Rome pour un sommet de quatre jours sur la question, un événement sans précédent dans l’histoire de l’Église.

Dans le discours de clôture de ce sommet, le pape François a eu des paroles très fortes pour dénoncer ces comportements inacceptables et abominables de consacrés, comparant ces crimes à «la pratique religieuse cruelle, répandue par le passé dans certaines cultures, qui consistait à offrir des êtres humains – spécialement des enfants».

Sans nier l’existence du problème, le Saint-Père a rappelé que ce phénomène des abus ne se limite pas au clergé catholique, mais existe dans tous les milieux de la société :

«La première vérité qui émerge des données disponibles est que ceux qui commettent les abus, autrement dit les violences (physiques, sexuelles ou émotionnelles), sont surtout les parents, les proches, les maris d’épouses mineures, les entraineurs et les éducateurs. En outre, d’après des données de l’Unicef pour l’année 2017 concernant 28 pays dans le monde, sur 10 jeunes filles qui ont eu des rapports sexuels forcés, 9 révèlent avoir été victimes d’une personne connue ou proche de leur famille.»

Mais, ajoute le pape, «nous devons être clairs : l’universalité de ce fléau, alors que se confirme son ampleur dans nos sociétés n’atténue pas sa monstruosité à l’intérieur de l’Église. L’inhumanité du phénomène au niveau mondial devient encore plus grave et plus scandaleuse dans l’Église, parce qu’en contradiction avec son autorité morale et sa crédibilité éthique. La personne consacrée, choisi par Dieu pour guider les âmes vers le salut, se laisse asservir par sa propre fragilité humaine, ou sa propre maladie, devenant ainsi un instrument de Satan. Dans les abus, nous voyons la main du mal qui n’épargne même pas l’innocence des enfants.» (…)

«C’est pourquoi dans l’Église s’est accrue, ces temps-ci, la prise de conscience de devoir non seulement chercher à enrayer les abus très graves par des mesures disciplinaires et des procédures civiles et canoniques, mais aussi d’affronter résolument le phénomène à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Église. Elle se sent appelée à combattre ce mal qui touche le centre de sa mission: annoncer l’Évangile aux petits et les protéger des loups avides.

«Je voudrais ici réaffirmer clairement: si dans l’Église on détecte même un seul cas d’abus – qui représente déjà en soi une horreur-, un tel cas sera affronté avec la plus grande gravité. Frères et sœurs, dans la colère légitime des personnes, l’Église voit un reflet de la colère de Dieu, trahi et frappé par ces consacrés malhonnêtes. L’écho du cri silencieux des petits, qui au lieu de trouver en eux une paternité et des guides spirituels ont trouvé des bourreaux, fera trembler les cœurs anesthésiés par l’hypocrisie et le pouvoir. Nous avons le devoir d’écouter attentivement ce cri silencieux étouffé.» (…)

Même si les médias d’information généralisent et veulent nous donner l’impression que tous les prêtres sont corrompus, le Saint-Père rappelle que la très grande majorité d’entre eux sont encore fidèles à leur mission: «Permettez-moi maintenant d’adresser ma vive gratitude à tous les prêtres et à toutes les personnes consacrées qui servent le Seigneur fidèlement et totalement et qui se sentent déshonorés et discrédités par les comportements honteux de quelques-uns de leurs confrères. Nous portons tous – Église, personnes consacrées, peuple de Dieu, voire Dieu lui-même – les conséquences de leur infidélité. Je remercie, au nom de toute l’Église, la très grande majorité des prêtres qui non seulement sont fidèles à leur célibat mais se dépensent dans un ministère rendu aujourd’hui encore plus difficile par les scandales provoqués par un petit nombre (mais toujours trop nombreux) de leurs confrères. Et merci également aux fidèles qui connaissent bien leurs bons pasteurs et continuent de prier pour eux et de les soutenir.».

Le Souverain Pontife a conclut avec ces paroles: «Enfin, je voudrais souligner l’importance de la nécessité de transformer ce mal en une opportunité de purification.»

En effet, il s’agit d’une purification de l’Église, d’une véritable Passion et chemin de la croix que l’Église doit traverser avant la Résurrection, tout comme son Maître. On peut lire, au paragraphe 675 du Catéchisme de l’Église catholique, intitulé «l’épreuve ultime de l’Église»:

«Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8; Mt 24, 12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21, 12; Jn 15, 19-20) dévoilera le “mystère d’iniquité” sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2 Th 2, 4-12; 1 Th 5, 2-3; 2 Jn 7; 1 Jn 2, 18. 22)»

En d’autres mots, l’Église, à la fin des temps, comme son Divin Chef sur la croix, paraîtra vaincue, mais ce sera elle qui remportera la victoire.

L’Église a été infiltrée

Ce qui se déroule dans l’Église pourrait bien être le terrible résultat d’une infiltration qui remonte au temps de l’Union Soviétique.

Même si l’ex-cardinal McCarrick a été mis hors de circulation, une question se pose encore : comment est-ce possible? Comment un tel sinistre personnage a-t-il pu progresser dans la hiérarchie de l’Église sans que personne ne s’y oppose? Aurait-il bénéficié de complices?

Les tentations du diable et le manque de prière peuvent expliquer en partie ces gestes dépravés, mais voici ce qui peut expliquer bien des choses autrement inexplicables: l’Église a été infiltrée depuis des décennies par des saboteurs, des agents communistes.

L’ancienne agent communiste américaine Bella Dodd, convertie au catholicisme en 1952 grâce à Mgr Fulton Sheen, témoigna ce qui suit devant le Comité des activités antiaméricaines de la Chambre des Représentants à Washington:

«Au cours des années 1930, nous avons orienté 1100 hommes vers le sacerdoce en vue de détruire l’Église de l’intérieur. L’idée était de les faire ordonner (prêtres), afin qu’ils puissent grimper dans l’échelle de l’influence et de l’autorité en devenant des cardinaux et des évêques.»

Selon Bella Dodd, les directives envoyées par Moscou étaient claires: introduire des membres du parti dans les séminaires et les organisations diocésaines, afin de détruire l'Église catholique en utilisant ses propres institutions.

Quand Dodd retourna à la foi catholique, elle fut longtemps torturée par la culpabilité. Consciente d'avoir causé d'énormes torts à l'Église, elle dit qu'elle voulait entrer dans un ordre monastique pour essayer de payer sa dette, mais Mgr Sheen lui demanda de rester dans le monde et de parler, afin d'expliquer quelles stratégies Moscou adoptait.

On peut se demander si, plutôt que de s’agir de prêtres ayant cédé à la tentation, il n’existe pas ici une attaque généralisée à l’encontre de la foi et de la morale chrétiennes du fait d’un ennemi rusé et profondément pervers. Quand on y pense, l'abus sexuel commis par des prêtres est l'arme la plus puissante pour disqualifier l'Église et lui faire perdre toute autorité morale aux yeux de l'opinion publique, afin d'induire les gens à abandonner la foi.

Bella Dodd avait dit: «L'idée, ce n’était pas de détruire l'institution qu'est l'Église, mais plutôt la foi du peuple, et même , si possible, d’utiliser l’institution, l’Église, pour détruire la foi.

Les chefs communistes comme Lénine et Staline avaient ouvertement déclaré que l’Église catholique était leur ennemi numéro un, alors il ne faut pas se surprendre qu’ils ont essayé de la détruire même au point de vue doctrinal. Dans les années 80, le cardinal Ratzinger (futur Benoît XVI) a mis à plusieurs reprises les fidèles en garde contre la «théologie de la libération», une idéologie d’inspiration marxiste déguisée en sollicitude pour les pauvres, que les espions soviétiques du KGB avaient aidé à infiltrer dans l’Église catholique d’Amérique latine dans les années 1950. Selon Ion Mihai Pacepa, qui a été chef des services secrets de Roumanie dans les années 1950 et 1960, «Le mouvement est né dans le KGB, et il avait un nom inventé par le KGB: théologie de la libération».

Ce ne sont pas seulement les communistes, mais tous les ennemis de l’Église, y compris les médias d’information, qui font front commun maintenant pour la détruire. Ne tombons pas dans leur piège, restons forts dans la foi et unis dans l’Église par la prière et les sacrements, comme nous le proposent Mgr Aupetit de Paris, ainsi que les cardinaux Sarah et Müller dans les articles qui suivent.

Certains démons ne ne chassent que par la prière et le jeûne, a dit Jésus, alors profitons de ce Carême pour accomplir notre propre purification et celle de l’Église qui, après être passée par la Passion et la Croix comme son Fondateur, en sortira ressuscitée et plus belle que jamais.

Alain Pilote

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