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«Je suis venu, j'ai vu et j'ai compris»

le samedi, 01 octobre 2005. Dans Témoignages

Enracinés dans la prière, œuvrant sur le terrain des pauvres, terrain préféré de Dieu

S. E. Mgr Marcel Agboton, archevêque de Cotonou au Bénin, nous a été présenté au congrès, les 3-4-5 septembre, par M. l'abbé Pamphile Akplogan, ordonné prêtre par Mgr Agboton lui-même :

Mgr Agboton, est prêtre depuis bientôt 40 ans, le 6 janvier 2006. Il a passé une vingtaine d'années au service de la jeunesse, dans la formation, il a été professeur au séminaire. C'est lui qui a été mon professeur en espagnol, entre autres choses. II a été l'évêque fondateur d'un diocèse au Bénin, après ses années de formation d'enseignement et de direction de séminaire. Cinq années dans ce diocèse-là, il a tellement bien réussi qu'on l'a transféré au diocèse de Porto-Novo, son diocèse d'origine, qui est aussi mon diocèse d'origine.

Depuis le 2 avril dernier, il a été transféré sur le siège métropolitain de Cotonou, il devint archevêque, et aussi mon évêque. Je voudrais vous le signifier, c'est le dernier acte qui a été accompli sous le Pontificat de Jean-Paul II, puisque le jour de son intronisation, la cérémonie finissait à midi et le Pape mourait le soir à 19 heures. Et en même temps c'est l'un des premiers actes que le Pape Benoît XVI a accompli de façon officielle, puisque Mgr Agboton fait partie des premiers archevêques qui ont reçu le pallium des mains de S. S. Benoît XVI, le 29 juin dernier, à Rome. Nous saluons Monseigneur et au nom de tous ici, je le remercie d'être là, malgré ses multiples activités puisqu'il a encore à charge le diocèse de Porto Novo. Il a deux diocèses, et il a quand même accepté d'être là et de vivre ce congrès avec nous. Et depuis hier que nous sommes là, il me pose beaucoup de questions concernant le Crédit Social, il veut comprendre. Il comprendra avec votre concours. Je vais le laisser vous parler avec son cœur d'évêque.

Extraits de l'allocution de S. E. Mgr Marcel Agboton Archevêque de Cotonou, Bénin à notre congrès, le 4 septembre

Je vous remercie vraiment de l'opportunité qui m'est offerte de participer à ce congrès. Je voudrais d'abord remercier tous les Pèlerins de saint Michel et en particulier la direction, mademoiselle Tardif que je ne connaissais pas, que je connaissais seulement par écrit, j'ai compris que je ne m'étais pas trompé, je ne suis pas graphologue, mais à travers les écrits, j'ai compris que ce devait être des personnes formidables ici. Oui je vous remercie vraiment de, je dirais, cette chance, qui est la mienne d'abord de découvrir les Pèlerins de saint Michel, de participer à leur congrès, et déjà d'avoir un avant-goût de cette réalité, que j'ignorais totalement, du Crédit Social.

Je me demandais, quand l'abbé Pamphile m'a parlé des Pèlerins et du Crédit Social, qu'est-ce qui pouvait soutenir un tel enthousiasme, et quelle force, quel était votre soutien ? Comment des chrétiens, des laïcs pouvaient aujourd'hui avec tout le matérialisme qui nous entoure, avec cette soif de posséder qui nous entoure, ce désir d'accaparer tout pour soi, qui nous entoure, comment des chrétiens et des chrétiennes, aujourd'hui, pouvaient faire leur, ce désir de justice, de partage, de solidarité, d'engagement et d'investissement en faveur des pauvres. Je me suis posé la question.

En venant ici, j'ai commencé à comprendre. Je me suis dit : Ah, oui, je vois, je vois; j'ai remarqué que toutes vos activités, toutes les séances, toutes les réunions, commençaient par la prière. L'invocation de l'Esprit du Seigneur, la prière à Marie, j'ai dit : Je comprends, je comprends, s'ils sont enracinés à ce point, en Dieu, si tout en eux prend force à partir de Dieu, je comprends qu'ils puissent être aussi passionnés pour les pauvres, car les pauvres, le terrain des pauvres est le terrain de Dieu, c'est là où Dieu donne le meilleur de Lui-même, s'il y a encore meilleur en Dieu. C'est là qu'il s'investit le plus, c'est là que son cœur montre à quel point il est plein d'amour.

Gardez cela et que Dieu vous donne la grâce, non seulement de le garder pour vous, mais de devenir contagieux, c'est-à-dire de le communiquer à d'autres autour de vous, de le communiquer à d'autres générations, oui, à d'autres générations, bien sûr, à 80 ans, comme le dit Louis Even : « Je voudrais avoir 20 ans, je parcourrais le monde... »

Mais si je pouvais commencer à parcourir le monde à 20 ans, ce serait formidable. Il faut passer un tel élan aux jeunes, non pas seulement aux jeunes de cœur, mais aussi aux jeunes physiquement, pour qu'ils soient des porte-flambeaux de la foi sur de nouvelles bases. Le Pape Jean-Paul II a parlé souvent de la civilisation de l'amour, de la civilisation du partage, de la civilisation de la fraternité, où personne n'est exclu de la table du Seigneur, surtout pas les pauvres, alors je vous en supplie, gardez ça.

Le Pape Jean-Paul Ier en faisant une catéchèse un jour, a voulu donner une image du Ciel et l'enfer par la comparaison suivante :

Deux tables, sur lesquelles il y avait de très bons mets, (comme ceux que nous avons ici, soit dit en passant, merci à la cuisine) de très bons mets à gauche et à droite. Et les convives à droite étaient tout à fait rondelets, ils mangeaient, ils étaient heureux, on sentait qu'ils avaient été bien alimentés.

Tandis qu'avec les mêmes plats à gauche, les convives étaient maigres et malades. On se demandait pourquoi qu'avec les même mets, on pouvait être bien portant à droite, et malade à gauche.

C'est qu'à chacun des convives on avait donné de longues fourchettes, ce n'est pas facile de manger avec de longues fourchettes on essaie de se mettre la nourriture dans la bouche et cela passe en arrière.

Alors ici à droite, au lieu de vouloir manger eux-mêmes, les convives donnaient la nourriture aux voisins et ainsi tout le monde avait à manger, tandis que les autres voulaient manger eux-mêmes, sans s'occuper des autres, et avec leurs grandes fourchettes, ils ne pouvaient atteindre leur bouche et envoyaient tout en arrière.

Un monde où l'on partage, cela peut être comparé au Ciel, et le monde où l'on garde tout pour soi, ou l'on vole même les biens de l'autre, c'est comme l'enfer. Je crois que nous construisons dans cette ambiance de partage, dans cette ambiance de regard passionné pour les pauvres, nous construisons le monde qui risque d'être comme le Ciel sur terre, je sais que ce n'est pas si facile que cela, mais je crois que, quand on porte cet idéal dans le cœur, Dieu lui-même est à l'œuvre.

Je vous remercie de remettre cela dans mon cœur et de me donner envie d'en connaître davantage, et de le partager. Surtout que dans notre pays au Bénin, nous sommes en contact avec ce que nous pouvons appeler la pauvreté. Bien sûr, le Seigneur nous a gâtés aussi, il nous donne de quoi manger, de quoi vivre, nous ne sommes pas miséreux, miséreux, mais nous savons ce que c'est que la pauvreté. Nous savons ce que c'est que d'avoir et de ne pas avoir, de manquer même du nécessaire pendant que certains meurent d'avoir trop mangé, d'autres meurent de ne pas avoir de quoi manger, c'est un problème de l'Afrique, mais c'est une Afrique qui veut se battre, se prendre en charge, se sortir de l'assistanat continuel, pour bâtir elle-même un monde dans lequel tous ses fils et toutes ses filles y soient heureux. C'est pour cela que nos églises aussi doivent s'occuper de la question sociale, du problème de la justice, le problème de partage équitable des biens dont le Seigneur n'a privé aucun pays. Ma découverte du Crédit Social et de tout ce que cela comporte va être un enrichissement, certainement.

Et j'ai donné mission à l'abbé Pamphile, la mission grave et sérieuse, de se laisser pénétrer par tous les principes du Crédit Social, pour voir comment, dans le cadre de la Doctrine sociale de l'Église, cela peut être une richesse et un point de départ pour nos sociétés et de voir comment concrètement, compte tenu du contexte local, compte tenu aussi des réalités de chez-nous, nous pouvons, à partir de l'intuition première qui est de faire des pauvres eux-mêmes les agents de leur propre développement, de leur propre croissance, de faire de ce principe-là quelque chose qui va sortir nos pauvres de la misère et faire d'eux des personnes dignes de Dieu et dignes des hommes.

Alors merci pour l'opportunité qui m'a été donnée et à notre prochaine conférence épiscopale, je ne sais pas si j'aurai l'éloquence de l'abbé Pamphile, en tous cas, j'en parlerai aux évêques.

+ Mgr Marcel Agboton Archevêque de Cotonou, Bénin

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