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Humanae Vitae de Paul VI

le mercredi, 01 août 2018. Dans Encycliques et autres documents du Magistère

Une encyclique courageuse et prophétique

Le 25 juillet 1968, il y a 50 ans cette année, l’Église publiait l’encyclique Humanae Vitae du bx pape Paul VI sur le mariage et la régulation des naissances, qui rappelait que « tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la vie » (HV n. 11.) Les évêques catholiques canadiens, dans une déclaration intitulée « La joie de l’amour conjugal », à l’occasion du 50e anniversaire de l’encyclique, écrivent :

« Bien que plusieurs personnes aient mal interprété le message de ce document, en le réduisant à un « non » à la contraception, nous réaffirmons que le message d’Humanæ Vitæ est un « oui » retentissant à la vie en plénitude que promet Jésus Christ… En tant qu’évêques catholiques, nous avons la responsabilité d’enseigner la vérité sur Dieu et sur le projet qu’il a pour nous, dont la sexualité et le mariage font partie. Nous invitons tous les catholiques à relire, étudier et méditer l’encyclique importante qu’est Humanæ Vitæ, et à redécouvrir les vérités admirables qu’elle contient. »

En lisant aujourd’hui cette encyclique, on voit que cet enseignement de Paul VI demeure actuel, courageux et prophétique. Courageux parce qu’écrit au plein cœur de la révolution sexuelle, de l’apparition de la pilule contraceptive, et de la révolte de mai 1968 qui véhiculait des slogans comme « Il est interdit d’interdire ». Et qu’en plus, en 1966, la majorité des membres d’une commission pontificale recommandait au pape de permettre la contraception artificielle, des « critères de solutions qui s'écartaient de la doctrine morale sur le mariage proposée avec une constante fermeté par le Magistère de l'Église », écrit Paul VI. Prophétique, parce que Paul VI prévoyait déjà. En 1968, les conséquences de l’acceptation des moyens de contraception artificiels ( n. 17) :

Voici donc de larges extraits de l’encyclique Humanae Vitae de Paul VI — qui, en passant, sera déclaré saint le 14 octobre 2018, en compagnie de cinq autres bienheureux, dont Mgr Oscar Romero, l’évêque martyr du Salvador. (Les numéros et sous-titres sont ceux de l’encyclique) :

Respecter la nature et les finalités de l'acte matrimonial

11. Ces actes, par lesquels les époux s'unissent dans une chaste intimité, et par le moyen desquels se transmet la vie humaine, sont, comme l'a rappelé le Concile, « honnêtes et dignes », et ils ne cessent pas d'être légitimes si, pour des causes indépendantes de la volonté des conjoints, on prévoit qu'ils seront inféconds : ils restent en effet ordonnés à exprimer et à consolider leur union. De fait, comme l'expérience l'atteste, chaque rencontre conjugale n'engendre pas une nouvelle vie. Dieu a sagement fixé des lois et des rythmes naturels de fécondité qui espacent déjà par eux-mêmes la succession des naissances. Mais l'Église, rappelant les hommes à l'observation de la loi naturelle, interprétée par sa constante doctrine, enseigne que tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la vie.

Deux aspects indissociables : union et procréation

12. Cette doctrine, plusieurs fois exposée par le Magistère, est fondée sur le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l'acte conjugal : union et procréation. En effet, par sa structure intime, l'acte conjugal, en même temps qu'il unit profondément les époux, les rend aptes à la génération de nouvelles vies, selon des lois inscrites dans l'être même de l'homme et de la femme. C'est en sauvegardant ces deux aspects essentiels, union et procréation que l'acte conjugal conserve intégralement le sens de mutuel et véritable amour et son ordination à la très haute vocation de l'homme à la paternité. Nous pensons que les hommes de notre temps sont particulièrement en mesure de comprendre le caractère profondément raisonnable et humain de ce principe fondamental.

Fidélité au dessein de Dieu

13. On remarque justement, en effet, qu'un acte conjugal imposé au conjoint sans égard à ses conditions et à ses légitimes désirs, n'est pas un véritable acte d'amour et contredit par conséquent une exigence du bon ordre moral dans les rapports entre époux. De même, qui réfléchit bien devra reconnaître aussi qu'un acte d'amour mutuel qui porterait atteinte à la disponibilité à transmettre la vie, que le Créateur a attachée à cet acte selon des lois particulières, est en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec la volonté de l'auteur de la vie. User de ce don divin en détruisant, fût-ce partiellement, sa signification et sa finalité, c'est contredire à la nature de l'homme comme à celle de la femme et de leur rapport le plus intime, c'est donc contredire aussi au plan de Dieu et à sa volonté…

Moyens illicites de régulation des naissances

14. En conformité avec ces points fondamentaux de la conception humaine et chrétienne du mariage, nous devons encore une fois déclarer qu'est absolument à exclure, comme moyen licite de régulation des naissances, l'interruption directe du processus de génération déjà engagé, et surtout l'avortement directement voulu et procuré, même pour des raisons thérapeutiques.

Est pareillement à exclure, comme le Magistère de l'Église l'a plusieurs fois déclaré, la stérilisation directe, qu'elle soit perpétuelle ou temporaire, tant chez l'homme que chez la femme.

Est exclue également toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation...

17. Les hommes droits pourront encore mieux se convaincre du bien-fondé de la doctrine de l'Église en ce domaine, s'ils veulent bien réfléchir aux conséquences des méthodes de régulation artificielle de la natalité.

Qu'ils considèrent d'abord quelle voie large et facile ils ouvriraient ainsi à l'infidélité conjugale et à l'abaissement général de la moralité. Il n'est pas besoin de beaucoup d'expérience pour connaître la faiblesse humaine et pour comprendre que les hommes – les jeunes, en particulier, si vulnérables sur ce point – ont besoin d'encouragement à être fidèles à la loi morale, et qu'il ne faut pas leur offrir quelque moyen facile pour en éluder l'observance. On peut craindre aussi que l'homme en s'habituant à l'usage des pratiques anticonceptionnelles, ne finisse par perdre le respect de la femme et, sans plus se soucier de l'équilibre physique et psychologique de celle-ci, n'en vienne à la considérer comme un simple instrument de jouissance égoïste, et non plus comme sa compagne respectée et aimée.

Qu'on réfléchisse aussi à l'arme dangereuse que l'on viendrait à mettre ainsi aux mains d'autorités publiques peu soucieuses des exigences morales. Qui pourra reprocher à un gouvernement d'appliquer à la solution des problèmes de la collectivité ce qui serait reconnu permis aux conjoints pour la solution d'un problème familial ? Qui empêchera les gouvernants de favoriser et même d'imposer à leurs peuples, s'ils le jugeaient nécessaire, la méthode de contraception estimée par eux la plus efficace ? Et ainsi les hommes, en voulant éviter les difficultés individuelles, familiales ou sociales que l'on rencontre dans l'observation de la loi divine, en arriveraient à laisser à la merci de l'intervention des autorités publiques le secteur le plus personnel et le plus réservé de l'intimité conjugale.

Si donc on ne veut pas abandonner à l'arbitraire des hommes la mission d'engendrer la vie, il faut nécessairement reconnaître des limites infranchissables au pouvoir de l'homme sur son corps et sur ses fonctions ; limites que nul homme, qu'il soit simple particulier ou revêtu d'autorité, n'a le droit d'enfreindre. Et ces limites ne peuvent être déterminées que par le respect qui est dû à l'intégrité de l'organisme humain et de ses fonctions, selon les principes rappelés ci-dessus et selon la juste intelligence du « principe de totalité » exposé par Notre prédécesseur Pie XII.

L'Église garante des authentiques valeurs humaines

18. On peut prévoir que cet enseignement ne sera peut-être pas facilement accueilli par tout le monde : trop de voix – amplifiées par les moyens modernes de propagande – s'opposent à la voix de l'Église. Celle-ci, à vrai dire, ne s'étonne pas d'être, à la ressemblance de son divin Fondateur, un " signe de contradiction " (22) ; mais elle ne cesse pas pour autant de proclamer avec une humble fermeté, toute la loi morale, tant naturelle qu'évangélique. Ce n'est pas elle, qui a créé cette loi, elle ne saurait donc en être l'arbitre ; elle en est seulement la dépositaire et l'interprète, sans pouvoir jamais déclarer licite une chose qui ne l'est pas à cause de son intime et immuable opposition au vrai bien de l'homme. (Fin des extraits de l’encyclique Humanae Vitae.)

Cet enseignement du bienheureux Paul VI est toujours valide, ayant été appuyé par tous ses successeurs — saint Jean-Paul II, Benoît XVI et François. Saint Jean-Paul II a explicité les fondements bibliques, éthiques et personnalistes de cet enseignement d’Humanae Vitae lors de 129 catéchèses données lors de l’audience du mercredi au Vatican, de 1979 à 1984, connues dans leur ensemble sous le titre de « théologie du corps ».

Saint-Jean Paul II déclarait, dans un discours au participants d'un congrès sur la procréation responsable à l’Université du Sacré-Cœur de Rome, le 5 juin 1987 :

«La première difficulté et en un certain sens, la plus grave, est que même dans la communauté chrétienne, on a entendu des voix — et on continue de les entendre — qui remettent en question la vérité même de l’enseignement de l’Église. Cet enseignement a été vigoureusement affirmé par Vatican II, par l’encyclique Humanae Vitae, par l’exhortation apostolique Familiaris Consortio, et par la récente instruction Donum Vitæ. À cet égard, une grave responsabilité se fait jour : ceux qui se placent en contradiction ouverte par rapport à la loi de Dieu, authentiquement enseignée par l’Église, entraînent les époux sur un mauvais chemin. Rien de ce qu’enseigne l’Église sur la contraception n’appartient à une matière susceptible de libre discussion de la part des théologiens. Enseigner le contraire revient à induire en erreur la conscience morale des époux.

«La deuxième difficulté est constituée par le fait que de nombreuses personnes pensent que l’enseignement chrétien, quoique vrai, serait cependant impossible à mettre en œuvre, au moins dans certaines circonstances. Comme la tradition de l’Église l’a constamment enseigné, Dieu ne commande pas l’impossible, mais tout commandement comporte aussi un don de grâce qui aide la liberté humaine à l’accomplir. Mais sont cependant nécessaires la prière constante, le recours fréquent aux sacrements et l’exercice de la chasteté conjugale.»

Dans un discours à l’occasion du 40e anniversaire d’Humanae Vitae, le pape Benoit XVI déclarait, le 10 mai 2208 :

«Le Magistère de l'Église ne peut pas s'exempter de réfléchir de manière toujours nouvelle et approfondie sur les principes fondamentaux qui concernent le mariage et la procréation. Ce qui était vrai hier, reste également vrai aujourd'hui. La vérité exprimée dans Humanae Vitae ne change pas ; au contraire, précisément à la lumière des nouvelles découvertes scientifiques, son enseignement se fait plus actuel et incite à réfléchir sur la valeur intrinsèque qu'il possède.

«La parole clef pour entrer avec cohérence dans ses contenus demeure celle de l'amour. Comme je l'ai écrit dans ma première Encyclique Deus Caritas Est : "L'homme devient vraiment lui-même, quand le corps et l'âme se trouvent dans une profonde unité. (...) Mais ce ne sont ni seulement l'esprit ou le corps qui aiment : c'est l'homme, la personne, qui aime comme créature unifiée, dont font partie le corps et l'âme" (n. 5). En l'absence de cette unité, la valeur de la personne se perd et l'on tombe dans le grave danger de considérer le corps comme un objet que l'on peut acheter ou vendre.»

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