Lorsque des élections semblent approcher, les politiciens de partis, plutôt tranquilles depuis le dernier appel au peuple, se découvrent tout à coup un grand esprit d'apostolat, et, à coups de grosses caisses, appellent le peuple pour les entendre.
Beaucoup d'annonce, beaucoup de tapage, des orateurs de renom, un sénat des maires de la région sur l'estrade — et voilà ! Il s'agit d'impressionner le peuple, de créer un courant... pour gagner l'élection.
En face de ces déploiements, quelle conduite convient à des créditistes, à des gens qui savent déjà ce qu'ils veulent ?
Voici, la circulaire que nous avons justement envoyée aux voltigeurs de l'Abitibi et du Témiscamingue, lorsque nous avons appris que la phalange de M. Duplessis projetait des démonstrations pré-électorales dans cette région :
À cette occasion, quelle conduite doivent logiquement tenir les créditistes de la région ? Elle est très simple : S'ABSTENIR.
Les créditistes ne perdront pas une minute de leur temps à aller à une assemblée de l'Union Nationale, pas plus qu'à une assemblée du parti libéral, ou de la C. C. F. Pour plusieurs raisons :
1. Les créditistes sont plus renseignés sur la chose publique que les orateurs de ces partis politiques. On ne va pas écouter des ignorants.
2. Les partis politiques ont trahi la Nouvelle-France, l'un après l'autre. On ne doit pas honorer des traîtres en allant remplir les salles où ils viennent berner une fois de plus ceux qu'ils ont trahis.
3. Les partis politiques sont grassement financés par des intérêts qui exploitent la masse. La masse s'abaisse en allant écouter comme des oracles les favoris de ses exploiteurs.
4. Les orateurs des partis politiques n'ont jamais pris la peine d'instruire le peuple. Leur éloquence consiste à dénigrer les autres. Il n'y a rien d'humain ni de chrétien dans pareils discours.
5. Si les créditistes, qui ont la lumière, vont grossir les auditoires des politiciens, les voisins qui sont moins renseignés prendront cette assistance pour une approbation et en resteront impressionnés.
6. Les politiciens des vieux partis ont depuis longtemps dépassé le point où l'on pourrait encore les approcher pour savoir s'ils vont nous écouter à l'avenir. Ils ne sont pas sincères, puis ils sont liés.
7. Les assemblées bien fournies grisent les politiciens. Par charité pour eux, pour les dégriser et les faire réfléchir un peu, contribuons par notre absence à les faire contempler des chaises vides.
Nous comptons sur chaque Voltigeur pour veiller à ce que les familles, toutes les familles de son coin de Nouvelle-France, s'abstiennent de se déranger pour des assemblées de partis. Une bonne lecture de "Vers Demain" leur sera infiniment plus profitable.