Cette situation d'avant-guerre reviendra-t-elle ?
Ni le petit garçon, ni sa maman, n'ont besoin de bureaucrates pour leur dire ce qui est bon, et où le trouver. Mais il y a le règlement inexorable : Pas d'argent, pas d'achat — même si la nourriture pourrit sous les yeux de ceux qui ont faim.
— "Monsieur l'homme qui faites les lois, ne pourriez-vous pas adoucir la loi du pays ? Voyez la vitrine et voyez nos besoins".
Pas si simple, allez. L'homme à la rose blanche vogue au-dessus des raisonnements de la faim. Les grands principes économiques, ceux des livres de M. Angers, ne souffrent pas de compromis.
— "Impossible, madame, impossible. Les magasins sont pleins, parce que les hommes n'ont pas d'argent pour acheter ; il n'ont pas d'argent, parce qu'ils ne travaillent pas ; ils ne travaillent pas, parce que les magasins sont pleins.
"Si au moins les exportations marchaient. Mais voyez ce douanier qui repousse nos produits. Sans doute qu'en Argentine c'est comme au Canada. Et dans les autres pays aussi.
"Les machines, sont trop perfectionnées, le bon Dieu trop généreux. Cela cause une crise universelle.
"Une seule chose peut mettre fin à la crise : la guerre. Quand on fait la production de guerre, on force les ennemis, à la prendre et le travail marche, et les principes sont sauvegardés.
"Vous ne comprenez pas cela, madame, parce que vous ne fréquentez ni les hommes d'État ni les grands diplômés.
"Mais croyez-moi. Priez le bon Dieu d'envoyer une guerre, une grosse guerre, une longue guerre. Une guerre qui demande beaucoup de soldats et beaucoup de munitions. C'est alors, madame, que vous pourrez commencer à goûter une vie décente".
Ce gros monsieur se croit fin : c'est un imbécile.