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Le chômage à l'horizon

Louis Even le samedi, 01 septembre 1945. Dans Éditorial

La fin de la guerre ramène l'appréhension du chômage. Et plus le gouvernement veut régenter en vue de l'embauchage intégral, plus la confusion règne.

Le samedi 18 août, M. MacNamara, directeur du Service Sélectif, déclarait que sur 900,000 hommes environ qui travaillaient aux industries de guerre, il n'en reste plus que 230,000 ; mais que les autres s'étaient vite placés dans les industries de paix, et qu'il manquait même 100,000 ouvriers pour répondre à la demande.

Or, deux jours plus tard, M. Power, député de Québec-Ouest-Sud, faisait dire dans les journaux qu'il se rendrait à Ottawa, voir l'hon. Howe, pour lui exposer la situation du chômage à Québec. Selon le rapport de L'Action Catholique, "le chô­mage est alarmant à Québec, la situation empire et la misère menace plusieurs familles cet hiver".

M. Power suggère plusieurs travaux, par le gou­vernement évidemment. S'il faut que les finances publiques se chargent d'employer la main-d'œu­vre, c'est donc que la finance privée ne peut le faire. L'argent pour acheter les produits et le tra­vail manque-t-il déjà ?

Le grand bureaucrate MacNamara peut dire ce qu'il voudra, le chômage involontaire avec son cortège de souffrances existe déjà pour plusieurs, et il y a encore des milliers et des milliers de jeu­nes gens qui, en sortant de l'armée, devront trou­ver un gagne-pain dans les conditions du régime. Aux États-Unis, on compterait déjà deux millions de chômeurs, et les porte-voix du gouvernement de Washington ne se gênent pas pour dire qu'il faut s'attendre à six à huit millions de chômeurs pour le printemps prochain. Proportions gardées, le Canada n'a pas l'habitude d'être mieux protégé que les États-Unis contre les incohérences du sys­tème.

L'assurance-chômage ne supprime pas plus le chômage que l'assurance-vie ne supprime la mort. C'est, au contraire, une admission de l'inévitabi­lité du chômage. Il n'y aurait pas d'assurance-vie si les gens ne devaient jamais mourir, et il n'y aurait pas d'assurance-chômage si le chômage de­vait disparaître.

Il n'y a qu'un moyen logique de supprimer le chômage lié à la misère et de permettre à chacun de travailler, l'esprit en paix, soit au service d'un autre, soit à son compte pour une production ven­dable, soit simplement à des activités libres pour occuper ses loisirs : c'est de changer le règlement qui attache le revenu uniquement au travail. C'est d'établir un régime de revenus d'après les produits du pays, et non d'après le travail seulement.

Avec un revenu d'après les produits offerts, les revenus seraient nécessairement plus élevés en temps de paix qu'en temps de guerre, puisqu'il y a plus de produits offerts en temps de paix.

Le pouvoir d'achat, distribué, non pas éga­lement, mais équitablement à tous, d'après la somme des produits du pays, et non pas seule­ment d'après le travail fourni par quelques-uns : c'est là une nouvelle conception de l'économie. C'est la seule qui corresponde à la fois au progrès dans la production et aux fins de l'économie. Les activités économiques n'existent pas pour occuper le monde, mais pour fournir des produits et les joindre aux besoins des consommateurs.

Le Crédit Social offre la technique pour intro­duire cette économie nouvelle : Le dividende, égal à tous, ajouté aux salaires variés ou absents, pour distribuer tous les produits et services qui corres­pondent à des besoins. Dans une telle économie, le mot "chômage", avec son sens actuel, n'existe­rait plus ; pas plus que n'existerait la stupide re­cherche de l'emploi pour tous lorsque la produc­tion augmente avec une diminution de labeur hu­main ; pas plus que n'aurait sa raison d'être la bureaucratie socialisante et avilissante qui s'ar­roge le droit de conduire les hommes comme des animaux domestiques.

Louis Even

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