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Le Canada en élections

Louis Even le mardi, 01 mai 1945. Dans Éditorial

C'est le privilège des citoyens, dans les démocra­ties, d'être appelés de temps en temps à élire ceux qui les représenteront dans l'administration de la chose publique.

Malheureusement, le système de partis politi­ques, que l'on confond trop facilement avec la dé­mocratie, alors qu'il en est le pire ennemi, peuple le parlement de représentants de partis au lieu de le peupler de représentants des électeurs.

C'est pour cela qu'entre les élections, les dépu­tés voient bien plus les chefs de partis que les élec­teurs : ils sont des députés du parti. On ne peut pas dire, cependant, que les électeurs ont été trom­pés : lors de l'appel au peuple, ces députés-là se présentaient comme libéraux, comme conserva­teurs, comme C.C.F., comme candidats de partis. Si le peuple élit des candidats de partis, c'est qu'il veut des députés de partis. Peut-il bien se plaindre, après cela, que ses députés l'ignorent ou ne pen­sent à lui que pour le taxer et le gendarmer ?

On ne dira jamais trop aux citoyens de prendre eux-mêmes leurs affaires en mains. En politique, on a habitué les électeurs à abandonner leur affai­re aux partis ; c'est-à-dire à un petit groupe qui or­ganise la machine, désigne les candidats à placer devant les électeurs et manipule la foule pendant la campagne électorale pour obtenir son vote. C'est une lutte entre des machines de partis, sur le dos du peuple.

La méthode est la même chez l'un ou l'autre des partis politiques, parce que tous s'intéressent avant tout à la conquête du pouvoir. Peut-on s'é­tonner que les résultats soient les mêmes, quel que soit le parti qui arrive au pouvoir ?

La véritable ligne de démarcation n'est pas du tout entre un parti et un autre parti. Non. La vé­ritable ligne de démarcation est entre n'importe quel parti et pas de parti. Le nouveau réel n'est pas dans un nouveau parti, ni dans une étiquette nou­velle de politiciens. Le nouveau est dans la politi­que sans parti.

La distinction différentielle parmi les candidats ne doit pas répondre à la question : À quel parti appartient-il ? Mais à la question : Est-ce un can­didat de parti ou est-ce un candidat des électeurs ?

Si ce sont des partis qui votent, il est logique d'avoir des candidats de partis. Mais si ce sont des électeurs qui votent, ce sont des candidats des électeurs qui devraient être dans l'arène.

Tant qu'on n'aura pas de candidats des élec­teurs, on n'a aucune chance d'avoir des députés des électeurs.

C'est pour cela que, si les partis politiques continuent à pousser des candidats de partis, l'Union Créditiste des Électeurs, qui n'est pas un parti, va s'appliquer à demander aux électeurs de choisir eux-mêmes et de pousser des candidats des élec­teurs. Dans la mesure où le peuple se choisira et appuiera des candidats des électeurs, dans cette mesure-là, il commencera à montrer qu'il veut se mêler de sa politique lui-même et se débarrasser de la politique de clans organisés. Quand bien mê­me les machines de partis battraient tous les can­didats des électeurs, les électeurs auront tout de même commencé à prendre leurs affaires politiques en main. L'avertissement pourra être salutaire aux élus. D'ailleurs, ni l'exemple ni l'effort ne seront perdus : la construction d'un édifice commence avec la première pierre.

Louis Even

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