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Entre esclaves

Louis Even le samedi, 15 avril 1944. Dans Éditorial

On connaît l'histoire, vraie ou fausse, exacte ou exagérée, re­présentée par cette gravure.

L'usine Bouchard est située près de Sainte-Thérèse, comté de Terrebonne, province de Québec.

Quelques centaines d'employés furent renvoyés de l'usine Bouchard, il y a plusieurs semaines, faute de contrats à exécuter par la compagnie Defense Industries Limited. D'autre part, et sans doute pour la même raison, l'usine Nobel, de la même com­pagnie, située en Ontario, avait été fermée.

Or, d'anciens employés de l'usine Nobel, entre autres au moins 8 ingénieurs diplômés et 12 employés de bureau, sont en­trés au service de l'usine Bouchard.

D'où la conclusion : On congédie des Canadiens français et on engage des gens de l'Ontario à leur place.

Dans un monde où la première préoccupation est d'avoir une job, on comprend que celui qui sort par la porte de derrière en veuille à celui qui entre par la porte de devant.

Toutes les fois qu'il y a besoins d'un côté, rareté de l'autre, ceux qui ont les besoins s'entre-combattent pour obtenir une part de la rareté.

Et dans la ruée sur la rareté, la moindre différence de race, de langue, de religion, de couleur politique, est exploitée pour dé­noncer les avantages accordés aux uns aux dépens des autres. Les bonnes relations n'y sauraient gagner.

Sans doute qu'on ne peut fermer les yeux sur des injustices. On ne peut accepter continuellement le rôle du bafoué, de l'im­molé, et se taire serait lâcheté lorsque le silence ne corrige rien.

Mais, au lieu de dépenser toujours des énergies dans ce que nous appellerions le négatif, pourquoi ne pas entrer dans le posi­tif ? Pourquoi ne pas aller chercher, dans, le camp considéré com­me adversaire, les éléments honnêtes, ouverts, justes, les hommes de vision, et se liguer avec eux pour bâtir un monde nouveau, un monde où la distribution facilitée de l'abondance remplacera le maintien délibéré d'une rareté artificielle ? Non plus les uns contre les autres, mais les uns avec les autres contre l'obstacle commun.

N'est-ce pas ce qu'ont fait les créditistes venus à la Conven­tion de Toronto de toutes les Provinces du Canada, du littoral Atlantique comme du littoral Pacifique, du plateau laurentien comme des plaines des prairies, du Canada français comme du Canada anglais ?

Et tous se sont concertés pour un objectif commun.

Lorsque le niveau général de vie des familles ne sera limité que par le niveau de la production possible ; lorsque le dividende remplacera le salaire dans la mesure où la machine déplace le sa­larié ; lorsque l'assurance d'un minimum vital à tous et à chacun permettra à chacun d'orienter sa vie autrement qu'en mendiant l'embauchage dans une usine, dans une mine, sur un chantier de voirie — alors, on verra des hommes libres se donner la main, au lieu d'assister à des luttes envenimées entre esclaves qui se dis- putent le privilège de servir la tyrannie pour avoir un morceau de pain.

Le Crédit Social fera ce changement.

Louis Even

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