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Coeur de père

Gilberte Côté-Mercier le mercredi, 01 décembre 1943. Dans Éditorial

L'honorable premier ministre du Canada, Willian Lyons Mackenzie King, a beau être un vieux garçon, il a un cœur de père, il n'y a pas à dire.

Voyez son front soucieux, ses yeux scrutateurs, sa bouche inquiète, et son toupet ébouriffé lorsque les petits peuples de l'Eu­rope sont opprimés.

Session d'urgence. Vote de subsides aussi gros que nécessaire. Décrets par milliers et milliers. Sacrifices en hommes et en argent, sans compter. Tout cela, et encore plus, pour sauver les faibles... d'outre-mer.

Les faibles malheureux ! Quelle douleur pour ce grand cœur de ministre !

Depuis quatre ans il n'a d'yeux que pour les faibles... d'ou­tre-mer !

Tout le temps, toutes les énergies du ministre sont pour les faibles... d'outre-mer !

Tout le temps, toutes les énergies des députés, des fonction­naires, sont pour les faibles d'outre-mer !

Tout le temps, toutes les énergies de tous les hommes, de toutes les femmes du pays, sont pour les faibles d'outre-mer.

Les machines, les industries, les produits, l'argent, tout est réquisitionné pour secourir les faibles d'outre-mer.

Tout le pays, quoi, tout le pays qu'administre ce grand minis­tre au cœur de père, tout le pays partage cette grande pitié pour les faibles d'outre-mer.

Il faut croire que les Canadiens ont le cœur aussi bien placé que leur ministre.

Et il faut en estimer les Canadiens autant au moins qu'on estime leur ministre.

* *

Même, certains Canadiens auraient, cette qualité de plus que le ministre, de vouloir secourir les minorités, non seulement d'ou­tre-mer, mais aussi de chez nous.

Des minorités au Canada, il y en a. Et elles méritent notre pitié et notre secours.

Des malheureux au Canada, il y en eut avant la guerre, il y en a depuis la guerre, et le ministre n'a jamais rien pour les soulager.

Même, un jour, en avril 1942, le ministre, pour soulager les minorités lointaines, demanda en un plébiscite, aux citoyens du Canada, s'ils lui accordaient tous pouvoirs sans restriction.

Et la majorité des citoyens du Canada dit oui. Mais une mi­norité, et une grosse minorité, celle de toute une grosse province, dit "non".

Mais, une minorité ne peut avoir raison, dit le ministre. Pour avoir des droits à faire respecter, une minorité doit posséder la grande vertu d'être vue de loin, comme les étoiles, avec un téles­cope.

Voilà comment un grand ministre au cœur de père, afin de mieux soulager des minorités d'outre-mer, en vint à sacrifier des minorités de la maison.

Tout l'être du ministre et du pays employé à protéger les minorités lointaines. Et les minorités d'ici, tout près, c'est la botte du ministre qui s'en charge !

Gilberte Côté-Mercier

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