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Votre programme d'après-guerre

le mercredi, 15 mars 1944. Dans La politique

Pas un programme de quelques-uns pour les autres, mais le programme de tout le monde pour tout le monde

La guerre va finir

La guerre finira un jour. Le plus tôt, le mieux.

Oui. Mais, la guerre finie, que deviendra le ga­gne-pain des 700,000 Canadiens qui sont sous les armes aujourd'hui ?                                        

Lorsque la guerre finira, que deviendra le gagne-pain du million d'hommes qui travaillent aujour­d'hui à fabriquer des munitions de guerre ?

Ils feront d'autre chose, direz-vous, des bonnes choses, des choses que les familles désirent avoir.

Très bien. Et comment les familles ou les indi­vidus vont-ils obtenir ces bonnes choses-là ? Com­ment va-t-on faire entrer les produits dans les maisons ?

Il y avait de ces bonnes choses, très désirables, plein les magasins avant la guerre ; mais elles n'en­traient pas dans les maisons. Il y avait des hom­mes disponibles pour en produire beaucoup d'au­tres encore ; ces hommes-là battaient le pavé, en guenilles et le ventre creux.

C'est qu'il manquait une petite chose pour faire entrer les produits dans les maisons.

Cette petite chose-là — qui s'appelle l'argent — on en a pendant la guerre, parce qu'on travaille à tuer. En aura-t-on encore après la guerre, lorsqu'on ne tuera plus ? Ou bien, reviendra-t-on à l'absence d'argent, comme au temps où l'on ne tuait pas ?

La question est grosse de conséquences.

Des programmes d'après-guerre

Les programmes d'après-guerre poussent dru de ce temps-ci. Dans les journaux, dans les revues, à la radio.

Mais remarquez ces programmes : S'ils consen­tent à parler de pain, de vêtements, de logement, ils insistent surtout sur la réglementation de la vie de tout le monde après la guerre.

Ce sont des plans pour dire aux autres quoi faire, quoi dire, quoi penser.

Pour accomplir ces programmes, des enquêtes vous demanderont votre âge, votre condition céli­bataire ou matrimoniale, votre état de santé, ce que vous avez fait dans le passé, ce que vous avez refusé de faire, ce que vous gagnez, ce que vous économisez, ce que vous gaspillez, combien d'en­fants vous élevez, leur âge, etc., etc., pour vous assigner votre place, votre revenu et vos taxes dans la grande machine organisée par des experts de la bureaucratie.

Programmes faits par quelques-uns pour la masse. Pendant que la masse travaille, se prive, se bat, des experts préparent le moule dans lequel cette masse devra entrer après la guerre.

Pourquoi pas nous-mêmes ?

Pourquoi ne verrions-nous pas nous-mêmes à faire notre programme d'après-guerre ?

Nous ? Qui, nous ? Nous, vous et moi, et nos voisins, et tous nos compatriotes.

Nous, la masse du peuple qui compose la société. Nous, la masse qui ne s'improvise point la mission de faire des programmes pour les autres, mais qui commence à croire qu'elle a le droit de s'en faire pour elle-même.

Nous, la masse qui commence à douter de la sagesse, ou même de la bonne intention, de ceux qui, après nous avoir parcimonieusement mesuré le droit de manger, exigent maintenant la régle­mentation de nos vies pour nous allouer une ration un peu moins mesquine.

Sans avoir suivi des cours en bureaucratie, nous sommes capables de savoir nous-mêmes ce que nous voulons avoir.

Nous savons ce qu'il nous faut. Et nous consta­tons aussi ce qui nous a surtout empêchés d'avoir ce qu'il nous faut.

Il n'y a pas besoin de chercher bien longtemps pour s'apercevoir que les obstacles au libre épanouissement de notre vie personnelle, de notre vie familiale, de notre vie nationale, sont avant tout des obstacles d'ordre financier.

L'obstacle financier abattu, nous aurions devant nous des ressources inépuisables, offertes aux individus, aux familles, au peuple canadien.

Chacun voit très bien l'obstacle. Mais chacun, isolément, n'y peut absolument rien.

C'est tous ensemble qu'il faut se mettre pour renverser l'obstacle financier, parce qu'il est formi­dable. Tous ensemble, en demandant d'un com­mun accord, la loi de l'argent-serviteur pour rem­placer la loi de l'argent-maître.

L'argent devenu serviteur de tous, chacun pour­ra organiser librement sa propre vie, soit par son initiative personnelle, soit par des associations libres avec ceux qui partagent les mêmes objectifs que lui.

L'argent d'après la production du pays

Un argent serviteur, c'est de l'argent devant les produits, du côté des besoins, pour acheter les pro­duits qui répondent aux besoins.

Cela veut dire que l'argent du pays doit être en rapport avec la production du pays. Production de choses matérielles et production de services.

Si l'on a mis de l'argent d'après les canons, d'après les avions, d'après toutes les activités de guerre, on est capable de mettre l'argent d'après le blé, d'après les vêtements, d'après le travail de construction, d'après les services professionnels de toutes sortes.

Puis, cet argent doit être entre les mains du public, pour qui les produits sont faits. Il y a des produits en abondance pour tous ; tous doivent en avoir au moins un peu.

Un supplément de revenu est nécessaire

Pour que l'argent vienne et revienne ainsi entre les mains de tous pour acheter les choses qui sont faites pour leurs besoins, il faut autre chose que des salaires.

Les salaires ne peuvent jamais équilibrer les prix. Les salaires ne viennent pas aux enfants, et pourtant les enfants ont des besoins, et il y a des produits en masse pour ces besoins.

Les salaires ne viennent pas aux femmes qui travaillent dans les maisons, et pourtant il y a dans le pays tout ce qu'il faut pour les besoins des femmes qui travaillent dans les maisons.

Les salaires ne viennent pas aux malades ; et pourtant, il y a dans le pays tous les remèdes, tous les soins médicaux possibles pour soulager, sinon guérir, les malades.

Les salaires ne viennent pas aux vieux ; et pour­tant, le pays a tout ce qu'il faut pour les besoins des vieux et des vieilles.

Et les colons ? Leur dur travail les paie-t-il assez pour tant de besoins à leur foyer ? Le pays ne manque pourtant pas de choses pour eux !

Et les cultivateurs ? N'y a-t-il pas plus de choses pour eux dans le pays qu'ils n'en peuvent payer avec la vente de leurs produits ?

Et les ouvriers ? Leurs salaires insuffisants ne peuvent être augmentés sans augmenter le prix des produits ; et pourtant les produits doivent entrer dans les familles des ouvriers. Il faut donc aux tra­vailleurs un supplément de revenu qui augmente leur pouvoir d'achat sans augmenter les prix des produits.

Le dividende national à tous

Qu'est-ce qui va faire tout cela pour les enfants, pour les femmes de maisons, pour les malades, pour les vieux, pour les hommes du sol et de la forêt, pour les ouvriers des villes ?

Le dividende périodique à tous et à chacun, sans condition : voilà la réponse.

Le dividende qui ramène continuellement un peu d'argent entre les mains de tout le monde, pour que tout le monde puisse avoir un premier droit sur la production du pays.

Le dividende à tous et à chacun, pour que la venue d'un enfant dans une famille ne soit pas un décret de privations pour ceux qui prennent soin de lui.

Le dividende, pour que le pays fournisse le pain pour la table canadienne, avant de fournir des viandes de luxe aux étrangers. Pour que le pays habille, chausse et loge ses habitants, avant de remplir les arsenaux et les coffres-forts des mar­chands de canons. Pour que le pays ait un marché domestique prospère, avant de mettre ses meilleurs cerveaux à dénicher des marchés étrangers.

Tous et chacun, de par leur naissance, ont le droit à la vie, donc le droit à un minimum pour vivre. Le dividende à tous et à chacun y voit.

Ce qui n'empêche sûrement pas, en plus, de faire servir des salaires raisonnables à ceux qui aident les machines modernes à fournir la pro­duction abondante du pays.

Le dividende, pour acheter ce qui ne se vend pas quand il n'y a que les salaires. Le dividende, pour que tous les produits désirés s'écoulent ; pour em­pêcher le travail de s'arrêter en face des besoins ; pour que les travailleurs ne deviennent plus des chômeurs dans la misère, comme pendant les dix années d'avant-guerre.

Pour faire valoir ce programme

Et voilà bien, n'est-ce pas, votre programme d'après-guerre. Il n'est pas long ni compliqué. Deux points seulement. Mais ces deux points exécutés, les hommes et les associations peuvent se lancer librement dans leurs propres programmes.

Ce simple programme répond au désir de la masse sans régenter la vie de personne.

Il est complètement différent des programmes d'avant-guerre, parce qu'il commence par assurer un minimum de sécurité à tout le monde.

Il diffère aussi des autres programmes d'après-guerre, parce qu'il ne mord dans la liberté de per­sonne.

Pour faire valoir ce programme d'un genre nou­veau, il faut une organisation d'un genre nouveau : l'Union des Électeurs.

Les partis politiques sont une vieille méthode pour les vieux programmes rédigés dans les offici­nes des partis.

Un programme qui vient de la masse du peuple ne peut être promu effectivement que par la masse du peuple, consciente de ses besoins communs et organisée pour se faire écouter par son gouverne­ment. La voix unanime du peuple, pour exercer une pression plus forte que la voix des intérêts de partis ou que la voix des puissances d'argent.

Allez-vous joindre la grande organisation de l'Union des Électeurs — pour demander à vos députés, au gouvernement, ce que tout le monde veut avoir, ce que vous voulez avoir pour vous-même et pour les autres :    

Un argent dompté ; un argent d'après la pro­duction, pour acheter les produits ;

« Un dividende à tous et à chacun, pour aider la production à entrer dans toutes les mai­sons. »

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