Nous avons atteint, dans notre vie nationale, un temps où, seules, la pensée réaliste, la parole franche et l'action courageuse peuvent sauver notre bien-aimé Canada des désastres vers lesquels nous sommes allés en dérive.
Il est clair aujourd'hui que, à moins de faire quelque chose avant qu'il soit définitivement trop tard, nous émergerons de cette guerre avec nos institutions démocratiques fracassées, notre héritage de liberté complètement saboté, et une enrégimentation de fer cramponnée sur le pays.
Nous courons le péril de nous trouver dépouillés des choses mêmes pour lesquelles nous combattons et nous nous sacrifions. En leur place, nous pouvons voir s'étendre et s'établir fermement au Canada la doctrine de l'État-suprême, tyrannie que la fleur de notre capital humain est allée combattre et détruire au-delà de l'océan.
Allons-nous laisser cette tyrannie s'abattre sur notre cher Canada, pendant que le sang des nôtres coule pour la cause de la liberté ? Ou allons-nous faire résolument face à la situation et nous unir pour une action libératrice ?
Hon. Solon LOW
Bien avant la guerre, le Canada possédait le statut d'une démocratie constitutionnelle. Le peuple canadien était supposé être constitutionnellement l'autorité suprême. Cela veut dire que l'administration des affaires canadiennes devait être conduite conformément à la volonté du peuple canadien.
Mais rien n'approchait, même de loin, de ce résultat.
La pauvreté, la destitution, les guichets de secours directs, les queues d'affamés aux portes des soupes publiques, les taudis, la stagnation des affaires, les prix ruineux des produits agricoles, les dettes écrasantes, le fardeau croissant des taxes — ce n'était sûrement pas là ce que vous, peuple du Canada, attendiez de l'administration de vos affaires.
Bien que le Canada fût de nom une démocratie constitutionnelle, nous n'avions pas en réalité un gouvernement conforme à la volonté du peuple.
L'un des moyens employés pour réduire à néant les droits démocratiques du peuple et lui imposer des conditions oppressives qu'il ne voulait nullement, fut, d'abord et par-dessus tout, le système d'argent, combiné avec les instruments de l'esclavage, la dette et le salariat.
Le monopole privé de l'argent, qui tenait dans ses serres la vie économique du pays, pouvait étendre de plus en plus son contrôle sur les vies individuelles, en manipulant le volume monétaire, de façon à conduire aux dettes, publiques et privées. Cela réglait le cas de quiconque avait un titre de propriété, ferme, commerce ou industrie. Quant aux autres, ils étaient forcés, par suite du marasme économique, soit d'accepter les conditions de travail et les salaires qu'on leur imposait, soit de faire face aux privations pour eux et leurs dépendants.
De plus, en maintenant une rareté d'argent, en forçant les prix à tomber à des niveaux ruineux, en faisant fonctionner un système qui laissait toujours le peuple insuffisamment pourvu de pouvoir d'achat devant les produits offerts, le monopole d'argent disposait d'un sceptre suprême.
Ce monopole mettait en banqueroute les manufacturiers et hommes d'affaires indépendants et édifiait, sous son contrôle, de vastes combines et des cartels industriels dominateurs. Il réduisait le cultivateur à un état de servitude. Il maintenait le salarié du bureau ou de l'usine à un niveau de pure subsistance. Il faisait chaque homme combattre chaque autre homme, dans une âpre lutte pour l'existence.
Tel était, mes amis, l'ordre d'avant-guerre. Tel était l'état d'affaires dans notre pays, pays qui possédait pourtant tout ce qu'il faut pour une production abondante et un niveau de vie élevé, et aurait pu assurer à tous les Canadiens la sécurité économique et la liberté.
Hon. Solon LOW
Sous la nécessité absolue imposée à la nation par l'état de guerre, les restrictions à la production furent immédiatement balayées. Là où il n'y avait pas eu d'argent pour permettre de nourrir les affamés, d'habiller les mal-vêtus, de soulager les souffrances de toutes sortes infligées à la population par les conditions de la crise, tout l'argent requis vint pour produire les engins de destruction exigés par la guerre contre un ennemi militaire barbare et puissant.
Le mythe de la rareté d'argent était désormais exposé au monde comme mythe pur et simple. Il n'était plus possible de tromper le public sur ce chapitre. Aussi, la puissance malicieuse qui s'était servie de la suppression de l'argent pour asservir l'humanité, s'appliqua-t-elle tout de suite à se servir des conditions de guerre pour atteindre le même but.
Les manipulateurs savaient que les besoins de la guerre nécessiteraient des restrictions et des contrôles. Ils se mirent à l'œuvre pour se servir de leur puissance, afin que nous sortions de la guerre, plus complètement asservis qu'en y entrant.
Sous la direction du pouvoir occulte centralisé dans la finance internationale, tous les traits de notre structure sociale qui ont servi à enchaîner le peuple sont soigneusement conservés. L'imposition des contrôles de temps de guerre — dont il faut admettre la nécessité pour la conduite de la guerre — est utilisée pour bâtir une bureaucratie d'État de plus en plus fortement retranchée. La propagande coule à flots pour nous convaincre que ces contrôles, la régimentation et la bureaucratie d'État, qu'ils entraînent, doivent être continués et généralisés après la guerre.
Le gouvernement parlementaire est remplacé par un gouvernement de décrets ministériels et par une masse de réglementations issues de commissions et de fonctionnaires de l'État.
Des plans de contrainte, comme l'assurance d'État obligatoire, système né en Allemagne pour asservir le peuple, sont introduits et tenus prêts à faire partie de l'ordre d'après-guerre.
Mais l'aspect le plus sinistre de toute la situation, ce sont les arrangements tramés derrière des portes closes, pour établir une autorité internationale possédant le contrôle de la finance, du commerce international, du transport aérien et des forces armées.
Si un pouvoir aussi absolu est jamais centralisé entre les mains d'une autorité internationale, il constituera une tyrannie pire que tout ce que le monde a pu expérimenter au cours de son histoire. Ce sera la fin de la liberté humaine, la fin même de la démocratie limitée que nous possédons, la fin de tout ce que nous possédons de cher.
Et pourtant, cette chose monstrueuse prend forme de mois en mois, à mesure que nous approchons de la fin victorieuse de la guerre.
Hon. Solon LOW
Qu'allons-nous faire devant la menace grandissante de la centralisation tyrannique ? Rester assis, pendant que se développe une situation qui conduira inévitablement notre nation au désastre à l'heure même de la victoire ? Laisser faire des partis qui divisent l'électorat et sont commis à une politique qui fait le jeu des pouvoirs avides de dominer l'humanité ?
Si nous voulons détourner le péril, il faut agir — et agir dès maintenant, pendant qu'il en est encore temps. Puis, c'est ensemble, ensemble comme peuple, qu'il faut agir.
Voilà pourquoi le mouvement créditiste de toutes les provinces s'est donné rendez-vous à Toronto, il y a quelques semaines. Voilà pourquoi les créditistes de tout le Canada s'organisent pour l'action politique.
L'Association Créditiste du Canada n'est pas une simple machine de parti de plus dans la politique fédérale. L'Association Créditiste du Canada ne monte pas une machine de parti. Elle organise le peuple lui-même, pour qu'il s'élise enfin un gouvernement bien à lui — un gouvernement qui accomplira, la volonté du peuple — un gouvernement qui délivrera le peuple canadien du danger de l'asservissement complet à la tyrannie de l'État suprême.
Hon. Solon LOW
Je fais appel à tous ceux qui sont prêts à faire face aux faits, à tous ceux qui pensent en termes de réalité. Mon appel va à tous ceux et celles qui chérissent la liberté et qui se rendent compte du péril de la tyrannie d'État vers laquelle nous sommes précipités.
Nul homme, nulle femme, avec du sang rouge dans les veines, ne peut être indifférent à l'avenir de son pays, ni au sort de ceux qui lui sont chers.
Je vous demande à tous, Canadiens et Canadiennes, de vous joindre à nous, dans la grande croisade de libération humaine entreprise par le mouvement du Crédit Social.
Aidez-nous à mobiliser le peuple de ce glorieux pays, afin d'établir un ordre d'après-guerre pratique et chrétien, digne de nos fils et frères qui risquent et immolent leurs vies pour que nous restions libres de voir nous-mêmes aux destinées de notre Canada.
Soyons-leur fidèles et soyons fidèles à nos enfants. Sincères envers nos idéaux et sincères envers nous-mêmes. Allons de l'avant, avec la foi en Dieu, la foi en notre pays, la foi en nos principes chrétiens. Unis dans nos buts, unis dans nos efforts. Le Canada attend de chacun de nous qu'il fasse son devoir, et qu'il le fasse sans fléchir.
Hon. Solon LOW
À la base de leur politique, les créditistes placent la liberté de la personne. Ils y attachent la plus grande importance.
Tout ce qui diminue la liberté de la personne doit être déraciné de notre système social. Et tout ce qui augmente la liberté de la personne doit être enraciné dans notre structure sociale.
Il est évident qu'il ne peut y avoir de véritable liberté personnelle sans sécurité économique. Nul ne peut se dire libre s'il doit vivre dans la crainte constante du dénuement, s'il est ainsi forcé de ramper et se laisser dominer par les autres pour avoir un peu de pain.
Par ailleurs, la liberté ne signifie pas le droit de passer sur le corps du voisin. La liberté doit porter avec elle la discrétion, les bornes nées de l'éducation, de la compréhension, de l'attention aux autres. D'où l'importance de soigner l'éducation et de favoriser le développement des facultés intellectuelles.
Donc, la base de la politique créditiste est la liberté personnelle de chaque citoyen. Et cela veut dire que le pouvoir doit être décentralisé, qu'il doit être rapproché du peuple, demeurer dans le peuple.
Le pouvoir ne doit pas être centralisé dans l'État, dans le parti politique au gouvernement.
Aussi les créditistes soutiennent-ils que le meilleur gouvernement est celui qui a le moins besoin de gouverner.
À cette fin, nous soutenons que les monopoles, combines et cartels anti-sociaux dans leurs effets — qu'ils soient contrôlés par le gouvernement (parti politique au pouvoir) ou par des intérêts privés — doivent être brisés en plus petites unités sous le contrôle effectif du peuple lui-même.
Hon. Solon LOW
Les créditistes veulent qu'après la guerre, les énormes ressources productives du Canada soient utilisées à leur plein pour fournir au peuple canadien les produits et les services qu'il demande. Puis, que la distribution de cette abondante production soit organisée de telle manière que chaque Canadien puisse jouir de la sécurité et de la liberté auxquelles il a droit.
Pour en arriver là, outre d'autres points importants, certaines réformes très simples, mais de portée immense, devront être opérées dans notre système financier :
1. — L'argent devra être émis en quantité suffisante pour financer toute la production désirée — et cela devra se faire par des méthodes qui placent le contrôle réel (la détermination de la production à faire) entre les mains du peuple.
2. — L'argent devra être émis de telle manière que la masse des consommateurs soit toujours assurée d'avoir globalement assez de pouvoir d'achat pour se procurer la production offerte, et aussi de telle manière que ces augmentations de pouvoir d'achat soient équitablement réparties.
3. — Progressivement, une partie du revenu national devra être distribuée de telle sorte que chaque Canadien reçoive, outre le revenu de son travail personnel, un revenu basique pour garantir sa sécurité économique. Tant qu'un citoyen ne possède pas ce minimum d'indépendance économique, il ne peut être libre. La sécurité économique, avec la pleine liberté pour chacun, sous une démocratie fonctionnant adéquatement, voilà notre but.
C'est donc le drapeau de la liberté et de la sécurité pour tous et chacun que l'Association Créditiste déploie dans l'arène politique du Canada.
Hon. Solon LOW
Les créditistes de l'Alberta ont fêté, le 4 mai, l'élévation de l'Honorable Solon Low à la fonction de leader national de l'Association Créditiste du Canada.
Ils ont fait cette célébration à la manière créditiste, par une grande assemblée publique tenue à Edmonton.
Le programme portait : un discours de David Ure, le député provincial récemment élu dans le comté de Red Deer ; une présentation du chef, par l'Honorable Manning, premier-ministre ; le discours du Leader, l'Hon. Solon Low. Le tout coupé de musique et de chant.
M. Low avait pris comme sujet : Le Crédit Social et ses rapports avec les affaires fédérales.
La soirée avait été annoncée dans Today and Tomorrow.
Plusieurs "commandants de districts" de la province de Québec envoyèrent des télégrammes de félicitation et de souhaits au chef fédéral, au nom des créditistes de leur district. La direction provinciale envoya elle-même un télégramme, signé conjointement de M. Even et de Mlle Côté, exprimant à M. Low que tous les créditistes de Nouvelle-France se joignaient à leurs frères de l'Alberta pour lui offrir leurs félicitations et lui souhaiter une fructueuse carrière de chef ; le télégramme l'assurait, en outre, que la Province de Québec ferait sa grosse part pour l'établissement du Crédit Social au Canada.
Pour nous, créditistes de Nouvelle-France, c'est au grand congrès provincial de Loretteville et Québec, les 1er, 2 et 3 juillet, que nous acclamerons nos deux chefs fédéraux, le leader M. Solon Low, et le vice-président, M. J.-Ernest Grégoire.
M. Low et M. Grégoire seront des nôtres pendant ces trois jours, assistant à nos réunions, se familiarisant avec la structure de notre organisme politique provincial (l'Union Créditiste des Électeurs), parcourant les paroisses le dimanche pour voir nos Voltigeurs à l'œuvre sur les lieux mêmes de leur action, participant comme hôtes d'honneur à la grande démonstration du dimanche soir au Palais Montcalm, écoutant les directives doctrinales données aux Voltigeurs et Défricheurs le lundi avant-midi, recevant la présentation de tous les travailleurs et félicitant personnellement chaque décoré le lundi après-midi, stimulant à l'exécution du programme qui sera confié à tous les groupes avant la dispersion.
L'Union Créditiste des Électeurs croit que ce sera, pour elle, la meilleure manière de célébrer le leader et le vice-président de la grande Association Créditiste du Canada.