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Venez, humbles

Gilberte Côté-Mercier le samedi, 15 janvier 1944. Dans Réflexions

Qui nous délivrera des chaînes de la servitude ? Qui donc sauvera la Nouvelle-France ?

Voilà la question que se posent avec angoisse ceux qui ont à cœur le bien de notre peuple. Et ils cherchent partout un sauveur. Ils l'appellent à grands cris. Ils guettent les moindres manifesta­tions de grandeur et de pouvoir, puis ils s'y accro­chent désespérément. Des politiciens parlent-ils en patriotes une seule fois en Chambre, on les entou­re, et on les prie de nous sauver. Un parti politique nouveau se forme-t-il, on lui donne tout son appui. C'est un grand tribun qui soulève les foules, on s'a­genouille et on attend la victoire. À ceux qui font des appels aux sacrifices de la masse, on répond : "Adressez-vous donc aux hommes de science et de prestige ; si eux prennent la chose en mains, tout ira bien !"

Erreur, erreur que toutes ces attitudes !

On a donc oublié comment le Christ sauva le monde ! On a donc oublié l'incommensurable hu­milité de l'Incarnation, cet acte d'un Dieu infini­ment glorieux qui prend la forme de la créature la plus misérable.

L'Incarnation, qui est le commencement du ra­chat, est un acte de suprême humilité.

Et l'Incarnation a pu se réaliser parce qu'il y eut une créature très humble qui mesurait tout son néant, la très sainte Vierge Marie.

L'humilité du Christ, l'humilité de Marie, voilà deux grandes conditions sans lesquelles le monde n'aurait jamais eu de sauveur.

Et dire que l'on cherche encore un sauveur chez les grands !

Non, non, n'allons pas là, allons plutôt chez les humbles, et demandons-leur le salut de la Nou­velle-France !

Il n'en manque pas d'humbles en Nouvelle-France !

Sans doute, c'est des humbles, des pauvres, en esprit, qu'il faut parler. Et cette sorte d'humbles peut se trouver chez des riches. Mais, combien on a plus de chance de la trouver chez les misérables, les bafoués, les volés, les écrasés !

Vous tous les persécutés, vous qui n'êtes plus re­gardés comme des hommes, réalisez donc votre néant devant Dieu, et venez sauver la Nouvelle France !

Vous tous les pauvres, bûcherons, colons, ou­vriers, chômeurs d'hier et de demain, vous tous à qui le droit de manger est mesuré ou refusé, venez sauver la Nouvelle-France !

Vous les jeunes, à qui les portes de la vie sont fermées par l'argent ou la guerre, venez sauver la Nouvelle-France !

Vous qu'on poursuit, qu'on met en prison sans un juste procès, qu'on saigne jusqu'au cœur, vous qu'on piétine, à qui on arrache tout bien, réjouis­sez-vous de pouvoir comprendre la misère humaine devant Dieu, et venez, venez nous sauver, c'est vous seuls qui le pouvez !

Sans votre humilité, unie à celle du Christ et de Marie, le monde n'aurait plus rien qui ressemble à l'Incarnation, et le monde ne pourrait pas être ra­cheté.

Venez, humbles, venez, la Nouvelle-France a besoin de vous !

Gilberte Côté-Mercier

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