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Un milliard et quart

le lundi, 01 avril 1946. Dans Réflexions

Ceux qui s'effraient en face des demandes de l'Union des Électeurs devraient s'exclamer en voyant avec quelle facilité le gouvernement fédéral trouve l'argent lorsque ce n'est pas pour les Cana­diens.

Pendant la guerre, on avait des millions et des milliards pour aider l'Angleterre, pour aider la Russie, pour aider tous les amis en dehors du Ca­nada et pour bombarder les ennemis.

La guerre finie, on ne trouve rien encore pour les Canadiens, mais on tend gracieusement, sans bron­cher, un milliard et quart à l'Angleterre.

Le gouvernement appelle cela un prêt, un prêt à long terme, remboursable seulement dans 55 ans. D'ici ce temps-là, nous avons le temps de faire deux guerres pour les intérêts des autres, et de re­nouveler les cadeaux de milliards aux étrangers et les extractions d'argent des poches canadiennes.

Évidemment, le gouvernement, trop bête pour fabriquer lui-même une seule piastre, n'a point ce milliard et quart qu'il passe à Londres. Mais c'est bien simple, il fait fabriquer l'argent qui manque par ses maîtres les banquiers, puis il l'emprunte d'eux à 3 pour cent et le prête à l'Angleterre à 2 pour cent. La différence de un pour cent, c'est le Canadien qui la paie en se privant.

Un pour cent sur un milliard et quart, c'est 12 millions et demi par année. Et d'ici cinq ans, l'An­gleterre étant exempte de tout intérêt, la différen­ce entre zéro pour cent de sa part et trois pour cent de notre part, c'est, pendant ces cinq années, 37 millions et demi par année. Plus que le tiers de notre budget provincial.

Ces millions en intérêt, ce sont les dividendes du Canada aux banquiers. Le milliard et quart en ca­pital, c'est le dividende du Canada à l'Angleterre.

Les dividendes aux Canadiens, c'est utopique et immoral, nous dit-on. Mais les dividendes au-delà des mers, il paraît que c'est tout à fait normal et que ça mérite les bénédictions des gros et les pri­vations des petits.

Outre ce cadeau sous forme de prêt, il y a le ca­deau pur et simple sous forme de rémission de dette. L'Angleterre nous devait 425 millions aux termes du plan d'entraînement aéronautique du Commonwealth. Le gouvernement King efface cet­te dette d'un trait de plume. 425 millions donnés d'un coup et le cœur léger, pour le plaisir d'un merci impérialiste. Et dire que notre gouverne­ment provincial peine tant pour tirer un petit 100 millions par année de nos poches pour administrer la province !

*    *    *

Au sujet du prêt, les propagandistes du gouver­nement fédéral ne manquent pas de nous informer que c'est pour notre bien. Cela permettra aux An­glais d'acheter nos produits. Donc cela permettra aux Canadiens de travailler pour fournir des pro­duits aux Anglais. Est-il plus grand privilège que de travailler pour les étrangers ?

Les Anglais réciproqueront plus tard, ajoute-t-on, car le seul moyen pour eux de nous rembourser, ce sera de vendre leurs produits au Canada. Pas tout de suite, parce qu'ils sont dans les ruines ; mais plus tard, d'ici 55 ans.

Oui, plus tard, c'est-à-dire lorsque nous serons tombés en chômage, nous demanderons à l'Angle­terre de nous envoyer ses produits pour augmenter le chômage chez nous. C'est beau, n'est-ce pas, l'économie orthodoxe ; c'est logique comme une langue fourchue et droit comme un tire-bouchon !

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