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Un autre ennemi ?

le jeudi, 15 juillet 1943. Dans Réflexions

Si la civilisation de demain consiste à avoir du travail pour tout le monde, un nouvel ennemi de cette civilisation est en train de prendre du déve­loppement. Il est né et grandit en Angleterre.

Il s'agit d'une machine qui peut planter des choux — et d'autres légumes — à raison de 200 plants à la minute. Lisez bien, à la minute ; soit 12,000 plants à l'heure, avec l'aide de quatre opé­rateurs pour la fournir.

Accrochée à un tracteur, cette planteuse auto­matique comporte une chaîne roulante munie de doigts ou griffes métalliques. C'est la chaîne qu'on alimente de plants.

La machine creuse dans le sol un large sillon, à l'intérieur duquel les plants, suspendus aux grif­fes, sont déposés aux distances voulues ; deux roues compriment fortement le sol autour de la plante.

La machine peut aussi être pourvue d'un réser­voir à eau de 40 gallons, permettant d'arroser au­tomatiquement les racines mêmes de la plante.

L'espacement des plantes dans la rangée est d'une précision mathématique et peut être com­mandé et réglé à volonté. Ainsi en est-il de la pro­fondeur à laquelle sont enfouis les jeunes plants.

La même machine peut aussi servir à planter les pommes de terre, en adaptant sur les griffes un dispositif fort simple de godets. On peut également l'employer pour planter la laitue, les oignons, les poireaux, les choux-raves, les betteraves à sucre, les fraisiers, les plants de tomates, etc.

Les doigts métalliques ont un revêtement en caoutchouc, qui leur permet de manipuler les plants les plus délicats avec la plus grande dou­ceur, tout en les plaçant fermement et régulière­ment dans les sillons.

La découpure de journal où nous prenons cette description est datée du 8 août dernier et ajoute que cette machine est construite en Angleterre à raison de plus d'un millier par année.

Le gouvernement encourage la fabrication et l'emploi de ce "jardinier de fer", à cause du man­que de main-d'œuvre résultant de la guerre. Le ministre anglais de l'agriculture en a acheté un très grand nombre pour les comités agricoles de guerre institués dans les différents comtés de la Grande-Bretagne.

Mais, la paix revenue, avec un surplus de main-d'œuvre disponible, croit-on que les exploitants de fermes potagères jetteront leur machine à la fer­raille pour reprendre des salariés ?

Sous un régime créditiste, une invention comme celle-là serait toujours bienvenue : elle soulagerait le travailleur du sol et augmenterait sa production, sans nuire à personne ; tous les consommateurs en bénéficieraient. Mais, avec le système actuel et les règlements actuels pour les droits à la production, voilà un ennemi nouveau sorti du cerveau trop fé­cond de l'homme.

Si l'on ne veut pas changer de régime, ne de­vrait-on pas adopter d'urgence, dans tous les pays civilisés, une loi pour imposer l'ignorance obligatoi­re ?

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