EnglishEspañolPolskie

Un attardé

le lundi, 15 avril 1946. Dans Réflexions

Dans Le Temps du 29 mars, sous la rubrique "Au royaume d'Utopie", et sous le titre "Enfin l'Union des Électeurs nous arrive avec un pro­gramme — et quel programme!" — Paul Fortin fait des additions, des multiplications, et pousse des exclamations.
Pensez donc : des électeurs qui font un program­me politique! C'était le seul privilège des cerveaux de partis dans le passé.
Puis quel programme! Oser demander des pri­mes pour la naissance de bébés! Oser demander une pension plus généreuse pour les vieillards! Oser réclamer un dividende pour chaque citoyen du pays! Et cela en même temps qu'un allègement du fardeau des taxes! C'est la lune!
Paul Fortin ne comprend pas Vers Demain quand Vers Demain écrit que, s'il vient un temps où il y a trop d'argent en circulation, il n'y a qu'à retirer, par des taxes (qui ne pèsent plus), l'argent qui est de trop. Comment cela peut-il se faire, se demande notre homme, si l'on ne doit pas toucher aux revenus de moins de $3,000?
Comment cela? Mais c'est bien simple; il n'y a rien de trop dans $3,000. S'il n'y a que des revenus de $3,000 dans le pays, laissez-les tranquilles, il n'y a pas d'argent de trop. Lorsqu'il y aura trop d'argent, c'est ailleurs qu'il faudra aller le prendre.
*    *    *
M. Fortin — comme d'autres — pense au pro­gramme de l'Union des Électeurs en terme du pèse-gouttes financier sous lequel nous vivons. L'Union des Électeurs ne s'occupe pas du pèse-gouttes, mais voit les champs de blé, les troupeaux d'ani­maux, les forêts, les rivières, les chutes d'eau, la science, l'énergie-vapeur, l'énergie électrique et pressent même l'énergie atomique; et elle dit que tout cela c'est pour les hommes, pour les familles canadiennes.
Pour l'Union des Électeurs, les piastres sont simplement des droits aux choses; et si les choses abondent, les piastres doivent abonder.
Avant la guerre, on se figeait de frayeur aussi, à Ottawa, à la simple pensée de trouver deux ou trois cents millions pour tirer le pays du chômage. Depuis ce temps-là, grâce à M. Hitler, on a appris à faire jouer les milliers de millions, et l'on n'est pourtant pas dans la lune, M. Fortin.
Il y a moins de cinquante ans, on trouvait gros un budget provincial de 4 ou 5 millions. Cette année, on est rendu à 107 millions, et ni le gouver­nement ni les citoyens ne perdent connaissance, M. Fortin.
*    *    *
Continuez, mon cher, avec vos attelages d'es­cargots; pour nous, nous voulons aller plus vite que ça.
Parlez tant que vous voudrez de "la complexité de la nature humaine et des relations humaines". Nous savons où est la complexité : elle est dans l'obstacle artificiel placé entre la nourriture qui se perd et l'estomac affamé qui la réclame. Cet obsta­cle-là, que vous respectez, nous lui réservons un magnifique coup de pied, et vous verrez que l'uni­vers ne sombrera pas dans le néant par mépris de la complexité.

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com