En 1921, M. T. A. Crerar vint au Parlement d'Ottawa à la tête d'un nouveau parti appelé Progressistes. Ils étaient 60. Dans un manifeste, monsieur Crerar disait :
"C'est un fait indiscutable que, dans le passé, des fonds électoraux atteignant souvent aux millions de dollars, ont été fournis aux organisateurs des vieux partis et distribués dans les divers comtés, non seulement pour subvenir aux dépenses légitimes, mais pour des actes de corruption tout à fait injustifiables. Ces fonds électoraux proviennent de promoteurs de chemins de fer, de manufacturiers, d'autres intérêts (comme la Beauharnois) et sont fournis, non pas dans le moindre but d'avancer le bien public, mais seulement dans l'espoir sordide d'obtenir des faveurs en fait de législation et d'administration, de la part du parti qu'ils aident à conquérir le pouvoir. Un membre du parlement élu sous ce système ne peut être un agent libre."
Et ce T. A. Crerar est devenu l'honorable Crerar, aujourd'hui ministre des Ressources Naturelles dans le cabinet King. M. Crerar est entré dans l'un de ces vieux partis dont il fustigeait la corruption par des bailleurs de fonds électoraux.
Est-il un agent libre ?
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M. R.-B. Bennett, devenu depuis premier-ministre conservateur du Canada, et depuis encore Vicomte et membre de la Chambre anglaise des Lords, disait à Calgary Ouest en 1914 :
"Les deux côtés de la Chambre sont à blâmer. Voyez dans les livres statutaires tout l'aide donnée à cette compagnie. Quelques jours avant une élection générale, un parti propose, et l'autre consent. Ils sont obligés de rencontrer certaines conditions pour que les contributions à leur parti soient assez fortes."
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Est-ce plus immaculé en Angleterre, au pays du berceau du régime parlementaire ? Écoutons l'Honorable David Lloyd George, qui connaît bien quelque chose, puisqu'il fut premier-ministre (libéral) :
"Chaque fois que des réformateurs ont réussi à remuer le peuple au point de faire réclamer des redressements et des améliorations, ils ont trouvé dans leur chemin une jungle si dense d'intérêts financiers que leur zèle s'est toujours refroidi."
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Et aux États-Unis ? Le célèbre LaFollette, mort aujourd'hui, déclarait un jour :
"Ceux qui ont le contrôle nominal du gouvernement politique n'osent pas faire un mouvement sans consulter d'abord ceux qui gouvernent le monde économique ; et ils ont été obligés, maintes fois, d'abandonner ou de renverser leurs promesses les plus sacrées, lorsqu'ils en recevaient l'ordre de leurs maîtres financiers, de leurs bailleurs de fonds électoraux".
(Citations reproduites par Frank Gierson dans l'Ottawa Citizen du 24 février.)