La population a été ahurie d'apprendre que 500,000 livres de viande ont dû être mises au rebut à Québec, parce qu'elle était devenue impropre à la consommation après avoir traîné trop longtemps dans les entrepôts.
Le public croyait que le pays manquait de viande, puisque le tsar Gordon a imposé le rationnement de la viande.
Or, voici que le président de la Canada Packers Ltd., M., J.-S. McLean, qui doit bien savoir ce qu'il en est, nous dit que "tout l'espace dans les entrepôts frigorifiques est comble".
"De la disette, constate-t-il, nous sommes passés à la période de surplus, et il y a tout lieu de croire que la situation demeurera telle pour toute la durée de la guerre."
Des surplus de viande, et cela malgré la diminution de la main-d'œuvre sur nos fermes, malgré 500,000 hommes de moins dans l'agriculture.
Des surplus de viande, et l'on continue de rationner la viande. Il y a sûrement aussi des surplus de bêtise quelque part.
M. McLean ajoute une réflexion savoureuse :
"Si, après la guerre, nous pouvons disposer de notre surplus dans tous les pays du monde, le Canada n'aura rien à craindre."
Rions un peu : Si l'on permet au Canada de nourrir les autres pays, le Canada n'a rien à craindre ; mais si le Canada ne peut pas se débarrasser de sa viande, il a fort à craindre. Trop de viande, on ne mangera pas.
Et l'on veut nous faire croire que la guerre a décrassé les cerveaux !