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Sur le dos des colons

le vendredi, 01 janvier 1943. Dans Réflexions

Dans les villes, on quête du linge, et dans les campagnes, on quête des produits alimentaires, pour venir en aide aux colons. Ce qui est très bien. Mais qu'est-ce au juste qui atteint les colons ?

Les colons sont les bâtisseurs du pays, ceux qui agrandissent le meilleur patrimoine national. Et c'est bien autre chose que les restes des autres qui devrait être leur lot. Mais, si au moins ce qui est demandé pour les colons allait aux colons !

Un fait

Récemment, un homme de l'Abitibi, ouvrant une poche de patates, y trouvait cette lettre :

St-Antoine (Co. Verchères,) 28 octobre 1942.

Monsieur ou Madame,

À la demande de notre curé, une quête est faite à tous les ans afin d'aider à nos com­patriotes établis en pays de colonisation.

Ma récolte de patates étant bonne, j'ai pu en disposer. Il me ferait plaisir de savoir si elles sont arrivées en bon état. Serait-ce trop vous demander de quelle manière sont distri­buées ces patates ?

Bien à vous,

L. M.

La lettre est signée, et un timbre était inclus pour la réponse. Cependant, nous ne publions ni le nom de l'auteur, ni le nom de celui qui nous a fait voir l'original de cette lettre, parce que nous ne leur en avons pas demandé l'autorisation, et nous craignons de leur causer des désagréments.

Ce n'est pas un colon qui a pu répondre au do­nateur de St-Antoine de Verchères, parce que les patates ne sont pas du tout allées à un colon. Elles sont bel et bien devenues la propriété de gens qui sont sûrs de leurs trois repas par jour, 365 jours par année.

De fait, celui qui a répondu est un mineur qui gagne $6.00 par jour et qui n'a que deux enfants. Donc, pas un homme à plaindre du tout, et il le remarque lui-même.

Selon la réponse de cet homme, qui est un cré­ditiste ardent, les patates de St-Antoine de Verchères sont allées à la ville la plus riche de l'Abiti­bi et y sont restées.

Il souligne fort à propos que le bienfaiteur de Verchères a exactement le même mérite et qu'il ne doit pas du tout suspecter la sincérité de son bon curé. Mais il y a eu tromperie ou détournement quelque part, puisque la poche de patates — com­me bien d'autres poches de patates et d'autres cho­ses aussi — sont allées ailleurs qu'aux colons. No­tre informateur pourrait en fournir une longue liste et dire où sont ces choses.

La petite lettre de l'intelligent cultivateur de St-Antoine aura au moins eu l'effet de mettre à jour ce que le mineur de Malartic appelle des méthodes apparentées à celles de la franc-maçonnerie. Si l'on veut faire quêter pour d'autres que des colons, qu'on ait donc la franchise de dire pour qui l'on fait quêter.

D'autres cultivateurs feront bien de glisser eux, aussi une lettre avec le produit de leur générosité — pas pour proclamer leur aumône, mais pour dé­pister les détournements. Les réponses les rensei­gneront. Tant mieux si le mal n'est pas trop géné­ralisé.

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