De tous les groupements politiques qui sollicitent l'attention du public électeur aujourd'hui, il n'y en a qu'un qui soit totalement différent de tous les autres ; et ce groupement-là n'est pas un parti. C'est l'Union Créditiste des Électeurs dans la province de Québec, l'Association Créditiste du Canada dans le domaine fédéral.
Pourquoi ce groupement politique est-il différent de tous les autres ?
C'est, premièrement, parce que l'Union Créditiste des Électeurs s'occupe bien plus des électeurs que des candidats. Elle place sur un piédestal la masse du peuple, non pas quelques personnages de prestige. Elle ne s'organise pas pour donner un siège au parlement à 90 individus dans la province de Québec ou à 245 à Ottawa ; elle s'organise pour obtenir un dividende national à trois millions de personnes dans notre province, à douze millions dans tout le Canada.
C'est, deuxièmement, parce que le Crédit Social est le seul mouvement politique qui propose de changer le système financier actuel.
Tout le monde sait bien qu'aujourd'hui, les problèmes sont tous, avant tout, des problèmes d'ordre financier. Or, pas un seul des partis politiques, ni anciens ni nouveaux, ne veut toucher au système financier actuel. Seule, l'Association Créditiste du Canada porte, au premier point de sa politique, l'adaptation de la finance à la production et aux besoins.
Sans doute que certains aspirants au pouvoir, surtout dans les partis qui n'ont encore jamais administré, placent toutes sortes de réformes dans leur programme. Mais ils oublient de toucher à la puissance qui restreint à son gré la portée de toutes les réformes.
C'est très émouvant d'entendre des orateurs réclamer une politique basée sur l'institution familiale. Mais, qu'est-ce donc qui empêche la famille de fleurir ? Qu'est-ce qui empêchait les jeunes de se marier avant -d'être appelés à s'enrôler pour la défense d'une civilisation qui n'avait pas de place pour eux ? Qu'est-ce qui empêche la maman de rendre la maison attrayante et de garnir suffisamment la table de famille ? Est-ce la stérilité de l'agriculture et de l'industrie canadiennes ? Ou n'est-ce pas plutôt la stérilité délibérée du système à piastres ?
Mais ces messieurs institueront les allocations familiales, nous disent-ils. Ils ne nous disent point qu'ils les prendront dans la poche du voisin. Or, le voisin a, lui aussi, le devoir de soutenir ou préparer une famille.
Ils prescriront des augmentations de salaires, disent-ils. Ils ne nous disent point que les prix monteront aussi vite que les salaires.
Ils nationaliseront les monopoles industriels, disent-ils. Ils n'ajoutent point que leur gouvernement taxera les citoyens pour acheter ces grosses industries. Ils n'ajoutent point que la nationalisation changera les salariés des monopoles industriels en salariés du gouvernement ou de commissions gouvernementales, les esclaves des trustards en esclaves du patronage politique.
Tous les partis politiques réclament l'embauchage intégral, de l'emploi pour tout le monde. Ils vont demander aux cinq parties du monde de contribuer à fournir de l'ouvrage aux Canadiens. Ils vont s'ingénier pour que la science appliquée ne donne pas de loisirs aux hommes.
Seule, l'Association Créditiste du Canada propose de placer le pouvoir d'achat au niveau de la production, même mécanisée, et non pas seulement au niveau de l'emploi. Seule, elle traite le travail comme un moyen pour produire et non pas comme une fin du système économique. Seule, l'Association Créditiste revendique le droit de vivre pour tous, du berceau à la tombe, et non pas seulement pour ceux qui contribuent à la production.
Et comment l'Association Créditiste atteindrait-elle ce but ? Simplement en enlevant l'obstacle.
Le Crédit Social dit : S'il y a du blé et un meunier, il doit y avoir de la farine ; s'il y a de la farine et un boulanger, il doit y avoir du pain. Et il ajoute : Si le manque d'argent s'oppose à cela, il n'y a qu'à décréter la venue de l'argent, à l'endroit où il faut et quand il faut.
Pour cela, évidemment, il faut une autorité dans le pays qui ait le devoir de décréter la naissance d'argent et son mode d'émission, en rapport avec les produits et avec les besoins en face de ces produits.
Or, seule l'Association Créditiste du Canada place au premier rang de sa politique l'institution d'une autorité monétaire pour accomplir cette fonction. C'est là ce qui la distingue de tous les partis politiques. Aucun parti n'envisage cette institution. Tous songent à s'accommoder le mieux possible du système actuel.