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Sans avoir vu l'Université

le lundi, 01 février 1943. Dans Réflexions

L'annonce d'une loi prochaine pour imposer l'école obligatoire dans la province de Québec sug­gère les réflexions suivantes à M. Antonio Noël, cultivateur laitier de La Sarre (Abitibi), que la pauvreté de sa famille obligea de quitter l'école dès la quatrième année :

"Me permettez-vous de vous offrir une idée à propos d'instruction obligatoire ? Ne serait-il pas opportun de décréter l'obligation, pour ceux qui passent par nos hautes écoles et par nos universités, d'analyser attentivement notre système économi­que orthodoxe et ses effets terribles sur la vie de nos familles et de notre pays ? Ils me semble que s'ils s'étaient imposé cette étude et cette observa­tion depuis vingt-cinq ans, le système serait au­jourd'hui revisé.

"N'est-il pas pitoyable de rencontrer des hom­mes qui se piquent d'avoir fait des cours brillants dans les institutions les plus renommées et qui semblent totalement ignorants du vice monétaire que les faits forcent bien d'admettre aujourd'hui même par les esprits les plus réfractaires ? Ces heu­reux crânes bourrés d'instruction nous disent qu'ils ont appris tout leur programme et réussi leurs
examens, mais qu'ils n'ont pu étudier ce qui n'était ni dans leur programme ni dans les manuels où plongeaient assidument leurs facultés dévorantes.

"Pour nous, les humbles lecteurs de notre mo­deste Vers Demain, nous n'avons pour la plupart jamais eu le privilège même de passer devant les portes respectées derrière lesquelles se distribue le haut savoir; mais nous en avons tout de même assez appris, dans nos lectures bimensuelles, après les fatigues de nos dures journées, pour compren­dre où est le grand mal, pourquoi il est là et ce qu'il faudrait faire pour le corriger.

"C'est que nous ne sommes point bornés par une consigne. Le programme de Vers Demain n'a point été soumis à la censure de ceux dont les program­mes officiels doivent respecter le sceptre.

"Je suis peut-être par trop désobligeant dans mes conclusions. Mais j'en suis venu à me deman­der : Faut-il donc que les institutions chargées de préparer les porte-lumière du pays n'aient le droit d'enseigner que ce qui ne fait pas mal aux artistes de l'exploitation ? Faut-il que la finance dicte ce qu'il est permis d'étudier, ou au moins prohibe ce qui pourrait entamer son prestige ? Si tel est le cas, je m'inscris sûrement contre l'obligation de faire passer mes enfants dans des moules ainsi con­trôlés."

Antonio NOËL

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