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Réflexions opportunes

le mardi, 15 avril 1941. Dans En lisant les journaux

Tant et tant de choses se disent sur le malheur des temps, sur la grande misère de notre peuple et de notre province, sur les détresses physiques et morales que nous coudoyons journellement !

Tant et tant d'opinions, de procédés, de projets futiles et de moyens inopérants, ou à peu près, laissant subsister la souffrance quand c'est le temps de l'action impérieuse.

Pour spécifier, c'était dernièrement la misère noire d'un groupe de deux cents personnes dans un seul coin de la métropole, venue à la connaissance de leurs concitoyens incapables de les secourir efficacement.

C'était quelques semaines plus tôt, une fillette de douze ans, trouvée morte d'inanition, entourée de deux ou trois petites sœurs qui allaient elles aussi succomber victimes de la faim sans l'arrivée d'un secours opportun.

Où nos têtes pensantes ?

Il est temps de nous poser la question : Nous, Canadiens-français du Québec, avec tant de conférences, de congrès, d'occasions multipliées en ces dernières années, avons-nous seulement pris la peine — au cours de banquets, de réjouissances, par exemple — de la scruter, cette question du crédit familial, de la répartition honnête des richesses, si instamment recommandée par les encycliques, par les souverains pontifes ?

Et cela, tandis que notre haut enseignement commercial s'obstine à enliser davantage, à aiguiller notre jeunesse — l'espoir de demain — sur les routes usées d'un système économique désuet. Pourtant, qui profite de ce système, sinon les entreprises judéo-maçonniques-capitalistes, déjà responsables de la Révolution Française et de tant d'autres calamités du genre y compris les événements cataclysmiques de ces derniers temps, de ces derniers jours, d'où pourrait naître la révolution mondiale préparée par la juiverie organisée ?

Et l'on se dit patriote !

Deux alternatives se présentent. Siéger du côté du "monstre", avec l'enrégimentation définitive de notre belle jeunesse dans ses cadres — folie criminelle ou farce macabre ? Ou, comme le veulent les encycliques (aussi le Crédit Social), proposer et enseigner à cette jeunesse systèmes et méthodes qui tiennent compte des exigences de la justice sociale et des directives de Rome. Car nul ne peut servir deux maîtres : Dieu et Mammon.

OÙ les encycliques ?

Je note ici, quelle fut la réaction des employeurs CATHOLIQUES, où qu'ils se trouvent, devant les pressantes recommandations des encycliques sur la question travail et salaires ? Nulle ! Ou plutôt résistance ouverte dans les faits et dans les actes, sinon en paroles.

Les jours de la dépression ne se sont-ils pas signalés par un assaut d'exploitation du pauvre, de l'ouvrier, tel qu'il ne s'en peut concevoir que dans un monde paganisé ?

Triomphe sur toute la ligne, des manœuvres cabalistiques de la finance judéo-maçonnique, confirmé par les arguties funambulo-bancocratiques d'un Beaudry-Leman que suit l'élite.

Avec de tels appuis dans des milieux catholiques, la doctrine des puissances d'argent l'emporte, obtient priorité sur celle des papes et des encycliques — pauvres encycliques qui dorment de leur dernier sommeil au fond des tiroirs.

Vers Demain, organe de la doctrine créditiste, fort de toute sa liberté de conscience et libre de toute liaison paralysante, veut donc, d'accord avec l'esprit des encycliques, donner la pleine mesure de ses énergies à la cause sacrée de la justice sociale, de la justice tout court. Il s'efforce d'éclairer, éclairer encore, démasquer où il y a lieu, dénoncer et confondre s'il le faut.

Puritains scandalisés

Et ce, pendant que des scribes puritains nouveau genre feignent de tenir en suspicion cette doctrine créditiste, tantôt pour ceci, tantôt pour cela. Jusqu'à lui reprocher d'être sortie d'un cerveau protestant ? Va-t-on donc maintenant s'aviser de poser des bornes à la Providence, lui contester le droit de choisir les instruments de ses œuvres où elle le veut, où elle trouve des esprits et des cœurs droits ?

Et est-il vrai que ceux, même catholiques, qui, dans les faits, dans les actes, ignorent délibérément les directives du chef de l'Église, comme c'est le cas pour tant de chefs nôtres, est-il vrai que ceux-là soient davantage dignes d'être choisis par la Providence ?

Dans cette doctrine créditiste qui, quoique sortie d'un milieu protestant, est répandue avec tant de zèle dans notre province par des catholiques authentiques, ne faut-il pas plutôt voir une sage disposition de la Providence pour assurer la survivance de notre race ? La doctrine du Crédit Social, du TOUS et du CHACUN, ne s'adapte-t-elle pas merveilleusement aux familles plus chargées d'enfants des Canadiens-français ?

Au reste, ne sont-ce pas trois protestants, Hepburn, Aberhart, Patullo, qui ont dernièrement rendu un fier service à notre province, dans cette affaire du rapport Dafœ-Sirois, lorsque nos propres chefs courbaient silencieusement l'échine ?

Lutte de pauvres

Mais pauvre, ce Vers Demain, vivant du sou de l'humble, de l'ouvrier, de l'homme de la terre et de la forêt, plutôt que de l'or sonnant, mais contaminé, des puissances d'argent !...

Est-ce là raison de désespérer ?

Pauvre, Il l'était, Jésus de Nazareth, qui apporta pourtant le salut au monde, qui éleva les humbles jusqu'à la gloire, pendant qu'il abaissait les superbes, et que ses meurtriers durent se disperser aux quatre coins du globe.

Pauvre, Jean-Baptiste, vêtu de poil de chameau, qui prépara les voies du Seigneur et qui sut se dresser, seul, devant le puissant Hérode.

Pauvres, les douze, les pêcheurs de Galilée, devenus apôtres du Christ, et qui entreprirent de conquérir l'univers à la foi nouvelle.

Pauvres, Pierre et Paul entrant dans la Rome païenne, centre des richesses du monde de l'époque. Pauvres et chargés de chaînes, ils apportaient tout de même au monde la lumière et la liberté.

Pauvres d'argent, le Poverello d'Assise et Dominique, armé de son rosaire, qui vont libérer la société chrétienne de la plaie de la simonie, à une époque où tant de maux tombaient sur le monde que, au témoignage de l'histoire, on croyait la fin des temps venue.

Pauvre enfin, la pucelle de Domrémy, qui va sauver la France de périls tant extérieurs qu'intérieurs, alors que la politique derrière l'autel avait perverti le sens patriotique de la moitié du clergé, au point de ranger des prêtres et des évêques du côté des ennemis de la France.

Rappelons, en terminant, cette parole de Montalembert :

"Il n'y a pas, dans l'histoire du monde, un plus grand spectacle, et un plus consolant, que les embarras de la force aux prises avec la faiblesse."

De quoi autoriser les plus vastes espoirs chez l'armée des créditistes et magnifier les courages jusqu'à l'héroïsme.

E.-P. A.

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