Une minute, en passant. Même s'il faut la voler à un sommeil dont j'ai grand besoin. La beauté de la Cause, celle des Pauvres, celle du Crédit Social, celle de l'Ordre enfin, peut bien chasser pour un moment la fatigue envahissante. Ancien collaborateur assidu au journal Vers Demain, c'est toujours avec plaisir que j'y reviens lorsque mes occupations me le permettent. Si ce n'était si court !
Je profite de cette visite pour déclarer que j'appuie toujours, de tout cœur, la Direction de Vers Demain.
Devant la complexité du problème social, pris dans toute son ampleur, les directeurs de Vers Demain et de l'Institut d'Action Politique ont choisi la voie la plus sûre d'atteindre le salut, non seulement économique, mais même politique. Ils savent, aussi bien que quiconque, qu'il y a un primat de la politique comme, en fin de compte, il y a un primat de n'importe quoi, selon le point de vue auquel on se place ou selon les circonstances. Car la vie n'est pas simplement la métaphysique, loin de là, !
Nous avons assez souvent répété qu'il n'y a que la Charité de simplement absolue, dans le domaine social comme dans tous les domaines, et, par voie de conséquence, la formation de ses membres pour tout mouvement social qui se garde de l'opportunisme et veut faire œuvre durable est de première importance.
Voilà pourquoi l'Institut d'Action Politique, au lieu de remettre d'abord à un parti, le sien ou un autre, le salut de la société, s'occupe d'abord de former des hommes, non seulement à penser, mais encore à agir, à s'organiser, à réaliser.
Voilà pourquoi l'Institut d'Action Politique s'occupe d'abord d'amener le peuple à prendre conscience de ses volontés essentielles, sur lesquelles la nature elle-même met tout le monde d'accord et, malheureusement, naufragées en même temps que le gros bon sens.
Certains voudraient bien, au contraire, le voir (cet Institut) dans la ménagerie politicienne et s'amuser à chicaner sur des méthodes et des promesses, ou sur les opinions cuites et recuites au feu combiné d'une propagande intéressée et d'une presse mercantile.
Il s'en trouvera toujours assez pour ces luttes cycliques, pour un temps encore du moins, grâce à la sottise du bourgeois, à la somnolence des "bons garçons", aux omissions et aux trahisons d'une élite dont les maîtres sont réduits à décerner des Doctorats en Sciences Sociales... à qui l'on sait. On a les docteurs qu'on mérite.
Et il arrive que, dans notre monde de masques, ce sont les "matérialistes" créditistes qui, pour régler une question aussi matérielle que le problème monétaire, s'entêtent d'abord à former des hommes à la Pensée, à la Vérité et à l'Amour, selon les exigences particulières de leur milieu, pas en les sortant d'abord de leur milieu, pas dans les livres seulement, pas à l'église seulement, pas au pied des hustings seulement ; pas dans la lune enfin, mais dans la vie.
Lecteurs de Vers Demain, membres de l'Institut d'Action Politique, gardons donc en nos directeurs une confiance efficace. C'est une condition essentielle du succès.
Veillons à ne pas nous souiller à la glue de calomnies lâches, perfides, et flagellons avec indignation tous les vidangeurs de fange.
Surtout lorsque l'épreuve vient du dedans, lorsque des compagnons de lutte faiblissent, piqués par l'ambition ou fascinés par l'attrait de routes plus rapides, plus brillantes et plus faciles, serrons-nous encore plus fortement autour des chefs, qui eux, tiennent bien haut le flambeau de la doctrine en ouvrant énergiquement la voie à suivre.
Nous avons notre idéal ! Tenons-y, quoi qu'il arrive, et que rien ne nous déconcerte. En notre monde étroit, il est normal qu'une doctrine soit combattue dans la mesure où elle est généreuse. Or, la générosité est l'âme même du Crédit Social. Voilà pourquoi l'avenir est à lui, les contradictions aussi.
Dans l'économie qui meurt — et elle meurt de cela même — on enseignait ingénument et on pratiquait sauvagement le "rien pour rien". Au frontispice de l'Économie nouvelle, il faudra inscrire : "Le plus possible pour rien". Réminiscence méditée et assimilée.
Les sages nous plaignent et les bourgeois nom moquent. S'ils ne le sont, ils seront bientôt bedonnants.