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Question réglée

Louis Even le samedi, 15 mai 1943. Dans Réflexions

Il est encore quelques esprits retors ou retarda­taires qui tentent de faire passer le Crédit Social pour une forme de communisme ou de socialisme.

Cette question est réglée depuis longtemps. Réglée par les créditistes eux-mêmes, par l'ex­posé qu'ils ont fait de la doctrine créditiste. Cette doctrine s'avère l'exact opposé du socialisme ou du communisme. Les livres du major Douglas semblent surtout dirigés contre les tendances so­cialisantes et nivelantes du parti travailliste an­glais.

Réglée par l'opuscule du R. P. Lévesque "Cré­dit Social et Catholicisme", qui consiste en une argu­mentation jamais réfutée et se termine par la phrase mille fois citée :

"Si vous ne voulez ni du socialisme ni du communisme, opposez-leur le Crédit Social : il met entre vos mains une arme terrible con­tre ces ennemis."

*    *    *

Mais si le Crédit Social est opposé au commu­nisme, pourquoi le clergé ne le prêche-t-il pas ? Parce que ce n'est pas sur le terrain religieux, mais sur le terrain économico-politique que le Crédit Social est une arme excellente contre le communisme.

Le communisme n'est pas rien qu'athée. Il possède aussi une doctrine économique. Il prêche la collectivisation des biens, la suppression de la propriété privée. Puis le communisme fermente surtout dans les milieux où le système actuel a multiplié des victimes.

À l'athéisme du communisme, l'Église oppose sa doctrine divine et immortelle, toute de lumière et d'amour. Elle n'a pas besoin du Crédit Social pour cela.

C'est contre les doctrines économiques du com­munisme et contre ses agitations en terrain pré­paré par la misère, que le Crédit Social, est une arme excellente.

Or, dans le domaine économique et politique, l'Église n'intervient que si la morale est intéres­sée.

* * *

À quelqu'un qui demandait l'attitude de l'Église vis-à-vis du Crédit Social, l'abbé B. Desrochers, de l'Archevêché de Québec, répondait le 18 mai 1938 :

"La doctrine du Crédit Social est une doc­trine économico-politique, et l'Église n'est ni pour ni contre tant que la morale sociale n'y sera pas intéressée. Pour le moment, du moins, elle laisse ouverte toutes discussions, sans le condamner ni le recommander."

Une année plus tard, c'est l'abbé Paul Nicole, toujours de l'Archevêché de Québec, qui écrivait le 12 octobre 1939, à M. Ludger Tremblay, de St-Méthode (Lac St-Jean) :

"Il ne semble pas que le Crédit Social, en soi, soit entaché de communisme.

"Comme système politique, il n'appartient pas à l'Église de le juger.

"Comme système monétaire, il relève de la compétence des économistes."

*    *

Un mois plus tard, le 15 novembre 1939, la Se­maine Religieuse de Québec et la Semaine Religieuse de Montréal publiaient la déclaration si­gnée à l'unanimité par la Commission des neuf théologiens nommés par Nosseigneurs les Évêques de la province de Québec justement pour étudier le Crédit Social sous ce point de vue, à savoir :

"La doctrine du Crédit Social, dans ses principes essentiels, est-elle entachée de socialisme ou de communisme, doctrines condam­nées par l'Église ; et par suite, doit-elle être regardée par les catholiques comme une doctrine qu'il n'est pas permis d'admettre et en­core moins de propager ?"

Et à cette question, les neuf théologiens d'ac­cord ont répondu : NON.

Il nous semble que la question est maintenant réglée.

Cela ne veut pas dire — et le rapport de la commission l'a bien souligné — que les théologiens se soient déclarés en faveur du Crédit Social. Pas du tout. Ils ont simplement tranché la question de savoir s'il y avait du communisme dans le Crédit Social. Et c'est sous cet aspect que la question demeure tranchée en autant que l'on peut faire confiance à leur science théologique et morale.

C'est le point qui nous occupe ici. Nous ne pouvons plus avoir que du mépris pour ceux qui s'obstinent à chercher du communisme dans le Crédit Social.

Il est vrai que le banquier-économiste, Beaudry‑Leman a essayé de tourner en ridicule la déclara­tion des théologiens ; mais à son tour, il s'est fait rabrouer de belle façon, non seulement par Vers Demain, mais aussi par le docteur Philippe Hamel, qui ne s'est pourtant jamais déclaré créditiste. Dans sa conférence du 11 février 1940, sous le titre "Notre société croule sous le poids de l'usure", le docteur Hamel servit au banquier un biscuit qu'il n'avait pas volé.

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"Si faible ou si empêchée que soit une voix, pour peu qu'elle ait le bonheur de rencontrer quelque rayon de la vérité, nous croyons que c'est elle qui est la plus forte et qui finit par dominer tous les bruits qu'on fait autour d'elle pour la couvrir du pour l'annuler." (Charles Journet.)

Louis Even

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