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Pour les sourds-muets municipaux

le mardi, 15 février 1944. Dans La politique

Ce qui suit est extrait du texte d'une causerie prononcée au poste CKRN, de Rouyn, par M. Réal Caouette, organisateur-en-chef de la campa­gne municipale pour l'Union des Électeurs.

Maintenant que les fumées de la bataille se sont dissipées, nous recommandons ces arguments à la méditation de M. Julien Morrissette, de La Fron­tière, et aux autres orateurs de son acabit, dont le répertoire électoral ne sut dépasser le niveau des insanités et des injures personnelles — à la ma­nière des politiciens de carrière.

Une cause

Oui, c'est bien une cause que nous entendons dé­fendre, même dans le domaine municipal. C'est la cause d'une population de dix mille habitants, qui en ont assez de marcher dans la boue et la poussière afin de respecter un régime d'esclavage financier qu'aucune administration précédente n'a osé attaquer, comme si cela n'était l'affaire de personne.

On pourrait, à la rigueur, pardonner à nos adver­saires d'aujourd'hui leur retranchement derrière la barrière municipale, si au moins ils s'étaient servis de leur privilège d'hommes libres pour montrer le vice monétaire aux gouvernements supérieurs. Mais ja­mais, jamais ils n'ont compris, ou cherché à compren­dre, l'iniquité du système de dettes sous lequel nous vivons ; et jamais, jamais ils n'ont élevé la voix pour le combattre.

L'Union des Électeurs les a pesés, les a jugés, et elle se garde bien de les croire lorsqu'ils viennent pré­tendre qu'un conseil municipal n'est pas un endroit où l'on doive s'élever contre des abus financiers qui empêchent le développement normal des Municipali­tés mêmes.

Où va leur admiration ?

Les journaux locaux, et nos opposants dans cette élection, se scandalisent chaque jour davantage de voir l'Union des Électeurs participer officiellement à la campagne. Pourtant, ces mêmes journaux et ces mêmes personnes ont une admiration franche et sin­cère pour les peuples opprimés qui résistent présente­ment à l'occupation allemande sur le vieux continent.

Ils ne se préoccupent pas de savoir par qui ou com­ment se fait la résistance ; et nul n'a encore tenté de découvrir si tel maire ou tel conseiller d'un village de France n'aurait pas outrepassé ses droits en cherchant à écarter l'envahisseur. On considère, à juste titre, qu'il ne peut y avoir, dans ces pays lointains, de bloc trop solide pour hâter leur délivrance, et que la libé­ration de la France, par exemple, est l'affaire de tous les Français.

Nos adversaires de Rouyn eux-mêmes trouveraient tout naturel qu'une administration municipale de Bretagne ou de Normandie, si elle en avait la liberté, adoptât une résolution dénonçant la présence des Na­zis dans le territoire. Le rédacteur de La Frontière songerait-il à rappeler ces conseils municipaux à leurs simples attributions de percepteurs et administrateurs de taxes locales ?

Et quand il s'agit de chez nous ?

Or, dans notre pays à nous, dans notre province à nous, dans notre ville à nous, la population subit, depuis bien avant la guerre, la présence d'un ennemi aussi cruel et bien plus tenace que les Japonais ou les Allemands.

Cet ennemi, c'est le système d'argent, d'argent ra­re en face de la production abondante. Le profiteur de ce système ostracisant, c'est le banquier et ses sa­tellites. Pour nous, voilà l'envahisseur. Est-ce parce qu'il agit d'une manière hypocrite que ses méfaits sont moins graves ? Allons-nous plus longtemps nous fier à ses airs de bienfaiteurs et nous laisser rouler avec complaisance ? Devons-nous entrer en pourparlers avec lui, et l'attaquer seulement à Québec ou à Otta­wa, pendant qu'il nous frappe dans le dos à Rouyn ?

Non, non. Pas de concessions à la tête de tous les trusts. Nous allons lutter contre le monstre partout où il étend ses tentacules. Il empoisonne notre vie à chacun : combattons-le personnellement. Il empoi­sonne notre vie municipale : combattons-le munici­palement. Il empoisonne notre vie provinciale : com­battons-le provincialement. Il empoisonne notre vie nationale : combattons-le nationalement. Et partout, combattons-le royalement sur tous les terrains et dans tous les domaines, avec toutes les forces dont nous disposons. Guerre totale.

Leurs positions

Si nos adversaires aiment mieux dénoncer l'Union des Électeurs que l'ennemi qui les étreint comme nous, libre à eux. Mais ce faisant, ils prouvent au moins trois choses :

1° Qu'ils ne savent rien de notre système monétaire et n'en souhaitent point la réforme ;

2° Qu'ils acceptent qu'un conseil municipal soit vic­time de ce système et lui refusent le droit de s'en plaindre ;

3° Qu'ils ne comprennent absolument rien au sens de l'Union des Électeurs.

Ces messieurs se dressent en face de l'Union des Électeurs, tout comme des patrons se dressent souvent en face d'une union de leurs employés. Est-ce que la ville de Rouyn leur appartiendrait, par hasard ?...

Un exemple

Veut-on un exemple de ce que le système d'argent fait à une corporation municipale ? La dette de la ville de Rouyn s'élève à $500,000, sans compter les billets dus à la banque et les redevances courantes. Sur cette dette, pendant la seule année 1943, la ville de Rouyn a versé $28,000 en intérêts.

Depuis 1932, en l'espace de onze ans, nous, ci­toyens de Rouyn, nous sommes défaits de $290,000 pour honorer le système qui veut que tout argent vienne au monde en endettant les hommes.

Avec ces $290,000, combien n'aurait-on pas pu faire de pavages, de trottoirs, d'améliorations de tou­tes sortes ? Lorsque l'argent doit faire des petits à ce rythme, il n'est pas étonnant que les individus et les corps publics tirent la langue et mènent une vie en­-dessous de la normale.

Voilà, nous semble-t-il, un désordre inhérent au système, que non seulement les individus, mais aussi les corporations à tous les degrés, même les corpora­tions municipales, par l'intermédiaire de leurs con­seils officiels, devraient dénoncer avec véhémence jus­qu'à ce qu'il soit corrigé.

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