Plan Keynes, Plan Beveridge, Plan Hansen, Plan Marsh...
Toute cette éclosion de plans démontre au moins que l'humanité est lasse d'être inquiète des repas du lendemain devant une abondance écrasante de produits.
Mais, dans toute la série de plans qui reçoivent les honneurs d'un exposé ministériel dans les par- lements, ou d'une recommandation dans les journaux, vous n'en trouverez pas un seul d'inspiration créditiste. Pourquoi donc ?
Pourquoi ? Mais parce que le Crédit Social éliminerait le besoin de demander à des hommes à plans de tracer des plans pour les autres. Avec le Crédit Social, chaque individu est en mesure d'organiser lui-même sa propre vie, de faire pour lui-même ses propres plans comme il l'entend.
Et c'est cette liberté qu'il ne faut pas donner à l'humanité. Que les nations se battent pour la liberté, ça sonne très bien. Mais on se dépêche pendant ce temps-là d'élaborer des plans qui subordonneront la sécurité au sacrifice de la liberté de choix.
Tous les plans conçus à Londres, à Washington, à New-York, ou singés à Ottawa, pivotent sur un objectif d'embauchage intégral et sur une meilleure répartition de la rareté. Et cela dans un monde de production mécanisée et d'abondance inépuisable !
Aucun de ces plans non plus n'égratigne en rien le système d'argent-dette. Aussi aucun d'eux ne place la finance en émoi.
Pourquoi la mettraient-ils en émoi ? Ne sont-ils pas tous des plans de fiscalité, de développement du mécanisme de pompage déjà existant ? Et ne conduisent-ils pas tous l'humanité exactement là où la finance veut elle-même la conduire : à un état où il sera impossible pour quiconque d'exercer la moindre fonction d'homme sans une licence spéciale ? Et les octrois de ces licences seront réservés à une bureaucratie de plus en plus centralisée. Tout ce qui mène à la centralisation est bien vu de la finance internationale, elle-même hautement centralisée.
Ce n'est pas pour rien que le monde fut mis en pénitence pendant dix longues années avant la guerre. Il fallait le préparer à accepter n'importe quoi comme un adoucissement : la guerre elle-même pour sortir de la crise ; une après-guerre d'enrégimentation pour ne pas retourner à la crise ; la perte de la personnalité pour s'assurer une ration minimale.
Nos faiseurs de plans devraient aller s'inspirer auprès des experts de Joseph Staline et d'Adolf Hitler, qui ont de l'expérience dans ce domaine.
La pitié de tout cela, c'est que nos faiseurs de plans ne manquent ni d'applaudissements ni de bénédictions. Si ça pouvait au moins en rester là !