Un colon de Ste-Rose de Poularies nous écrit : "Malgré que je sois un pauvre colon, je tiens à être abonné à votre journal et je renouvelle aujourd'hui même. (Ici, il donne les raisons de sa fidélité au journal en un style sincère, mais si cru que sa reproduction serait contraire à toute stratégie.) "Dès que je le pourrai, j'entrerai dans l'Association Créditiste, et je vais faire tout en mon possible pour aider au mouvement.
"J'ai connu la misère : ouvrir un lot et le bâtir, avec 10 jeunes enfants, dont 3 que j'ai été obligé de retirer de l'école à l'âge de dix ans pour m'aider. Sans cela, on aurait crevé de faim.
"J'ai connu des années où l'on vantait la colonisation, où l'on poussait vers le bois. Mais le colon devait s'aider en travaillant pour des compagnies de pulpe, et son bois plumé se vendait à un prix qui lui donnait à peu près 75 sous pour une journée de travail. Il fallait avec 75 sous par jour nourrir 14 personnes, les habiller, faire de la terre, acheter des animaux et des machines aratoires..."
(Arthur Houle)
N.D.L.R. — Le Parlement va voter l'instruction obligatoire : l'école obligatoire de 7 à 14 ans. Voilà qui va aider les cas comme celui-là !
"On peut faire l'éducation d'un peuple à la pauvreté ; on ne fait pas l'éducation d'un peuple à la misère, surtout quand il a conscience que sa misère est imméritée et qu'elle lui est en plus infligée par une ploutocratie. En pareil cas, ne demandez point à la religion de prêcher une résignation infinie. Et ne nous demandez point en particulier de dire à la jeunesse : le régime qui te condamne à mourir de faim et à ne jamais fonder de foyer est juste, supporte-le sans te plaindre." — (Abbé Lionel Groulx)