Il s'agit des députés de partis, qui ont abdiqué le droit de se servir de leur tête.
Les appeler "vaches" c'est leur faire beaucoup trop d'honneur, s'il faut en croire "Philorum" écrivant dans La Boussole, il y a quelques semaines.
La vache peut dire en toute vérité :
"Il n'est pas un instant de notre vie que nous n'employons pas à créer du lait et de la chair pour vous".
Quel député se donne ainsi à ses électeurs ?
"Vous savez avec quels soins elles (les vaches) arrachent de leurs dents expertes les essences d'herbes qui font du bon lait. Comme le poète choisit entre les mots, elles choisissent entre les herbes pour composer le lait, ce poème liquide du soir et du matin. Une science infuse les éloigne du tabac du diable, du pissenlit qui rendrait le lait amer ou de l'oignon sauvage qui les ferait passer pour juives. Elles rangent d'une corne dédaigneuse le bouton d'or dont vous n'aimez pas la saveur.
"Puis quand tous ces trésors sont recueillis, vous savez avec quel art patient nous ruminons et nous malaxons dans nos estomacs les matières premières de votre santé.
"Et soir et matin, quand notre travail gratuit est terminé, nous vous en abandonnons le fruit avec générosité et placidité.
"Et vous nous traitez de députés !" de s'écrier la vache, s'adressant, paraît-il, à M. Chaloult qui s'était seulement permis de traiter les députés de vaches.
"Et notre chair, continue la vache, que nous donnons au boucher, et notre peau au tanneur, et notre fumier que nous vous offrons pour la gloire et pour des prunes. Les députés qui nous ressemblent sont rares, mon honorable ami."
En effet. Pourtant, ces députés n'ont-ils pas de la vache le geste et la posture ? Peut-être, mais :
"Elles, au moins, si elles marchent à quatre pattes, c'est pour mieux nous servir. Les députés, s'ils marchent à quatre pattes, c'est pour mieux se servir.
"Elles, au moins, si elles tendent la langue, c'est pour lécher tendrement leurs veaux. Eux, s'ils tendent la langue, c'est pour lécher des bottes.
"Elles, garnissent l'assiette au beurre. Eux la prennent."
Cessons donc de déshonorer les vaches et cherchons d'autres termes mieux appropriés pour qualifier les bipèdes acéphales de nos parlements.
