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Nos fonds électoraux

Louis Even le vendredi, 15 septembre 1944. Dans La politique

Les pages 4 et 5 du présent numéro sont un dé­ploiement des sommes affectées à la campagne électorale dans dix de nos onze comtés. Le rapport pour le comté de Chicoutimi est retardé. Nous ne mentionnons pas la part de la direction qui a fait les frais de voyages dispendieux et soldé de gros­ses factures ; d'ailleurs, les fonds à cette fin vien­nent en définitive de la masse du peuple, des abon­nés à Vers Demain.

Nous sommes, croyons-nous, jusqu'ici au moins, le seul groupement politique qui dévoile ainsi au public la source de ses fonds électoraux.

Certains adversaires se plaisent à colporter que la finance du mouvement créditiste dans la province de Québec s'entoure de mystère et que les créditistes sont les victimes d'un petit groupe de profiteurs. Nous aimerions que ces gens-là déci­dent leur propre parti politique à publier le mon­tant et la source des argents qu'il a dépensés dans la dernière campagne électorale.

Nous ne produisons pas cette liste simplement pour faire plaisir aux patriotes, la plupart de con­ditions très modestes, même pauvres, qui ont su faire si bien leur part. C'est aussi pour l'édification de tout le monde.

On remarquera que le comté qui s'est montré le plus généreux, au point de vue financier, est un comté de colons et de mineurs, celui d'Abitibi-Est. Le candidat était lui-même un colon.

À la liste des argents fournis, nous avons joint, dans la mesure où l'on nous en a communiqué les détails, la liste de ceux qui avaient mis gratuite­ment leur auto, un local ou tout leur temps au ser­vice de l'organisation du comté pendant une se­maine ou plus. On juge ce que cela signifie quand on sait le prix offert par les partis politiques pour une journée d'auto ou pour le loyer de locaux à co­mités, et quand on sait aussi que plusieurs de ceux qui ont littéralement donné une semaine ou plus de leur temps sacrifiaient un salaire de $25 à $40 par semaine.

— Et avec tout cela, vous avez perdu l'élection ! vont narguer des adversaires moqueurs, ou même certains créditistes qui, eux, n'ont donné ni un sou ni une minute de leur temps pour aider à la ga­gner.

— Mais oui, nous avons perdu l'élection propre­ment dite. Mais les sacrifices ne peuvent pas être un mauvais placement. Ils ne sont certainement pas perdus.

Comme le remarquait Mlle Gilberte Côté à l'as­semblée publique du 6 septembre à Montréal, on jette en terre une semence, elle germera. Si c'est une bonne semence, elle portera de bons fruits. Mais peut-être pas les fruits qu'on en attendait. Les sacrifices sont une bonne graine, mais peut-être pas une graine à députés. C'est peut-être quel­que chose de bien meilleur que des députés qui en sortira.

Quoi qu'il en soit, ces hommes et ces argents mis au service de la cause pendant la campagne électorale ont fait une propagande à fond dans les comtés intéressés. Tous les coins ont reçu le mes­sage. Une bonne partie de l'organisation faite y demeure en permanence si l'on s'applique à l'en­tretenir et à l'orienter.

Cette organisation a été remarquable. Dans des comtés de 15 à 25 paroisses qui ne comptaient que deux ou trois centres actifs au commencement de la campagne, on avait à la fin une organisation peut-être encore novice, mais tout de même capable d'accomplir des choses concrètes. Ainsi, la lit­térature remise à l'organisateur du comté un jour quelconque de la semaine était distribuée à toutes les familles du comté en moins de quarante-huit heures.

Même si des collaborateurs d'élection cessent leurs activités après le jour du vote, l'entraînement de trois ou quatre semaines a tout de même con­tribué à les dérouiller. Ils n'ont d'ailleurs pas dit leur dernier mot — ni les organisateurs non plus.

Combien de nos créditistes, dans les onze com­tés, ont acquis une expérience qu'ils n'avaient pas avant l'élection !

Tous ces résultats, et d'autres encore, sont déjà un fruit immédiat des sacrifices d'argent et de temps incomplètement enregistrés dans cette édi­tion de Vers Demain.

Jusqu'ici, pas un de ces bienfaiteurs de la cause ne nous a dit ou écrit qu'il regrettait son temps ou son argent. Les élégies viennent de gens qui n'ont souffert ni dans leur portefeuille ni dans leur tran­quillité. C'est un peu la mode, comme c'est la mode, après un échec, de jeter le blâme sur ceux qui participent à la lutte, jamais sur ceux qui res­tent assis et regardent faire.

Au nom des créditistes de Nouvelle-France, mer­ci à tous ceux qui ont mis de leur personne, de leur argent ou de leurs biens au service de la cause — à ceux dont les noms sont enregistrés, comme aux autres dont les noms ne paraissent pas. Il y a des aumônes moins grosses, moins proclamées, mais qui n'en sont pas moins méritoires, qui saignent peut-être davantage ceux qui les font. Nous nous rappelons ici la remarque du Maître auquel rien n'était caché : Cette pauvre veuve a donné plus que tous les autres ensemble, parce qu'eux ont donné de leurs surplus, mais elle a pris sur son né­cessaire.

Louis Even

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